Une enquête menée auprès des Français révèle que 92% d’entre eux estiment qu’une bonne literie est importante pour la santé. Et ils n’ont pas tort : un oreiller, un matelas et un sommier de qualité assurent un repos optimal et diminuent ainsi les risques sanitaires liés à un mauvais sommeil. Toutefois, il existerait un quatrième article qui pourrait venir compléter la panoplie du bon dormeur : le sur-matelas. Mais de quoi s’agit-il exactement ?
"Le plus cher n'est pas forcément de meilleure qualité"
Comme son nom l’indique, un sur-matelas est "un petit matelas qui se met par-dessus le matelas et que l’on immobilise avec un drap housse", explique le Dr Jérôme Lefrançois, médecin généraliste membre de la Société Française de Recherche et de Médecine du Sommeil (SFRMS). Epais de quelques centimètres seulement, il se plie et peut ainsi être transporté facilement. En latex, en mousse, en plumes d’oies ou à mémoire de forme : le sur-matelas s’adapte aux envies et aux besoins de ses utilisateurs, pour un prix variant entre 40 et 250€. En sachant que "le prix le plus élevé n’est pas forcément gage de qualité". Il faut tout simplement l’essayer pour trouver celui qui nous convient le mieux. Mais quelle est au juste son utilité ? Pour le Dr Jérôme Lefrançois, "tant qu’on ne l’a pas testé, on ignore son intérêt". En effet, à première vue, le sur-matelas semble n’être rien d’autre qu’un accessoire. Pourtant, il s’avère particulièrement utile pour gagner du confort : "Quelqu’un qui a un lit trop dur et qui ne peut pas en changer tout de suite peut prendre un sur-matelas pour le rendre plus moelleux", explique Arnaud Grin, ostéopathe. Au contraire, il peut également rendre un matelas légèrement affaissé plus ferme. Et ce confort n’est pas qu’une question de préférence, puisqu’il est également gage de santé.
Si les avis des professionnels de santé divergent sur le fait de choisir un matelas plus ou moins mou, il est certain qu’un matelas trop ferme a des conséquences sur la qualité du sommeil : "Quand on est allongé sur le dos, il faut que les points d’appuis (la tête, entre les omoplates, le sacrum et les talons) soient répartis. Plus le matelas est dur, moins ils le sont." Cette mauvaise répartition des points d’appuis, parce qu’elle gêne la circulation sanguine, va nous pousser à changer davantage de position pendant la nuit. "Le corps n’aime pas avoir des appuis longtemps aux mêmes endroits. Quand on s’appuie longtemps sur une surface dure, il va y avoir localement sur ces points de pression un manque de vascularisation, des tensions vont s’accumuler. On va se retrouver à changer de position très régulièrement au cours de la nuit pour enlever les points d’appuis."
"Un bon sur-matelas donne une sensation de sécurité"
Quant aux maux de dos, ils peuvent être le résultat d’une trop grande rigidité mais également d’une trop grande mollesse : si "le dos n’aime pas quand c’est trop raide", il n’aime pas non plus s’enfoncer dans le matelas puisque cela provoquera, à terme, des déformations. Par ailleurs, lorsque le corps s’enfonce dans le matelas, "cela peut entraîner une gêne respiratoire, explique le Dr Jérôme Lefrançois. Comme on est replié sur soi, le thorax et l’abdomen se retrouvent dans une mauvaise position." Or, un mauvais sommeil ou un sommeil agité a des conséquences néfastes sur la santé, "sur le court, le moyen et le long terme", précise le Dr Jérôme Lefrançois : problèmes de concentration, anxiété, problèmes cardiovasculaires et respiratoires, vieillissement accéléré… Pour Arnaud Grin, la solution est toute trouvée : "Un bon sur-matelas amène du confort en améliorant la répartition des points de pression que le lit ne fait pas bien, prévient les maux de dos et permet ainsi de mieux dormir." Un confort physique mais également moral : "Le sur-matelas permet à notre corps et à notre cerveau de retrouver le côté rassurant du lit douillet de la petite enfance, ajoute le Dr Jérôme Lefrançois. Au-delà du bien-être, il y a une sensation de sécurité réelle et indispensable à la bonne qualité du sommeil."
Un sur-matelas, c'est hygiénique !
sueurs nocturnes. Cette humidité sera alors propice à la prolifération d’acariens et autres moisissures et bactéries. Une étude britannique a d’ailleurs démontré la présence régulière de bactéries fécales sur les matelas, notamment l’E. coli, susceptible d’entraîner des infections urinaires et intestinales…
Autre avantage indéniable du sur-matelas : son côté hygiénique. Pliable et transportable, il peut être facilement casé dans la machine à laver et en ressortir plus propre que jamais, contrairement au matelas. Un fait non négligeable, quand on sait que dormir s’accompagne de transpiration, voire deLe sur-matelas prolongera ainsi la durée de vie du matelas, en évitant un contact direct de ce dernier avec le corps. "Il permet une certaine aération, une circulation d’air qui éliminera les acariens et l’humidité", précise le Dr Jérôme Lefrançois. Outre le lavage, des gestes simples permettent de garder un sur-matelas propre : "Il convient de le secouer, de l’aérer et de le protéger sous un drap. Mettre une alèse entre le sur-matelas et le matelas permettra également de protéger ce dernier."
Mais il ne fait pas de miracles !
Si le sur-matelas possède des avantages notamment au niveau du confort, il est important de souligner qu’il ne remplace en aucun cas un bon matelas. Il peut améliorer les caractéristiques d’un matelas, mais celui-ci doit avoir, de base, une qualité correcte. Pas question donc de sauver un lit complètement usé avec : "Quelqu’un qui a un lit détérioré et qui achète un sur-matelas, c’est rafistoler un pneu qui aurait dû être mis à la poubelle !", affirme Arnaud Grin. "Le sur-matelas ne peut pas venir au secours d’un lit qui est affaissé. Dans ce cas, la personne aura quand même mal au dos. Il est important que le lit maintienne une surface bien plate."
Au final, que le matelas soit vraiment trop ferme ou beaucoup trop mou, la véritable solution, c’est d’en changer !
Un sur-matelas et un bon matelas pour un sommeil optimal
Pas indispensable, pas à bannir non plus… Comment mettre un point au final au débat entourant le sur-matelas ? En acceptant tout simplement l’idée que son utilisation est optimale lorsqu’il est accompagné d’un matelas de qualité. "Un bon matelas associé à un sur-matelas permet d’avoir un vrai confort, ce qui améliore la qualité du sommeil, assure Arnaud Grin. De plus, quand c’est confortable, on a chaud au corps, chose indispensable en hiver ! Ce côté moelleux est non seulement propice à la relaxation des muscles et de l’ensemble du corps, mais il évite également de se retourner toutes les deux secondes." Un argument non négligeable, quand on sait que l’on se retourne en moyenne 40 fois par nuit !
Alors, qu’entend-on par "matelas de qualité" ? Un matelas ni trop mou, ni trop ferme, qui permet de prévenir les troubles du sommeil et les différents maux du corps. En effet, ce dernier n’aime pas les extrêmes. "Le test que vous pouvez faire, explique le Dr Jérôme Lefrançois, c’est vous allonger sur le dos sur un matelas. Si vous arrivez à passer votre main sous votre colonne lombaire, c’est-à-dire entre vos fesses et le milieu de votre dos, c’est que c’est trop ferme."
Un matelas doit donc vous correspondre et être adapté à votre corpulence, sachant que "quelqu’un de lourd devra prendre un matelas assez ferme et quelqu’un de léger un matelas plutôt mou." Et pour les couples qui observent une différence de poids marquée, pensez à accoler deux matelas, pour que chacun ait son indépendance. Cela vous permettra également de choisir le sur-matelas taille 1 personne que vous préférez !
Dr Jérôme Lefrançois, médecin généraliste membre de la Société Française de Recherche et de Médecine du Sommeil (SFRMS). Auteur du livre "Le sommeil : mieux dormir", 2016, Editions Alpen, avec Véronique Deschamps, psychothérapeute spécialisée dans les thérapies cognitives et comportementales (TCC).
Arnaud Grin, ostéopathe.
"Sommeil, chambre et literie". Institut national du sommeil et de la vigilance.
"Mould, neck pain and grubby pillows: How your bedding can ruin your sex life and why your mattress might be making you ill". Daily Mail. 26 octobre 2015.