Cette enquête nationale réalisée en mars 2019 auprès de 3377 personnes, représentatives des plus de 18 ans, dresse un état des lieux du deuil en France. Effets, aides et soutiens y afférents ou attitudes non aidantes, contexte intime ou professionnel : le point.
A lire aussi :
Que devient un corps donné à la science ?Les chiffres clés du décès en France et de son impact sur l’expérience du deuil.
L’expérience du deuil a été largement partagée par 88% des personnes interrogées (légère progression depuis l’étude 2016). Si pour tous « tristesse et mort » s’apparentent au deuil, ceux qui l’ont vécu évoquent le manque et la douleur. Les femmes l’abordent sous un angle émotif (peur, colère, abandon,…), les hommes d’un point de vue plus pragmatique (cérémonie, héritage,…).
Enfin, si 50% de Français pensent que le deuil n’a pas de fin (perception amplifiée après 3 ans), 75% estiment qu’il ne se limite pas à la période comprise entre le décès et les obsèques. Le lien familial, l’avancée en âge déterminent le durée et le degré de souffrance des individus perdant un être cher, majoritairement des suites d’une maladie (57% dont 44% de cancers).
Les Effets du deuil
L’épuisement physique (surtout féminin) à 59%, plus prononcé, en cas de lien étroit avec le défunt, et plus ou moins long (plus de 6 mois pour 57% subissant la perte d'un conjoint) est le premier effet constaté. Il peut être également provoqué par des addictions: tabac (64%), alcool (49%, majorité d’hommes), nourriture (29%, majorité de femmes). Psychologiquement, les angoisses affectent 51% des Français dont une majorité de jeunes (18-24 ans)
L’isolement fragilise 39% des personnes endeuillées dont une majorité de jeunes de 18 à 34 ans.
Déménagements (37% liés à la perte de conjoints), perte/changement/arrêt de travail, baisse de revenus restent minoritaires. Si 76% des endeuillés ont eu recours au travail pour surmonter l’épreuve, 39% ont connu perturbations ou gênes professionnels.
Près de la moitié (49%) remet en cause ses valeurs mais rarement ses convictions religieuses (18%)
La pertinence d’un soutien bénéfique
Famille, amis, entourage direct contribuent majoritairement (92%) à apporter une aide bénéfique après un décès marquant, suivis des collègues de travail (32%). Alors que le soutien des associations ou groupes de proximité n’est pas fréquent (22%), celui des services publics demeure bénéfique pour 35% d’entre eux.
Pour leur écoute (59%), leurs conseils (55%) et leur accompagnement expert (18%), les pompes funèbres sont les premiers professionnels à jouer un rôle bénéfique de soutien. Les Français ne sollicitent ni médecin (77%), ni psychologue/psychiatre (84%) pour surmonter leur deuil.
En revanche, les clichés verbaux (« la vie continue »,…) ne sont d’aucun réconfort pour 43% des personnes endeuillées au même titre que les attitudes non aidantes: incompréhension et gêne manifeste (29%).
La perception et les conséquences d’une personne endeuillée sur le lieu de travail.
C’est un fait, 43% des Français ne savent pas si un collègue a été affecté par un deuil et ne pâtissent pas de l’état d’une personne endeuillée (hormis 21% d’indépendants qui reconnaissent une surcharge de travail et 25 % d’ouvriers constatant une baisse de cadence). Au fait de la situation, ils sont une majorité, principalement d’employés( 33%), à estimer aider leur collègue ou collaborateur par leur soutien.