Pervers narcissique, hypocrite... 6 profils de personnes toxiques

Les pervers narcissiques

Contrairement aux idées reçues, les personnes atteintes d'un véritable trouble de la personnalité narcissique sont rares. "Il s'agit d'une vraie pathologie. Ces personnes n'ont aucune empathie pour les autres", révèle Camille Rochet. "Elles disent ce qu'elles veulent, quand elles veulent et font en sorte que l'autre s'adapte à leurs propres émotions. Elles recherchent même dans les émotions de l'autre quelque chose qui les valorise."

En réalité, le pervers narcissique est en souffrance permanente. C'est d'ailleurs pour cela qu'il établit avec sa victime une relation d'emprise destructrice . Son objectif étant de combler son propre manque d'estime de soi. "Pour les victimes de pervers narcissiques, l’emprise est telle qu'il n'est plus possible de se défendre ou d’en parler à l'entourage", explique la spécialiste.

C’est par exemple le cas de femmes battues par un conjoint pervers narcissique. "Celles-ci finissent par penser que leur compagnon est quelqu’un de bien et qu’il ne la battra pas avec autant d’ardeur s’il ne les aimait pas !", note Camille Rochet. Mais en réalité, il est impossible de vivre avec quelqu’un qui souffre d’une personnalité narcissique.

Pervers narcissique : comment le reconnaître au travail ?

Dans son ouvrage Pervers narcissiques : comprendre l’emprise pour s’en libérer, Johanna Rozemblum assure de son côté que le monde du travail est un redoutable terrain de jeu pour les pervers narcissiques. "Souvent très bien placé hiérarchiquement, le pervers narcissique au travail a su se faire apprécier auprès de la direction, voire devenir irremplaçable".

La psychologue clinicienne ajoute que "si tout le monde le juge inoffensif, il sait faire régner la terreur, mais toujours de façon quasi-invisible". Concernant les caractéristiques de ces pervers narcissiques, Johanna Rozenblum assure que le pervers narcissique est le plus souvent "séduisant, très bon orateur et leader" au travail. Ainsi, avant de le mettre à jour, les personnes qui travaillent avec lui (ou elle) le trouvent très compétent et disponible.

Pour un manager narcissique, les gens de son équipe se classent en deux catégories :

• ceux qui collaborent avec lui et ne représentent donc aucun danger pour sa fonction, son statut et ses projets
• ceux qui s’autorisent à émettre des doutes, à exprimer un mécontentement et qui doivent par conséquent tout bonnement disparaître de sa vue, et si possible dans la souffrance

Comment se libérer de l'emprise d'un pervers narcissique ?

"La seule solution est de fuir, car le véritable pervers narcissique cherche uniquement à se valoriser à travers le regard de l’autre. Il est dans l’incapacité de penser aux autres", indique auprès de Medisite Camille Rochet. Toutefois, il existe d'autres manières de sortir du piège d'un pervers narcissique :

La prise de conscience

"Reconnaitre son vécu victimaire, c’est se donner une chance de sortir du déni et de l’idéalisation fantasmée du pervers narcissique", indique dans son livre Pervers narcissiques : comprendre l’emprise pour s’en libérer, Johanna Rozemblum, psychologue. "Reconnaitre d’avoir été détruit, c’est s’autoriser à être en colère, à ne plus accepter, à identifier les mécanismes de manipulation pour (re)naitre enfin. C’est enfin poser les limites et comprendre que l’on ne vaut pas moins que l’autre."

Renouez avec vos proches

Sortir de l’isolement est essentiel pour retrouver confiance en soi et prendre de la distance. Il faut expliquer les événements et ne pas hésiter à demander de l’aide. C’est dans ce nouvel équilibre que la personne puisera la force de s’en sortir. "Pour sortir des griffes de la manipulation, il faut ouvrir les yeux en sortant notamment de son isolement", écrit Johanna Rozemblum. "Être entouré, c’est renouer avec ses émotions, c’est recevoir de la douceur et de la bienveillance. C’est une aide précieuse lorsque l’on décide de se séparer."

Cessez de vous justifier

Le pervers narcissique se sent en position de force lorsque l’on se justifie. "À ce jeu, vous serez toujours perdant. Toutes les explications données seront systématiquement des armes retournées contre vous", explique la psychologue dans son livre. "Mieux vaut répondre, comme avec l’effet miroir, en renvoyant directement le sujet comme un boomerang et surtout sans explications. Par exemple, à l’attaque "tu ne comprends rien", préférez répondre "qu’est-ce qui prouve que toi tu comprends quelque chose ?"

Ne montrez plus vos émotions

Les pleurs et les cris nourrissent le pervers narcissique qui obtient alors ce qu’il veut. "Si on pleure, il se renforce. Si on crie, il gagne. Si on fait part de son désarroi, il se consolide", révèle daclans sont ouvrage Johanna Rozemblum. Au contraire, une réaction de calme le déstabilise. "(...) rien ne déstabilisera plus ce type de prédateur qu’une réaction distanciée. Sans prise sur sa cible, il finira par battre en retraite car il n’aura plus rien à vampiriser."

Osez le détester

Ne plus culpabiliser et détester enfin son bourreau permet d’entamer le travail de deuil salutaire. Il faut arrêter de chercher à comprendre le pervers narcissique et de lui trouver des excuses. "Pour oser détester, il faut aussi accepter de ne pas être aimé en retour, et c’est ici que le bât blesse", indique la spécialiste dans son ouvrage. "À chercher l’amour et la reconnaissance à tout prix, on ne s’autorise pas à détester et à poser les limites de l’acceptable. La colère, la détestation, le refus font partie du processus de deuil."

Eloignez vous

Sortir sans lui, revoir du monde, reprendre une activité, couper son téléphone, ne pas répondre aux messages vous permettra de comprendre à quel point le comportement du pervers narcissique a été intrusif. "(Re)créer l’espace, c’est apprendre à vivre sans leader toxique", révèle Johanna Rozemblum dans son livre. "Réaliser les choses nécessite souvent de prendre de la distance, d’avoir de l’air, de l’espace pour réfléchir. C’est une étape primordiale à la conscientisation de la mise sous emprise."

Cherchez une aide auprès d’un psychothérapeute

Evidémment, on sort rarement indemne de ce genre de relation. Donc n'hésitez pas à consulter un psychothérapeute pour vous aider à vous reconstruire.

Les égocentriques

L'égocentrique est une personne qui ramène tout à elle. Ses propos, ses pensées et ses actions ont plus de valeur à ses yeux que ce que font les autres ! Nous pouvons tous avoir des comportements égocentriques de temps en temps, mais chez certaines personnes, l'égocentrisme devient permanent et donc, insupportable pour l'autre !

"Les adultes égocentriques ont souvent été des enfants-rois", signale Camille Rochet. "Petits, ils avaient le droit de dire ou de faire ce qu’ils voulaient et ils étaient très gâtés. Leurs parents ont parfois sacrifié leur relation de couple pour eux", assure-t-elle. Les personnes égocentriques sont nombreuses et peuvent facilement être repérées dans la vie personnelle, mais aussi professionnelle. "En entreprise par exemple, les personnes égocentriques ne pensent qu’à elles. Persuadées qu’elles bénéficient de compétences extraordinaires, elles exigent le poste idéal : très bien payé, sans trop de contraintes, avec des horaires qui les arrangent !", note la psychologue.

Les personnes égocentriques ne veulent pas blesser les autres, mais leurs besoins doivent être satisfaits coûte que coûte ! "Vivre en couple avec une personne égocentrique est possible, mais il ne faut pas être fragile et ne pas avoir beaucoup d’attentes vis-à-vis des autres", reconnaît Camille Rochet. "En effet, quelqu’un d’égocentrique aura du mal à faire des compromis pour satisfaire l’autre. Toute relation avec une telle personne risque donc d’être superficielle."

Les hypocrites

Les personnes hypocrites cachent leurs sentiments et/ou leur intention véritable. Ainsi, elles se montrent sous leur meilleur jour lorsqu'elles communiquent avec leur interlocuteur. Or le fait de dissimuler sa personnalité, ses attentes ou ses opinions équivaut à tromper l'autre. "Dans mon cabinet, je vois souvent des personnes dont le caractère est teinté d'hypocrisie. Elles mentent régulièrement, cela fait partie de leur mode de fonctionnement", indique Camille Rochet. "Elles ne supportent pas le conflit et ont peur de décevoir les autres."

L'hypocrisie peut trouver sa genèse dans l'enfance. En effet, dans certaines familles, la communication n'est pas très développée et les apparences sont soignées. "Dans ce genre de familles, on se parle très peu et on ne montre pas les problèmes, même les plus graves. En apparence, tout va bien et on fait semblant d'être en accord avec les autres membres de la famille pour ne pas créer d'histoires", explique la psychologue. "Les personnes hypocrites ne manquent pas d'empathie, mais elles ne sont pas sincères."

En réalité, l'hypocrisie est une forme de manipulation. "Vivre avec une personne hypocrite n'est pas viable, car la confiance est la base d'une relation amoureuse", confie Camille Rochet. "Avoir un ami hypocrite est bien sûr possible, mais cela n'est pas agréable de savoir qu'il s'agit d'une personne qui ne montre pas sa véritable personnalité et qui nous ment plus ou moins régulièrement !"

Comment éviter de tomber dans le piège de l’hypocrite ?

Reconnaitre une personne hypocrite peut paraitre compliqué, car il faut être un fin psychologue pour décrypter le caractère de quelqu'un. D’autant que l’hypocrite a tendance à dissimuler sa vraie personnalité.

Pour éviter de tomber dans leur piège, il est alors nécessaire de prendre du recul sur une situation lorsqu’elle ne nous paraît pas tout à fait claire. "Il ne faut pas hésiter à faire confiance à son intuition", assure auprès de Medisite Jean-Paul Guedj, expert en communication et management, coach en entreprise et auteur du livre Les 50 règles d’or de la survie en entreprise (éd. Larousse).

"L’enjeu est, avant tout, de rester soi pour ne pas tomber sous l’influence toxique d’un hypocrite." En effet, selon l'expert "quand on a un point de vue, il faut l’assumer et rester campé sur sa position", car face à un hypocrite, la meilleure attitude est donc de rester droit. "Il faut se montrer franc pour tenter de le désarmer."

Car n’oubliez pas, un hypocrite peut avoir un ou plusieurs de traits de caractère. À l’inverse, certaines personnes ne le sont pas forcément et possèdent tout de même certaines de ces caractéristiques.

Les stratèges

Une personne stratège élabore des plans pour arriver à ses fins (épouser une personne riche, fréquenter une personne populaire, accéder à un poste très convoité). Ses faits et gestes ne sont pas gratuits. "Ces personnes-là nous fréquentent uniquement par intérêt. Dans le cadre d’une relation amoureuse, cela est très malhonnête", signale la spécialiste. "Le cas de figure le plus fréquent est celui de la femme ou de l’homme qui se marie pour s’enrichir alors que son conjoint a une situation financière confortable. Ainsi à travers une telle relation, la personne stratège recherche uniquement sa propre sécurité."

Dans le milieu professionnel, les stratèges sont pléthores, car ils recherchent des personnes haut placées, pouvant accélérer leur carrière. "Vivre avec une personne stratège est insupportable, car la relation ne peut être sincère", explique Camille Rochet. "Ce dernier cherchera toujours à profiter de son conjoint. Par ailleurs, l’amitié ne peut évidemment pas être sincère avec une personne stratège. Mieux vaut donc fuir ce genre de profils !"

Les personnes tristes et aigries

Certaines personnes se sentent victimes en toutes circonstances et mettent en échec toute l’aide que leur entourage leur apporte. Elles se sentent brimées, lésées et sont toujours tristes et aigries. "Chez ces dernières, nous observons souvent une dépression latente. En effet, elles ont tendance à se sous-estimer et à penser que tout ce qui leur arrive est mauvais", souligne Camille Rochet. "En réalité, ces personnes-là ont abdiqué devant la vie."

Vivre avec une personne triste en permanence est évidemment très lourd à porter pour le conjoint. Outre le fait qu'il faut être très solide pour pouvoir la soutenir, il faut également pouvoir supporter cette situation sur le long terme. "Le (ou la) partenaire d'une personne triste et/ou aigrie joue souvent le rôle de sauveur", explique la psychologue. "Sur le long terme, cela qui peut devenir épuisant et décevant, car on se rend souvent compte que l'on ne peut malheureusement pas sauver l'autre si ce dernier n'accepte pas d'être sauvé !" Pour les mêmes raisons, une relation amicale avec une personne triste est difficile, voire impossible à entretenir de façon pérenne.