Le tractus gastro-intestinal est considéré par les scientifiques comme l’une des principales zones de stockage des micro et nanoplastiques dans le corps humain. Partant de ce constat, un consortium de chercheurs - mené par la scientifique du climat Verena Pichler et le chercheur en oncologie Lukas Kenner (Université de Vienne) - a étudié les effets de ces minuscules particules de plastique sur les cellules cancéreuses présentes dans cette partie du corps humain.
Micro et nanoplastiques : de potentiels effets sur les cellules cancéreuses
Leur étude, publiée dans le numéro d’avril 2024 de la revue Chemospheres, montre que les micro et nanoparticules de plastique restent dans les cellules humaines plus longtemps que ce que l’on pensait. Elles sont en effet transmises aux cellules nouvellement formées pendant la division cellulaire. Ainsi, si une cellule est cancéreuse, ces plastiques pourraient favoriser la métastase.
Pour rappel, on appelle microplastiques les particules de moins de 5 mm et nanoplastiques celles de moins de 100 nm. Hors respiration, les micro et nanoplastiques rentrent le plus souvent dans notre organisme par ingestion. On estime que des particules pénètrent dans notre tractus gastro-intestinal toutes les semaines.
Grâce à son analyse, non seulement le consortium de chercheurs a été capable de montrer que ces particules de plastique entrent dans les cellules, mais il a également observé les effets directs de ce phénomène : les plastiques sont entraînés vers les lysosomes, comme n’importe quel “déchet” dans l’organisme (les lysosomes sont des organelles cellulaires appelées “l’estomac de la cellule”, ils dégradent les corps étrangers dans la cellule).
À l’inverse des autres corps étrangers, les micro et nanoplastiques ne se dégradent pas
Ce qu’ont découvert les scientifiques, c’est qu’à l’inverse des autres corps étrangers, les micro et nanoplastiques ne se dégradent pas, cela à cause de leur composition chimique. Pire : ils sont transmis aux cellules nouvellement formées lors du processus de division cellulaire. De ce fait, ils restent plus longtemps dans notre corps que ce que l’on pensait.
Par ailleurs, les auteurs de l’étude publiée dans Chemospheres pensent que ces minuscules particules de plastique pourraient accroître le phénomène de migration de cellules cancéreuses dans des régions du corps autres que celle d’origine, d’où une possible métastase.
“Les micro et nanoplastiques peuvent influencer le comportement des cellules”
Cet effet doit néanmoins être confirmé par d’autres études, estiment la scientifique du climat Verena Pichler et le chercheur en oncologie Lukas Kenner. Les scientifiques se sont particulièrement intéressés au cancer colorectal : avait déjà été observée par le passé une altération des cellules cancéreuses associée à une migration cellulaire, due à une interaction avec des nanoplastiques.
“Notre étude confirme également les résultats récents qui montrent que les micro et nanoplastiques peuvent influencer le comportement des cellules, et possiblement contribuer à la progression des maladies”, a réagi dans un communiqué de presse l’un des auteurs de l’étude, le chercheur en oncologie Lukas Kenner.
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