Covid-19 : les recommandations du nouveau conseil scientifiqueAdobe Stock
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Dans son rapport du 20 octobre, Santé Publique France évoque une stabilisation de l’incidence à l’échelle nationale des cas de Covid-19. Ce même jour, le comité de veille et d'anticipation des risques sanitaires (Covars) a rendu son rapport sur l’épidémie du coronavirus. Le comité, composé de 19 membres (infectiologue, virologue, urgentiste…) créé cet été, a partagé son tout premier avis sur la situation sanitaire, réclamé le 29 septembre dans le cadre d’une saisine des ministères de la santé et de l’enseignement supérieur. Le communiqué de l’organisation, dirigée par l’immunologiste Brigitte Autran, a été rendu public ce lundi 24 octobre. Dedans, les membres font un état des lieux sur la situation sanitaire et partagent certaines recommandations.

Covid-19 : une vague "modérée" et un pic atteint

Dans le rapport, les experts font état d'une vague modérée de contaminations. “Depuis début septembre, avec la rentrée scolaire, nous avons assisté à une augmentation régulière des cas liés aux variants BA.4 et BA.5, mais depuis deux semaines nous avons l'impression que nous avons atteint le pic de cette nouvelle vague”, a expliqué le professeur Fabrice Carrat, épidémiologiste et membre du Covars, en conférence de presse ce lundi.

Il ajoute : "La situation paraît assez stable et va aller vers la décroissance, car le taux de reproduction est aux alentours de 1, signe de l’inversion de la courbe épidémique".

En revanche, Santé Publique France dévoile dans son dernier rapport que si le taux d'incidence est stable, il est "toujours en hausse chez les 70 ans et plus". Le communiqué du Covars précise qu'il y a “un rebond pandémique en France et en Europe qui affecte les sujets âgés et reste pour l'instant d'intensité modérée mais avec une dynamique à surveiller". Ainsi, comme l'explique l'organisme, nous sommes face à des " signaux encourageants doivent être tempérés" en raison d’une "croissance rapide du variant BQ.1.1 sur le territoire national".

Une situation sanitaire sous surveillance à cause du variant BQ.1.1

Fabrice Carrat explique qu’il est "assez difficile de faire des projections à moyen terme car on ne sait pas comment les facteurs saisonniers vont agir sur la dynamique de l’épidémie, le niveau d’immunité dans la population reste insuffisant et il y a le risque de voir émerger un nouveau variant avec un échappement immunitaire". Actuellement, c'est le sous-variant BQ.1.1 qui est surveillé par le conseil. Apparu en France à la mi-septembre, ce variant d’Omicron est en augmentation et représente actuellement 16% des cas de contaminations.

Le Covars recommande également “aux politiques de prévention et de gestion sanitaire du Covid-19 une approche globale ciblant l’ensemble des maladies virales respiratoires saisonnières”. Une sorte de normalisation du Covid-19, qui en ferait une maladie hivernale au même titre que la grippe. Or, il est encore trop tôt pour considérer le Covid comme une maladie saisonnière selon de nombreux experts.

Les deux prochaines semaines devraient être décisives pour voir si une neuvième vague se profilera. D'ici là, pour faire face à "une épidémie encore active et évolutive", le Covars recommande de : "prévenir, dépister, traiter et impliquer".

Prévenir pour éviter les contaminations

La première recommandation du Covars pour éviter une augmentation des cas est de prévenir, et cela passe avant tout par la vaccination. Le groupe d’experts conseille ainsi de "faciliter, amplifier, accélérer la campagne sur tout le territoire national incluant les Outre-Mer". Pour cela, ils ont partagé certaines mesures. Parmi elles, l’organisme demande d’amplifier "rapidement la campagne actuelle afin d’atteindre la cible des 18 millions de personnes éligibles dans les 3 mois".

Pour éviter les risques de double contaminations avec l’arrivée des virus de l’hiver, le Covars demande d’offrir "systématiquement aux personnes éligibles consultant en ville ou à l’hôpital, une vaccination anti COVID-19 et anti-grippe, en ouvrant des centres supplémentaires".

Dans le cadre de la prévention, il est également indispensable de responsabiliser la population. Pour les experts, cela doit être fait en "insistant sur les messages altruistes et par un appel au civisme vis -à-vis des populations à risque".

Se protéger en adoptant des mesures préventives physiques

Pour faire face à la propagation du nouveau sous-variant, les experts insistent aussi sur l’importance que chacun adopte de bonnes pratiques. Parmi elles, le masque, qui est délaissé depuis un moment, est essentiel. "La communication sur le port des masques doit être renforcée, incitative, simple, claire et répétée", détaille le rapport.

Dedans, les professionnels rappellent que "le masque est utile, il sert à se protéger et à protéger les autres". Ces derniers doivent être portés par "toute la population, particulièrement en cas de symptômes", ainsi que "les personnes âgées ou ayant des facteurs de risque qui peuvent utiliser pour cela un masque FFP2 (mis à leur disposition gratuitement)."

Si rien n’est actuellement obligatoire, le rapport recommande de remettre le masque dans les transports, les lieux clos et mal aérés. L’obligation présente dans les structures de soins est quant à elle maintenue.

En plus du masque, la ventilation des locaux est également mise en avant par le rapport. "Le Covars recommande de mettre en place, partout où la situation l’exige, la ventilation des locaux selon les recommandations déjà émises par le CS et le HCSP, et de généraliser rapidement la mise en place de capteurs de CO2 en milieu scolaire notamment".

Dépister pour éviter la propagation du virus

Après la prévention, le dépistage est mis en avant pour éviter la circulation du coronavirus. Pour cela, le Covars insiste sur l’importance de "promouvoir le dépistage et maintenir la promotion des tests antigéniques et autotests. Ainsi qu’un accès simple et facile aux tests PCR pour la surveillance moléculaire des virus circulants qui, seule, permet de suivre en temps réel l’évolution des variants."

En effet, selon le Covars, les tests sont indispensables pour pouvoir suivre l’évolution de la pandémie. Or, depuis quelques temps, leur usage diminue fortement. A titre d’indication, les experts partagent ces chiffres : "lors de la vague Omicron début 2022, plus de 12 millions de tests en une semaine ; il est actuellement de 1.7 million de tests par semaine".

Le Covars appelle également à "passer des messages de prévention et de dépistage", ainsi qu'à "poursuivre et consolider la surveillance des eaux usées".

Traiter le Covid-19

Le Covars appelle à traiter le Covid-19 davantage avec les médicaments anti-viraux existant. "Des traitements anti-viraux sont disponibles et efficaces en France depuis février 2022", explique le rapport. Parmi eux, les experts citent notamment l’usage du Paxlovid qui devrait être renforcé.

En effet, les prescriptions, bien que plus élevées que dans le reste de l’Europe, restent insuffisantes pour les experts. Selon eux, cela est dû à plusieurs facteurs :

  • une information insuffisante des professionnels de santé ;
  • la perception par les soignants et les patients d’une moindre gravité du variant Omicron ;
  • les contre-indications et interactions médicamenteuses ;
  • et une disponibilité insuffisante dans les officines.

"Cette prescription doit être fortement soutenue dans le contexte de baisse d’efficacité des autres thérapeutiques", affirment les spécialistes.

L’organisation appelle également à mener des "recherches cliniques sur les innovations thérapeutiques adaptées aux variants", afin de pouvoir mieux appréhender les futurs variants.

Contre le Covid : impliquer la population

Le comité de surveillance déclare que la dernière chose à faire est d’impliquer la population. "Associer et consulter les instances de la démocratie sanitaire (Conférences Nationale et Régionales de Santé notamment) pour assurer, à moyen et long terme, les politiques de gestion de la Covid-19 sur la durée et sur l'ensemble du territoire national (métropolitain et ultramarin)", conclut le rapport.

Sources

https://www.vie-publique.fr/sites/default/files/rapport/pdf/286890.pdf

https://www.santepubliquefrance.fr/maladies-et-traumatismes/maladies-et-infections-respiratoires/infection-a-coronavirus/documents/bulletin-national/covid-19-point-epidemiologique-du-20-octobre-2022

mots-clés : Covid19
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