Le chromosome Y, qui détermine le sexe masculin, est en déclin progressif, ce qui suscite une question fascinante et troublante : assisterons-nous à la fin des hommes ? Des recherches récentes menées par Jenny Graves, généticienne australienne spécialisée dans les chromosomes sexuels, révèlent que ce chromosome pourrait disparaître. L’humanité trouvera-t-elle un autre moyen de perpétuer le sexe masculin, ou assisterons-nous à la fin des hommes ?
Un chromosome en déclin
Chez les êtres humains, les femmes possèdent deux chromosomes X, tandis que les hommes ont un X et un chromosome Y. Ce dernier joue un rôle essentiel dans la production des spermatozoïdes et donc dans la reproduction sexuée. Cependant, le chromosome Y a régressé au fil de l’évolution : il y a des millions d’années, il possédait plus de 900 gènes, mais aujourd’hui il n’en compte plus que 45, dont beaucoup n’ont même plus de fonction identifiable. À titre de comparaison, le chromosome X est bien plus robuste, avec ses 900 à 1400 gènes !
Pourquoi ce déclin ?
Le déclin du chromosome Y est lié aux conditions particulières dans lesquelles il se trouve et aux processus biologiques auxquels il est soumis. Chez les hommes, le chromosome Y est principalement présent dans les cellules des testicules, où il joue un rôle clé dans la production de spermatozoïdes. Or, pour fabriquer ces cellules reproductrices, il faut passer par de nombreuses divisions cellulaires, et chaque division est une occasion pour des erreurs génétiques, appelées mutations, de se produire.
La plupart des chromosomes ont un "jumeau" (ou homologue) avec lequel ils échangent des fragments d’ADN lors de la recombinaison. Ce processus leur permet de corriger d’éventuelles erreurs en utilisant l'ADN de leur partenaire comme modèle. Mais le chromosome Y n’a pas de double : il est seul dans les cellules masculines, sans homologue avec lequel échanger. Cela le rend particulièrement vulnérable, car sans ce mécanisme de recombinaison, il ne peut pas bien réparer les mutations accumulées au fil des générations.
Chez certaines mouches des fruits, le chromosome Y a déjà perdu la quasi-totalité de ses gènes.
Cette situation aboutit à une accumulation progressive d’erreurs et de dégradations, entraînant une perte de gènes et un affaiblissement continu du chromosome Y. Un phénomène similaire se produit chez d'autres espèces. Par exemple, chez certaines mouches des fruits, le chromosome Y a déjà perdu la quasi-totalité de ses gènes. Cette dégradation est un processus courant dans le règne animal.
Un futur sans hommes ?
Selon Jenny Graves, bien que le chromosome Y disparaisse lentement, il pourrait encore tenir environ six à sept millions d’années avant de disparaître complètement. Ce long processus nous conduit théoriquement vers un futur sans hommes. Cependant, d’autres adaptations biologiques sont envisageables. Dans le règne animal, certaines espèces de rongeurs, comme les rats-taupes en Europe de l'Est et les rats épineux au Japon, ont évolué sans chromosome Y. Chez eux, les gènes essentiels à la détermination du sexe ont migré vers d’autres chromosomes, ce qui prouve que la nature peut trouver des alternatives !
Bien que ce phénomène soit lointain, la disparition progressive du chromosome Y est suivie de près par la science. Ce changement suscite un intérêt non seulement pour comprendre l’évolution humaine, mais aussi pour imaginer comment l’espèce pourrait s’adapter. La perspective d’un système de détermination du sexe alternatif reste une hypothèse parmi d’autres, et il est encore trop tôt pour prédire l’avenir des hommes. Mais cette évolution potentielle nous invite déjà à réfléchir aux capacités d’adaptation de la biologie humaine et aux futurs possibles de notre espèce.
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