
- 1 - Quels facteurs augmentent le risque de maladie cardiovasculaire ?
- 2 - Problèmes cardiaques et cardiovasculaires : quels sont les troubles gynécologiques fréquents identifiés par les chercheurs ?
- 3 - Les données de plus de trois millions de femmes passées au crible : des risques cardiovasculaires augmentés de 30 à 40 %
- 4 - Troubles gynécologiques et santé vasculaire : vers une meilleure prévention et prise en charge ?
Règles douloureuses, fibromes, endométriose… les femmes ont leurs lots de problèmes gynécologiques au cours de leur vie. Mais c’est la double peine si ces troubles gynécologiques courants augmentent parallèlement le risque de souffrir de maladies cardiovasculaires. “Chaque année, près de 400 000 femmes sont hospitalisées à la suite d’une maladie cardiovasculaire, dont 33 % avant 65 ans, rappelle la Fondation pour la recherche médicale. Près de 75 000 femmes meurent chaque année en France d’une maladie cardiovasculaire. Aujourd’hui, un infarctus sur quatre chez la femme survient avant 65 ans, contre un sur six il y a 20 ans.”
Quels facteurs augmentent le risque de maladie cardiovasculaire ?
Des chiffres en constante augmentation ces dernières années et qui cachent une problématique annexe : les femmes sont moins bien prises en charge (que les hommes) quand il s’agit de maladies cardiovasculaires. La Pr Claire Mounier-Vehier, cardiologue à Lille et co-fondatrice de l’association Agir pour le coeur des femmes avait lancé un cri d’alerte sur Medisite il y a moins d’un an : les femmes ne sont pas suffisamment informées sur leur santé cardiovasculaire.
Quelles sont les principales maladies cardiovasculaires ? Quels sont les symptômes d'un problème cardiaque chez la femme ?
Symptômes distinctifs d'infarctus du myocarde ou d’accidents vasculaires cérébraux (AVC), les principales maladies cardiovasculaires chez la femme, facteurs de risques, hygiène de vie, diagnostic, sont des thématiques développées par les différentes campagnes d’information ces dernières années. Il y a quelques mois, on avait d'ailleurs recensé (a retrouver ici) les principaux signes d'infarctus chez la femme. Il semblerait qu’il faille ajouter les troubles gynécologiques à la liste des facteurs de risques identifiés, d’après cette nouvelle étude.
Problèmes cardiaques et cardiovasculaires : quels sont les troubles gynécologiques fréquents identifiés par les chercheurs ?
“Les troubles gynécologiques non cancéreux à long terme sont courants et comprennent le syndrome des ovaires polykystiques (SOPK), l'endométriose (où un tissu similaire à la muqueuse utérine se développe à l'extérieur de l'utérus), l'adénomyose (où la muqueuse utérine se développe dans la paroi musculaire), les fibromes utérins, la dysménorrhée primaire (crampes menstruelles douloureuses), les douleurs pelviennes chroniques, les règles irrégulières et/ou très abondantes et les saignements utérins anormaux”, expliquent les chercheurs (anglais et suisses pour les auteurs principaux) qui se sont penchés sur les liens entre troubles gynécologiques et santé cardiovasculaire en analysant des centaines de milliers de données disponibles.
Par rapport aux femmes qui n'avaient aucun problème gynécologique, celles qui en avaient au moins un présentaient un risque significativement plus élevé (28 %) de maladies cardiovasculaires et cérébrovasculaires.
Ces troubles gynécologiques - qui affectent largement le quotidien et la santé générale des femmes qui en souffrent - ont déjà été reliés plus spécifiquement aux dysfonctionnements cardio-vasculaires mais n’ont jamais fait l’objet d’une revue systématique, autrement dit d’une synthèse. C’est désormais la cas avec les travaux de ces chercheurs qui viennent d’être publiés, ce 24 février 2025, dans la revue Heart.
Les données de plus de trois millions de femmes passées au crible : des risques cardiovasculaires augmentés de 30 à 40 %
Les scientifiques ont étudié au total 59 études et en ont retenu 28, récoltant les données de plus de 3 200 000 femmes. L’endométriose, le syndrome des ovaires polykystiques, les règles abondantes et les cycles menstruels irréguliers sont les principaux troubles gynécologiques qui se dégagent des données chiffrées et peuvent aujourd’hui être mis en corrélation avec l’augmentation du risque cardiovasculaire. Ainsi, les femmes qui présentaient l’un de ces troubles couraient un risque augmenté de 28 % de souffrir de maladies cardiovasculaires et cérébrovasculaires. “Plus précisément, leur risque de maladie cardiaque ischémique était 41 % plus élevé, tandis que leur risque de maladie cérébrovasculaire seule était 33 % plus élevé”, précisent les auteurs de ces travaux.
Troubles gynécologiques et santé vasculaire : vers une meilleure prévention et prise en charge ?
De nouvelles études devront confirmer ces résultats et surtout comprendre les liens qui existent entre troubles gynécologiques courants et risques cardiovasculaires.
En attendant, les chercheurs appellent à une meilleure information auprès des patientes. “Bien que l’étendue de cette association reste à explorer et que la causalité n’ait pas été établie, les résultats suggèrent qu’il est important de sensibiliser le grand public et les professionnels de la santé à cette association potentielle, indiquent-ils. La connaissance de cette association permettrait aux professionnels de santé de conseiller les patientes sur les changements de comportement et les interventions visant à réduire les risques, afin de potentiellement prévenir ou retarder l’apparition ou réduire la gravité des maladies cardiovasculaires et cérébrovasculaires.”
On pourrait ainsi envisager la mise en place de mesures préventives (sur le mode de vie par exemple) et un meilleur suivi des femmes à risque d'hypertension artérielle, d'insuffisance cardiaque ou de n'importe quelle autre problématique cardiaque si la patiente a expérimenté par ailleurs un trouble gynécologique courant.