Anxiété, nervosité, dépression… Le Covid-19, et plus particulièrement le confinement actuel, peut amplifier les troubles psychologiques. Or, ceux-ci ne doivent pas être pris à la légère : un "simple" épisode dépressif peut parfois mener au suicide. C'est pourquoi Johanna Rozenblum nous livre aujourd'hui des indices pour détecter un proche en situation de mal-être.
Idées suicidaires : qui est concerné ?
Contrairement aux idées reçues, presque tout le monde. Il n'y a pas de p rofil suicidaire "type".
"Chacun peut être confronté au cours de sa vie à un événement difficile à surmonter ou à un traumatisme", rappelle l'experte.
Néanmoins, les études montrent que 50 à 90% des personnes qui se sont suicidées souffraient d’un problème de santé mentale (dépression, anxiété, addictions, schizophrénie, anorexie...).
"Mais l’évènement suicidaire est un phénomène bien plus complexe qui ne repose pas uniquement sur le facteur psychologique, il implique autant les facteurs, sociaux et biologiques. En bref, la présence d'un trouble psychique est un facteur de risque et non un facteur déterminant", souligne Johanna Rozenblum.
Par ailleurs, même si l’idée du suicide peut traverser l’esprit de chacun, tout le monde ne passe pas à l’acte. Toutefois, le simple fait d'avoir des "idées noires" doit alerter. C'est un signal indiquant qu’il est temps de prendre soin de soi en allant chercher de l’aide auprès d'un professionnel de santé (psychiatre, psychologue).
Dépression : certaines personnes peuvent cacher leur mal-être
Autre point important à savoir : "bien que la personne suicidaire soit la plupart du temps en proie à un épisode dépressif, certaines ne présentent pas de signes de dépression. Ce comportement peut servir à cacher une grande tristesse et des pensées noires", met en garde la psychologue.
C'est la raison pour laquelle il peut s'avérer extrêmement difficile de repérer un proche en situation de mal-être. Mais cela ne vous empêche pas de rester à l'écoute de vos amis, voisins, cousins, parents... Surtout en cette période difficile de confinement.
Comment aider une personne suicidaire ?
D'après la psychologue, offrir son écoute et sa présence à une personne vulnérable est la meilleure solution pour réduire le risque de suicide.
Parler est donc la première étape. Pour les personnes isolées n'ayant pas de proches à qui se confier, différents dispositifs d’écoute existent : SOS Amitié, Suicide Écoute, SOS Suicide Phénix, Fil Santé Jeunes, Phare Enfants – Parents, Association Empreintes, Les associations "La porte ouverte".
La seconde étape est d'amener la personne en souffrance à consulter au plus vite "car avec une prise en charge rapide et adaptée, les pensées noires peuvent s'atténuer, voire disparaître", indique l'experte.
En revanche, en cas de risque suicidaire avéré (idées suicidaires, projet/scénario de suicide et/ou accès à des moyens létaux), il faut envisager sérieusement de se rendre aux urgences psychiatriques ou d'appeler le Samu (15) ou le 112.
À noter : le suicide est rarement motivé par une recherche de la mort en soi : il vise d’abord la fin d’une souffrance. C’est pourquoi, le plus souvent, il est susceptible de répondre à une forme de prévention.
Comment faire si l'on se sent démuni face à un proche souffrant ?
"Chaque personne peut aider un proche confronté à la souffrance, mais quand le risque suicidaire est très présent il faut demander de l'aide, recommande Johanna Rozenblum.
Pour rappel, chaque année, près de 10 500 personnes décèdent par suicide (soit près de trois fois plus que par accident de la circulation).
Les messages verbaux directs et indirects
Premier point qui doit vous alerter : les messages directs ("Je n’ai plus le plaisir de vivre", "Je veux en finir avec tout ça"...) mais aussi les phrases indirectes ("Je me sens à bout", "Je n’en peux plus", "J’ai peur de ce que je pourrais faire", "Bientôt tout cela cessera"...). Ces échanges verbaux doivent vous mettre la puce à l'oreille.
"Globalement, la personne exprime des sentiments de désespoir, de perte d'objectif ou le sentiment d'être un fardeau pour les autres", souligne Johanna Rozenblum.
Un changement radical d’attitude
Un changement radical ou progressif au niveau du comportement doit vous alerter.
À noter : une soudaine amélioration de l’humeur peut ne pas vouloir dire que la personne va mieux, mais plutôt qu’elle a planifié son geste et qu’elle se sent "apaisée" d’avoir pris la décision d'en finir.
Un lâcher prise au travail ou à l'école
Un désintérêt soudain d'un proche pour son travail ou de l'école (dans le cas d'un enfant) peut être un indice de détresse/souffrance à prendre au sérieux.
Un isolement social
Un proche qui se "retire" de sa vie sociale sans raison évidente doit alerter. Ce changement de comportement peut manifester son intention d’en finir.
Une consommation excessive d’alcool, de drogues ou de médicaments
Boire beaucoup d'alcool ou consommer en excès des médicaments/drogues n'est jamais anodin et peut mener au décès de la personne.
Une perte de confiance en soi
Le sentiment de dévalorisation est un symptôme courant de la dépression. Attention : cette perte d'estime de soi peut conduire au suicide.
Un sentiment de tristesse, d'anxiété, d'échec...
"D'un point de vue psychologique, les premières manifestations suicidaires sont la perte de plaisir, la tristesse, l'anxiété, l'apathie, le sentiment d’échec et d’inutilité...", rappelle Johanna Rozenblum.
Que faire et à qui s’adresser face à une crise suicidaire ?, Ministère des Solidarités et de la Santé, 24 février 2020.
Reconnaître les signes, AQPS.
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