- 1 - Incontinence d'effort ou d'urgenterie ?
- 2 - Hypertension, diabète : attention à la prise de diurétiques
- 3 - Allergie, rhume des foins : des fuites à cause des antihistaminiques
- 4 - Douleur : des médicaments à l'origine de rétentions indolores
- 5 - Dépression, anxiété : des traitements responsables d'incontinence
- 6 - La prise de plusieurs médicaments favorisent l'incontinence
Incontinence d'effort ou d'urgenterie ?
Lorsqu'une personne ne peut contrôler son aptitude à uriner et qu'il y a perte involontaire d'urine, on dit qu'elle souffre d'incontinence urinaire. Il existe deux grands types d'incontinence : celle dite d'effort, et l'incontinence par urgenterie.
- L'incontinence d'effort : quand la personne fait un effort, tousse, éternue… elle émet involontairement un petit jet d’urine. L'incontinence d'effort peut être provoquée par un dysfonctionnement du sphincter du col de la vessie, ou une faiblesse des muscles périnéaux. La perte d'urine n'est pas précédée par le besoin urgent d'uriner, mais est consécutive à un effort même modeste comme un éternuement.
- L'incontinence d'urgenturie est un besoin d’uriner anormal qui est à la fois pressant sans avertissement et qui survient alors que la vessie n’est pas très pleine.
Hypertension, diabète : attention à la prise de diurétiques
Les médicaments diurétiques sont utilisés pour traiter une hypertension artérielle, une insuffisance cardiaque, un diabète.
Pourquoi : "La prise de diurétiques favorise l'élimination de l'eau et de sel par les reins, entraînant une augmentation de la quantité d’urines produite sur une durée déterminée. Si le patient a déjà des problèmes d'urgence mictionnelle, la prise de ces traitements ne fait qu'accroître une incontinence déjà présente, surtout s'il a des difficultés à se déplacer", explique le Pr Karsenty.
Pensez-y : limitez la consommation de certaines boissons qui ont un effet diurétique comme l'alcool et le café.
Que faire : adapter avec votre médecin les heures de prise des diurétiques pour éviter que leur effet se fasse sentir la nuit (levers nocturnes pour uriner fatigant et dangereux avec un risque de chute accru).
Allergie, rhume des foins : des fuites à cause des antihistaminiques
Les médicaments dits "antihistaminiques" sont utilisés pour traiter les allergies, du rhume des foins à l'allergie de contact.
Pourquoi : "Ces traitements ont un effet anticholinergique*, pouvant perturber les personnes qui ont déjà des problèmes de rétention urinaire, des incontinences par regorgement. La personne ne se rend pas compte de son envie d'uriner, laissant la vessie se remplir. Les fuites arrivent par un effet de trop plein. Ce sont tout de même des effets secondaires assez rares dans le cas des antihistaminiques" explique le Pr Karsenty.
Que faire : consulter votre médecin pour envisager éventuellement une substitution de traitement, voire arrêter le médicament si cela est possible.
* un anticholinergique est une substance qui s'oppose à l'action de l'acétylcholine, une molécule jouant un rôle de médiateur chimique entre deux neurones. L'acétylcholine est un acteur de l'apprentissage, de la mémoire et de l'activité musculaire.
Douleur : des médicaments à l'origine de rétentions indolores
Lesquels : les médicaments à base de morphine. Ils sont utilisés pour soulager la douleur.
Pourquoi : "Les morphiniques provoquent des rétentions indolores. La vessie trop pleine entraîne des fuites par regorgement" explique le Pr Karsenty.
Que faire : consulter votre médecin pour envisager éventuellement une substitution de traitement, voire arrêter le médicament si cela est possible.
Dépression, anxiété : des traitements responsables d'incontinence
Lesquels : les antidépresseurs tricycliques (imipramine), prescrits en cas de dépression, troubles paniques.... et les benzodiazépines, utilisées en traitement complémentaire de troubles anxieux.
Pourquoi : "Ces traitements inhibent le tonus musculaire du sphincters strié*, aggravant une incontinence d'effort déjà présente. Ils ont aussi des effets centraux sur les centres de commande et de régulation du cycle mictionnel, pouvant altérer la capacité à maîtriser le besoin et aboutissant à une incontinence mixte à la fois d’effort et par urgence" explique le Pr Karsenty.
Au contraire : les inhibiteurs de la recapture de la sérotonine (ISRS) ont des effets bénéfiques sur l'incontinence d'effort.
Que faire : consulter votre médecin pour envisager éventuellement une substitution de traitement, voire arrêter le médicament si cela est possible.
* il s'agit d’un muscle qui entoure l’urètre. Il permet lorsqu’il est tonique et capable de se contracter, de fermer l’uretre et d’être continent en particulier lors des efforts.
La prise de plusieurs médicaments favorisent l'incontinence
Aujourd'hui, les médicaments qui soignent l'incontinence urinaire sont de plus en plus nombreux. Cependant "certains traitements utilisés pour des problèmes très éloignés de l’urologie peuvent provoquer ou aggraver*, surtout chez les personnes âgées, des incontinences. C'est la polymédication qui pose le plus de problème. L'accumulation de certains traitements peut par exemple entraîner un fort effet anticholinergique**, pouvant provoquer une rétention d'urine, et des fuites urinaires par un effet de vessie trop pleine" explique le Pr Karsenty.
* parce que déjà présentes à un degré moindre
** un anticholinergique est une substance qui s'oppose à l'action de l'acétylcholine, une molécule jouant un rôle de médiateur chimique entre deux neurones. L'acétylcholine est un acteur de l'apprentissage, de la mémoire et de l'activité musculaire.
Remerciements au Pr Gilles Karsenty, chirurgien-urologue à l'hôpital de la Conception à Marseille.
Remerciements à l'Association Française d'Urologie (AFU)
Vidéo : L'incontinence urinaire
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