Arthrose de la hanche : les traitements contre la douleur
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Vélo, piscine... il faut bouger !

"Il est important de continuer à faire fonctionner la hanche pour maintenir l'amplitude articulaire, notamment lorsqu'on a tendance à rester naturellement en rotation. Tout ce qui permet l'extension et la flexion de la jambe a du bon" explique le Dr Emmanuel Maheu, rhumatologue. Les sports "en apesanteur" qui n'exercent pas de contrainte sur l'articulation comme la natation ou le vélo sont vivement conseillés.

Mais pas seulement : on peut aussi pratiquer la marche rapide, voire un footing raisonnable si la douleur le permet. Les gyms douces type Feldenkrais, tai-chi, stretching... sont intéressantes aussi.

A éviter en revanche, les sports entraînant de fortes rotations de la hanche, type tennis.

Des médicaments pour soulager la douleur

"Si la douleur empêche de bouger, on cherche d'abord à soulager les douleurs" indique le rhumatologue. Le paracétamol peut être utilisé en premier lieu et lors des poussées plus inflammatoires (qui font mal même la nuit), des anti-inflammatoires, voire des antalgiques de classe II (opioïdes), sur ordonnance.

"Cependant, mieux vaut toujours limiter leur consommation, notamment chez les personnes âgées, en raison des effets secondaires de type gastro-intestinaux et cardio-vasculaires pour les ant-inflammatoires ou des risques de constipation, de chute ou de confusion avec les opioïdes", ajoute le Dr Maheu.

Les infiltrations en cas de poussées

"En cas de grosses poussées inflammatoires, des injections de corticoïdes à effet retard sous guidage radio peuvent être envisagées même si les indications et les résultats sont plus limités que pour l’arthrose du genou", indique le Dr Maheu. Une seule infiltration peut suffire, complétée éventuellement par une deuxième si on ressent un bénéfice mais qu'une douleur subsiste, mais il ne faut pas les multiplier.

"Les résultats sont plus limités pour les injections d'acide hyaluronique, probablement plus utiles au début de la maladie qu'une fois que le cartilage est déjà bien dégradé. Elles ont plutôt une action antalgique à long terme, sur 6 mois à 1 an", explique le rhumatologue.

L'acupuncture contre les douleurs chroniques

Une étude allemande* publiée en 2006 a montré que des séances d'acupuncture (15 réparties sur 3 mois) permettent de réduire les douleurs chroniques et d'améliorer la qualité de vie (raideur, mobilité...) chez des patients souffrant d'arthrose du genou ou de la hanche.

"Il est intéressant de faire 2 à 3 séances, mais il ne faut pas continuer au-delà si on ne ressent aucun bénéfice. Si ça marche, on peut refaire 2/3 séances lorsque les douleurs réapparaissent", conseille le Dr Maheu, précisant qu’il s’agit d’un traitement antalgique, en aucun cas d’un traitement de fond.

*Etude sur l'acupuncture : http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/17075849?dopt=AbstractPlus

La prothèse de hanche si l'arthrose résiste aux traitements

"Le remplacement de l'articulation par une prothèse de hanche est bien indiqué si les douleurs résistent aux traitements médicaux et s'il y a une gêne fonctionnelle au quotidien et un enraidissement de l'articulation. L'indice de Lequesne, qui intègre une dizaine de questions et prend notamment en compte le périmètre de marche, permet d'évaluer si l'arthrose en est au stade opératoire", explique le médecin.

Chez les personnes qui sont en bonne santé par ailleurs, l'hospitalisation dure environ 5 jours et la rééducation peut se faire grâce à des exercices à la maison et avec un kiné en ambulatoire. "Les résultats sont bons, la prothèse permet notamment le plus souvent de reprendre une activité physique normale", constate le Dr Maheu.

Une cure thermale pour gagner en mobilité

En cure, la prise en charge est globale, entre soins à base d'eaux et de boues chaudes et rééducation en piscine avec un kiné. "Les cures thermales montrent des résultats non négligeables en matière de soulagement de la douleur mais aussi de remise en fonction et de gain de mobilité", constate le spécialiste. L'effet bénéfique a d'ailleurs été confirmé pour l'arthrose du genou avec l'étude Thermathrose publiée en 2009, qui montre une diminution de la douleur même 6 ou 9 mois après.

Les cures sur 18 jours sont remboursées lorsqu'elles sont prescrites par un médecin.

Les anti-arthrosiques d'action lente pour contrer l'évolution de la maladie

"Le gros avantage de ces médicaments, c'est qu'ils ne présentent pas d'effets secondaires et peuvent permettre de diminuer la consommation d'antalgiques classiques. Ils agissent sur les symptômes en soulageant la douleur mais peuvent aussi freiner un peu la progression de la maladie sur le long terme", reconnaît le rhumatologue. Pour l'arthrose de la hanche, les molécules dont l'efficacité a été évaluée par des études sont les insaponifiables d'avocat et de soja (commercialisés sous le nom de Piasclédine®), lipides aux vertus anti-inflammatoires et protectrices du cartilage (1, 2).

Mode d'emploi : A prendre tous les jours (dosage à 300 mg) pendant 3 à 4 mois minimum (en raison de leur action lente justement) pour juger de l'efficacité sur les douleurs. Et au long cours, sur 2 à 3 ans minimum, pour espérer un effet sur l'évolution de l'arthrose.

Les autres anti-arthrosiques d’action lente sont la chondroitine sulfate (Chondrosulf 400®, Structum 500®) et la glucosamine sulfate (Osaflexan®). Ils ont aussi montré une capacité à diminuer les symptômes (douleur et gène fonctionnelle) et peut-être à ralentir la dégradation du cartilage (dans l'arthrose du genou) (3, 4, 5).

Tous ces médicaments sont actuellement remboursés à hauteur de 15% par la sécurité Sociale.

1) Maheu E et al. Symptomatic efficacy of avocado/soybean unsaponifiables in the treatment of osteoarthritis of the knee and hip: a prospective, randomized, double-blind, placebo-controlled, multicenter clinical trial with a six-month treatment period and a two-month followup demonstrating a persistent effect. Arthritis Rheum. 1998;41:81-91.

2) Maheu E et al. Randomised, controlled trial of avocado-soybean unsaponifiable (Piascledine) effect on structure modification in hip osteoarthritis: the ERADIAS study. Ann Rheum Dis 2014; 73:376-84.

3) Reginster JY et al. Long-term effects of glucosamine sulphate on osteoarthritis progression: a randomised, placebo-controlled clinical trial. Lancet. 2001:27;357:251-6.

4) Herrero-Beaumont G et al. Glucosamine sulfate in the treatment of knee osteoarthritis symptoms: a randomized, double-blind, placebo-controlled study using acetaminophen as a side comparator. Arthritis Rheum. 2007;56:555-67.

5) Kahan A et al. Long-term effects of chondroitins 4 and 6 sulfate on knee osteoarthritis: the study on osteoarthritis progression prevention, a two-year, randomized, double-blind, placebo-controlled trial. Arthritis Rheum. 2009;60:524-33.

Utiliser une canne pour marcher

Lors des phases douloureuses, s'appuyer sur une canne ou une béquille pour marcher peut permettre de soulager en partie la douleur et d'augmenter la distance de marche. "Il faut s'appuyer du côté opposé à la douleur, par exemple prendre appui sur la canne du côté gauche si l'on a mal à la hanche droite", rappelle le rhumatologue.

Vidéo : L'arthrose

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