88 ardéchois ont porté plainte vendredi 12 juillet pour "mise en danger de la vie d'autrui", "tromperies aggravées" et "atteinte à l'environnement". En cause ? Le glyphosate, ce désormais très célèbre désherbant, présent dans le Roundup de Monsanto.
Leur plainte intervient après la découverte, dans leurs urines, de traces de l’herbicide. Les 88 ardéchois souhaitent désormais comprendre comment ils ont été contaminés ou comment du glyphosate a pu se retrouver dans leurs urines et, par conséquent, dans leur sang. Leur surprise fut grande à la découverte des résultats d’analyse, notamment parce que certains confient manger des aliments issus de l'agriculture bio.
Les motifs des plaintes ne se limitent pas à déterminer les causes de la contamination. Ils visent aussi à lever le voile sur les conditions d’autorisation de mise sur le marché du glyphosate.
Une longue liste de plaintes
Bien qu’enregistrées par le parquet de Privas, les plaintes des 88 ardéchois vont être transmises au parquet du pôle santé publique du tribunal de grande instance de Paris. Ce pôle a l’habitude de ce genre de cas. En mai 2019, plus d’une centaine de plaintes avaient déjà été enregistrées. À cela s’était ajouté en juin le dépôt de plaintes de près d’une soixantaine de Savoyards.
Là encore, des traces du désherbant avaient été détectées dans leurs urines. Afin d’alerter les Savoyards sur la menace pour la santé humaine que représente, selon eux, le glyphosate, ceux qu’on appelle désormais les "pisseurs de glyphosate", avaient traversé la ville de Chambéry en calèche avant de déposer plainte contre X.
Leurs analyses d’urine s’étaient tenues quelques semaines plus tôt sous la supervision d’un huissier. La totalité des personnes ayant effectué le test avait, dans leurs urines, du glyphosate. D’après le communiqué de ces "pisseurs du glyphosate", le taux de glyphosate détecté (entre 0,35 et 7 nanogrammes par millilitre) est anormalement élevé.
Parmi les demandes des plaignants, on trouve pêle-mêle la condamnation des responsables, un éclairage sur les mécanismes de contamination, la vérification de l’implication des dirigeants de tous les fabricants de pesticides comportant du glyphosate ou encore des informations sur les conséquences de la présence de l'herbicide dans le corps.
Les actions contre le glyphosate, de même que les tests d’urine, se multiplient en France. Et ce n’est pas sans déplaire aux associations et mouvements citoyens qui tentent de faire interdire le désherbant dans l’hexagone (les Amis de la Terre, Nous voulons des Coquelicots...).
À l’heure actuelle, d'après les informations de nos confrères du Parisien, près de 2000 procès contre le glyphosate sont en préparation en France. Aux États-Unis, plus de 11 000 actions en justice sont en cours.
L'effet du glyphosate sur la santé
Les conséquences du glyphosate sur la santé font toujours débat. En 2015, le Centre International de Recherche sur le Cancer (CIRC), agence de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), a classé le glyphosate comme étant "probablement cancérigène" pour l’homme. Mais dans le même temps, l’Autorité européenne de sécurité des aliments (AESA) a conclu qu'il était "improbable que le glyphosate fasse courir aux humains un danger cancérogène". Un an plus tard, l’OMS change sa position déclarant peu probable que ce composé du Roundup soit source de cancer pour l’homme.
"Ardèche : 88 dépôts de plainte contre le glyphosate", France Bleu, 12 juillet 2019
"Privas : 87 plaintes déposées au tribunal par les "pisseurs" positifs au glyphosate", Le Dauphiné Libéré, 12 juillet 2019
"Savoie : 63 «pisseurs de glyphosate» portent plainte", Le Parisien, 19 juin 2019
"J'ai des pesticides dans mes urines“ : à Chambéry, 63 ”pisseurs de glyphosate” portent plainte contre X", France 3 Auvergne, 19 juin 2019