Covid-19 : 5 choses que vous ignorez sur les autotestsAdobe Stock
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Ça y est, les autotests sont disponibles dans les pharmacies françaises, à compter de ce lundi 12 avril 2021... Avec un petit mois de retard par rapport à ce qui avait été annoncé initialement.

Cette nouvelle gamme de tests de détection du Sars-CoV-2 permet un auto-dépistage à domicile, sans assistance médicale et sans besoin d'envoyer son échantillon à un laboratoire. Le Royaume-Uni, l’Allemagne et l’Autriche les ont déjà adoptés depuis plusieurs semaines.

Les autotests, en vente dès le 12 avril

Vendredi 12 mars 2021, plusieurs experts s'étaient réunis pour déterminer dans quelles conditions ces autotests allaient être utilisés en France. Invité sur le plateau de BFMTV le dimanche qui a suivi, le directeur général de la Santé Jérôme Salomon avait alors affirmé que l'on pourrait s'en procurer dès la semaine suivante... Il aura finalement fallu attendre un peu moins d'un mois pour les voir arriver dans nos officines.

Il précisait toutefois que "la vraie question" avant leur mise sur le marché, c'était celle de "l'évaluation scientifique" - leur vente étant conditionnée à l'avis de la Haute Autorité de Santé. "On ne peut pas autoriser en France des tests qui donneraient des faux résultats négatifs, donc qui vous induiraient en erreur, ou des faux positifs", avait-il ajouté. "Il faut qu'on ait l'assurance que ces tests soient fiables et surtout que les Français puissent ensuite bénéficier d'une confirmation du test, pour savoir s'ils sont porteurs de la variante et qu'ils soient suivis correctement".

Plus rapides que les tests RT-PCR, les autotests auront pour avantages de désengorger les laboratoires en réduisant les délais pour se faire tester et recevoir ses résultats.

Ils impliquent un prélèvement nasal

Les autotests fonctionnent comme des tests antigéniques classiques, c’est-à-dire via un prélèvement nasal. Celui-ci est toutefois moins invasif, puisque l'écouvillon doit être enfoncé moins profondément dans la narine. L'objet est d'ailleurs un peu plus épais que sur les tests effectués par des professionnels et peut présenter une collerette pour vous aider à ne pas aller trop loin.

Concrètement, il vous faut introduire cet écouvillon dans le vestibule narinaire à une profondeur de 3 à 4 cm, puis effectuer 5 rotations avant de le retirer. Selon le test, le prélèvement de la seconde narine peut être nécessaire, à effectuer avec le même écouvillon. La lecture du résultat peut se faire au bout de 10 à 15 minutes, et ressemble à celui d'un test de grossesse : l'apparition de deux bandes signifie qu'il est positif.

Si tel est le cas, il doit ensuite être confirmé par la réalisation d'un test RT-PCR, afin de déterminer si vous êtes porteur d'un variant et de permettre à l'Assurance maladie de réaliser le traçage des cas contacts. Bien sûr, il convient également de vous isoler.

À qui s'adressent les autotests ?

C’est l’un des grands avantages des autotests effectués à la maison : leur propension à repérer les asymptomatiques. Facile à réaliser de chez soi, avec des résultats rapides, ces tests réalisés massivement permettront à chacun de gérer eux-mêmes leurs risques. C’est en tout cas ce qu’espère l'épidémiologiste Antoine Flahault, de l'Institut de santé globale à Genève, comme il l’explique au JDD.

En effet, selon les estimations des autorités, un tiers des personnes contaminées à la Covid-19 ne présenteraient pas de symptômes. Ils sont alors susceptibles d’infecter leur entourage lorsqu’ils se réunissent avec leurs proches. Les autotests leur permettraient de vérifier s’ils ne représentent pas un risque pour des personnes vulnérables en pouvant être menés de manière autonome et régulière. Ces autotests semblent donc une bonne alternative pour repérer et isoler les cas.

Alors que les autotests sont disponibles sur le marché depuis le 12 avril, la Haute Autorité de Santé recommande leur utilisation chez les personnes asymptomatiques de plus de 15 ans, dans les deux cas de figure suivants :

  • sur indication médicale, dans le cadre d'un dépistage à large échelle (par exemple dans un lycée) ;
  • dans la sphère privée, par exemple juste avant de retrouver des proches - à réaliser le jour-même, de préférence.

La HAS a précisé qu'elle allait réévaluer prochainement l'opportunité d'élargir l'utilisation des autotests aux 10-15 ans. Pour l'instant, ils ne sont pas recommandés pour les moins de 15 ans.

Seul bémol : Cédric Carbonneil se pose la question de la traçabilité de ces autotests. Si les résultats des tests antigéniques que nous pratiquons actuellement en pharmacie sont remontés par les praticiens de santé aux autorités de santé, cela n'est pas le cas des autotests. C'est pourquoi, en cas de résultat positif, il est primordial de le confirmer par un test PCR et de s'isoler.

Autotest : quelle fiabilité ?

Si ces autotests apparaissent comme une aubaine pour identifier les personnes asymptomatiques, il faut toutefois garder en tête que ces derniers ne sont pas aussi fiables que les tests PCR. C’est ce qu’a déterminé une étude menée par l’Autorité de Santé allemande, l’Institut Robert Koch.

Une fiabilité de 50 à 60 % chez les asymptomatiques

L’étude allemande a démontré que les autotests rapides ne possèderaient qu’une sensibilité de 71,7 %. Concrètement, cela signifie qu’une personne infectée sur trois présentera un test négatif tout en étant porteur de la Covid-19. La HAS avait alors déclaré que l’autotest devrait être plus fiable pour pouvoir l’adopter en France.

"Le test utilisé doit présenter une sensibilité clinique supérieure ou égale à 80 % (pour limiter le nombre de faux négatifs) - seuil retenu également par l'Organisation mondiale de la santé", précise en effet la HAS.

Pour l'instant, les autotests autorisés sur le marché français semblent bien répondre à ces critères. Leur fiabilité a été extrapolée à partir des résultats de performance des tests rapides TDR et TROD. Ils auraient une sensibilité clinique de l'ordre de 80 à 95 % chez les patients symptomatiques, et de 50 à 60 % chez les asymptomatiques. Un suivi de leurs performances dans leurs conditions réelles d'utilisation doit néanmoins être effectué, souligne la HAS.

Autotests : où et à quel prix en acheter ?

Depuis ce lundi 12 avril 2021, les autotests sont disponibles en pharmacie. En revanche, il ne sera pas possible de s'en procurer en grande surface ou sur Internet, puisqu'il s'agit d'un produit de santé. Il est important que les pharmaciens, formés à leur utilisation, puisse vous expliquer comment employer ces kits.

Quant à leur prix de vente, il ne peut excéder 6 euros jusqu'au 15 mai, puis 5,2 euros après cette date, pour un test, toutes taxes comprises. Cette limite a été fixée par un décret paru au Journal Officiel le 11 avril dernier.

L'autotest est-il remboursé par l'Assurance maladie ?

En outre, si la HAS est favorable à la prise en charge de ces autotests lorsqu'ils sont utilisés dans le cadre d'actions de dépistages médicaux, à large échelle, ce n'est pas le cas pour leur utilisation dans la sphère privée. Si vous souhaitez effectuer un autotest avant d'aller rendre visite à des proches, sachez donc que le kit acheté en pharmacie ne sera pas remboursé par l'Assurance maladie.

"Le grand public dispose en effet déjà d’une offre de tests PCR et antigéniques facilement accessibles et pris en charge, dans un réseau dense de plus de 12 000 points de tests", rappelle le ministère de la Santé.

Dans certains cas, néanmoins, les autotests pourront être délivrés gratuitement, sur présentation d'un justificatif. C'est le cas pour :

  • les salariés de services à domicile intervenant auprès de personnes âgées ou en situation de handicap (SAAD, SPASAD, SSIAD, SAVS, SAMSAH, SESSAD) ;
  • les salariés de particuliers employeurs intervenant auprès de personnes âgées ou en situation de handicap pour des actes essentiels de la vie ;
  • les accueillants familiaux mentionnés à l'article L. 441-1 du code de l'action sociale ;
  • les familles accompagnant des personnes âgées ou en situation de handicap.
Sources

Avis n° 2021.0015/AC/SEAP du 15 mars 2021 du collège de la HAS relatif à la détection antigénique rapide du virus SARS-CoV-2 sur prélèvement nasal (TDR, TROD et autotest), HAS. 

Covid-19 : quelle place pour les tests antigéniques nasaux dans la stratégie de dépistage ?, HAS, 16 mars 2021. 

Arrêté du 10 avril 2021 modifiant l'arrêté du 10 juillet 2020 prescrivant les mesures d'organisation et de fonctionnement du système de santé nécessaires pour faire face à l'épidémie de covid-19 dans le cadre de l'état d'urgence sanitaire, Légifrance. 

Jérôme Salomon promet que des autotests seront commercialisés "dès cette semaine", BFMTV, 14 mars 2021. 

Covid-19: Les autotests vont arriver en France, la HAS cherche à définir comment, HuffPost, 9 mars 2021

COVID-19 : les tests antigéniques sont performants chez les patients symptomatiques, HAS

Autotests pour dépister le Covid-19 : la France se prépare, 7 mars 2021

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