Toulouse : après dix jours passés sur un brancard, un patient retrouvé mortIstock
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Le personnel soignant est sous le choc après le nouveau drame qui a frappé les urgences psychiatriques du CHU de Purpan, près de Toulouse.

Quelques jours après le viol d’une patiente et l’agression sexuelle d’un autre, un patient s’est suicidé dans la matinée du mercredi 14 février 2024. Il venait de passer dix jours sur un brancard, dans une pièce exigüe de 3m2 faisant office de bureau. Le patient aurait été placé ici, faute de lit disponible dans la structure ou dans un autre établissement, d’après les informations données par les syndicats CGT et Sud Santé.

Le corps de cet homme "a été découvert inanimé à 8h30 et un médecin du service des urgences somatiques, situé à proximité, est immédiatement intervenu afin de tout mettre en œuvre pour le réanimer. Malheureusement, malgré tous les efforts déployés, le patient n’a pu être sauvé", a précisé de son côté, la direction du CHU de Purpan mercredi 14 février au soir, dans un communiqué.

"Une équipe profondément bouleversée"

Les services de police ont été immédiatement prévenus et se sont rendus sur les lieux. Une enquête médico-judiciaire est en cours pour comprendre toutes les circonstances de ce drame, selon les informations du communiqué du CHU de Purpan.

"L'équipe médicale et soignante est profondément bouleversée par le décès de ce patient, hospitalisé depuis plusieurs jours aux urgences et dont le transfert vers une structure d'aval était en cours", a ajouté l’établissement.

"Des collègues viennent tous les jours avec la boule au ventre"

Une cellule de soutien psychologique a été mise en place pour accompagner le personnel soignant et médical présent sur place lors du drame. "Les quatre collèges qui ont découvert ce pauvre patient sont rentrés chez eux. Des collègues viennent tous les jours avec la boule au ventre, ils arrivent et partent en pleurant. Ils se sentent démunis", a témoigné à France bleu Isabelle Prono, du syndicat Sud santé Sociaux, qui s’était rendue sur place.

Une illustration glaçante de la crise des urgences

Comment ce suicide a-t-il pu avoir lieu au sein d’un établissement hospitalier en pleine matinée ? C’est ce que vont devoir déterminer les enquêteurs.

Du côté des syndicats, cet accident est une illustration tragique du manque de moyens dont souffre l’hôpital public et notamment la filière de soins psychiatriques. "Ce n'est pas normal que l'on n'ait pas pu trouver une place d'hospitalisation. Les patients qui nécessitent une hospitalisation en psychiatrie sont en grande souffrance, on les stocke dans des lieux qui ne sont pas prévus pour ça alors qu'on a fermé huit lits qui sont toujours vides !", a fulminé Isabelle Prono, représentante du syndicat Sud Santé Sociaux au CHU de Toulouse, citée par France 3 Occitanie.

Même indignation du côté du SNPI syndicat infirmier, le syndicat national des infirmiers salariés. "Ce drame met en lumière les conditions d'accueil des patients dans la structure puisque la personne était depuis 10 jours, sur un brancard de consultation", a observé le SNPI, dans un post sur le réseau social X.

Des mesures urgentes pour améliorer la prise en charge des patients

Du côté du CHU de Toulouse, on admet que ce suicide est survenu "dans un contexte de tensions sur la filière de soins de psychiatrie sur le territoire".

A la suite de ce drame, des mesures d’urgence ont été prises en concertation avec l'Agence régionale de santé, selon l’établissement. Celui-ci souligne que des actions ont été immédiatement mises en œuvre pour améliorer "la fluidité de la prise en charge des patients relevant de soins psychiatriques".

Ce décès dans les services d’urgences psychiatriques s’ajoute à la terrible liste des cas de personnes mortes seules sur des brancards dans les couloirs des urgences, faute de prise en charge rapide. Rien qu’en décembre 2022, 23 patients seraient décédés sur un brancard, en attendant d’être soignés, avait révélé le syndicat SAMU - Urgences de France.

"Des services d'urgence saturés"

Ce chiffre glaçant serait en réalité largement sous-estimé, de l’avis du syndicat, et qui révèle en toile de fond la crise des urgences. Une situation alarmante dont s’est récemment indignée Samu-Urgences France dans un post sur le réseau social X en janvier 2024. "Rien n’a changé, 2023 s’est achevée dans la difficulté. Des services d’urgences saturés, des fermetures temporaires qui s’accumulent… Nous avons besoin de vraies mesures qui portent l’avenir et nous les attendons."

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