Ce jour de la semaine où il faut éviter de se faire opérerImage d'illustrationIstock
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Il est possible de choisir son chirurgien, mais pas le jour où il est censé nous opérer. Et ce dernier critère a toute son importance. Dans une étude publiée dans la revue scientifique JAMA Network le 4 mars 2025, des chercheurs nord-américains ont démontré que les interventions chirurgicales réalisées le vendredi présentaient des risques accrus de complications, de réadmissions et de décès.

Pour parvenir à ces résultats, les scientifiques ont analysé les données médicales de près de 430 000 patients ayant subi 25 interventions chirurgicales courantes en Ontario (Canada) entre le 1ᵉʳ janvier 2007 et le 31 décembre 2019. « Nous avons examiné à la fois les procédures urgentes et non urgentes, analysé l’impact spécifique des facteurs liés au médecin (tels que l’âge et l’expérience) et évalué les résultats à court terme (30 jours), à moyen terme (90 jours) et à long terme (un an) », indique, dans le magazine de santé américain Gizmodo, Vatsala Mundra, chercheuse au département d’urologie de l’hôpital méthodiste de Houston (Texas).

Une augmentation de 5 % du risque de complications

Et les résultats sont effarants : une augmentation de 9 % du risque de décès dans les 30 jours suivant l’opération, une hausse de 10 % de la mortalité à 90 jours, un risque de décès supérieur de 12 % sur l’année suivant l’intervention et une augmentation de 5 % du risque de complications et de réhospitalisation de 30 jours à un an.

Plusieurs pistes sont avancées par les chercheurs pour expliquer de tels résultats. La première : le manque de personnel. « Les chirurgies avant le week-end peuvent être plus risquées parce que, bien souvent, les patients opérés le vendredi doivent rester hospitalisés pendant le week-end pour les soins postopératoires, et des études ont montré qu’il y a une diminution significative des médecins, des infirmières et du personnel clinique durant cette période », analyse la scientifique.

Une moindre connaissance des dossiers patients par les équipes de garde, un accès limité aux médecins spécialistes et plus expérimentés, ainsi qu’un accès restreint aux examens diagnostiques et aux analyses durant le week-end peuvent aussi justifier ces résultats.

Moins de soignants expérimentés

De précédentes études ont déjà révélé que la qualité des soins était dégradée durant le week-end. C'est le cas d'une étude japonaise réalisée en 2014 sur plus de 55 millions de personnes. Les chercheurs ont compilé les données de 72 études internationales déjà existantes et publiées sur le sujet. Résultat : l’admission à l’hôpital le week-end est associée à une augmentation de la mortalité de 15 % à 17 %.

Des chercheurs allemands sont même allés plus loin dans leur analyse. Selon une étude de l’Université de médecine de Berlin, certains moments de la journée et même de l’année seraient également plus à risque. Cette analyse, réalisée sur plus de 210 000 patients, montre que les opérations chirurgicales pratiquées dans l’après-midi seraient associées à un risque de mortalité accru de 21 % par rapport à d’autres moments de la journée.

Une organisation des soins à revoir

« Notre étude est cohérente avec la majorité de la littérature publiée, indiquant un risque plus élevé de complications postopératoires chez les patients subissant une intervention chirurgicale avant le week-end », expliquent les auteurs. « Ces résultats soulignent la nécessité d’un examen critique des pratiques actuelles de planification des interventions chirurgicales », souligne la chercheuse Vatsala Mundra.

L'étude, à caractère observationnel, présente cependant des limites. « Nous n'avons pas accès aux données cliniques préopératoires des patients et sommes donc incapables de les stratifier en fonction d’un risque préopératoire immédiat, ce qui peut être un facteur de confusion potentiel », concluent les auteurs.