Quelques minutes après le discours d'Edouard Philippe à l’Assemblée nationale, les questions fusaient sur les réseaux sociaux. "Les mesures annoncées ne sont valables que dans les départements verts, c’est bien ça ?", interrogeait un internaute. Dans d'autres commentaires, on retrouvait cette même question : "Où se trouve la carte des départements verts et rouges ?". Des questionnements justifiés, tant cette classification risque de perturber nos vies quotidiennes. Voici ce que l'on sait à ce sujet.
Quand saura-t-on si notre département est "vert" ou "rouge" ?
Tout d'abord, les départements seront différenciés en fonction de leur situation sanitaire.
En effet, "la circulation du virus n'est pas uniforme dans le pays. Certaines parties ont été durement touchées. Dans d'autres, le virus est quasiment absent", a justifié Edouard Philippe. "Cette circulation hétérogène créé de fait des différences entre les territoires. Il faut le prendre en considération dans la manière d'organiser le déconfinement." L'objectif étant d'éviter une "seconde vague" de contamination, un "risque à prendre au sérieux" a insisté le Premier ministre.
En termes de délai, la liste des départements classés en vert et en rouge sera dévoilée le 7 mai.
D’ici là, à partir du jeudi 30 avril, le Premier ministre a indiqué que "le directeur général de la Santé présentera tous les soirs la carte avec les résultats, département par département. Cette carte guidera ainsi chaque département dans la préparation du 11 mai en rappelant l'objectif d'un confinement strict pour faire baisser la circulation du virus, mais aussi le besoin de remettre sur pied le système hospitalier et de mettre en place un système de tests et de détection des cas contacts efficace."
Déconfinement : la peur d'une seconde vague
Avant de lister dans notre diaporama les critères sur lesquels se base le classement des régions, rappelons les enjeux de ce plan de déconfinement.
Si le celui-ci n’était pas maîtrisé, le nombre de cas risquerait à nouveau d'exploser, amenant ainsi les hôpitaux à saturation et créant le scénario le plus redouté : une seconde vague de l'épidémie, qui obligerait le pays à potentiellement se reconfiner.
C'est pourquoi, par mesure de précaution et en ayant conscience des difficultés qui nous attendent, Edouard Philippe a annoncé qu'il "rencontrerai dès demain des associations d'élus locaux, les préfets, et jeudi, les partenaires sociaux pour adapter le plan aux réalités de terrain", sans plus de précisions sur ce qui sera ou non autorisé en cas de déconfinement strict.
Une seule certitude, l'allègement des restrictions sera progressif sur l'ensemble du territoire. Les bars, restaurants, cinémas et théâtres resteront fermés. Les festivals, les grandes manifestations sportives au-delà de 5000 personnes ne seront pas non plus autorisés et "il sera à nouveau possible de circuler librement", sauf pour des déplacements de plus de 100 km.
Quant aux plages, que votre département soit "rouge" ou "vert", elles seront inaccessibles jusqu'au 1er juin minimum.
Le nombre quotidien de nouveaux cas
C’est l'indicateur le plus évident : le nombre de personnes nouvellement diagnostiquées chaque jour dans un même département.
Derrière ce chiffre souvent utilisé pour mesurer la progression de l’épidémie au niveau national et mondial, se cache le taux de reproduction du virus, le fameux "R0".
Si un nombre croissant de personnes est contaminé chaque jour, cela signifie que chaque personne infectée contamine à son tour plus d’un individu. Le R0 est alors supérieur à 1 : c’est le schéma que le gouvernement veut à tout prix éviter au moment du déconfinement.
Ainsi, les zones où le virus circule peu actuellement, et si tel est encore le cas d’ici au 7 mai, devraient se retrouver en vert : notamment une large partie de l’ouest de la France. Mais très certainement pas l’Ile-de-France et l’Est.
L’état des capacités hospitalières dans chaque région
Ce deuxième indicateur soulève de nombreuses questions essentielles : y a-t-il suffisamment de lits disponibles dans telle ou telle région ? Et dans les services de réanimation ? Ce critère permettra alors de répondre à ces interrogations et d'analyser les capacités d'accueil des hôpitaux, qui prennent en charge principalement les cas graves.
Par ailleurs, sur ce point, plus encore qu’avec les autres indicateurs, les départements ne sont pas à égalité, y compris à l’intérieur d’une même région.
Début avril, en Auvergne-Rhône-Alpes, par exemple, il y avait seulement 17 patients hospitalisés atteints du Covid en Haute-Loire, contre 1114 dans le Rhône, à 50 kilomètres de là : soit un taux d’occupation des lits en réanimation de respectivement moins 50 % et plus 100 % au sein d’une même région.
Le système local de tests
Le dernier critère pris en compte est sans doute le plus difficile à estimer. Il s'agit du système local de tests et de détection, qui est encore en phase de mise en place.
Edouard Philippe a assuré à ce propos que 700 0000 tests hebdomadaires seront disponibles sur tout le territoire. Le but ? Repérer les nouveaux cas infectés et contrôler l'épidémie en isolant les malades.
Département vert ou rouge : en pratique, qu'est-ce que cela va changer ?
Dans les faits, "le déconfinement (devra) prendre une forme plus stricte dans les territoires en rouge", a prévenu Edouard Philippe.
Mais pour l'instant, on ne sait pas encore ce que cela signifiera, concrètement, sur le terrain.
Deux certitudes en revanche : dans les départements où le virus circule beaucoup, les parcs et jardins municipaux resteront fermés le 11 mai et les collèges ne rouvriront pas le 18 mai.
Plan de déconfinement : "verts" ou "rouges", les départements ne seront pas tous déconfinés de la même manière, France Bleu, mardi 28 avril 2020.
Déconfinement : les départements seront rouges ou verts selon ces trois indicateurs, Huffington Post, 28 avril 2020.
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