Coronavirus : pourquoi prendre de l'ibuprofène n'est finalement pas dangereux Adobe Stock

Contrairement à ce qui avait été avancé au début de la pandémie, prendre des médicaments anti-inflammatoires de la famille de l'ibuprofène quand on a le coronavirus n'est pas dangereux. C'est ce que révèle une étude britannique publiée le 7 mai dernier dans la revue médicale The Lancet Rheumatology. "L’utilisation d’anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) n’est pas associée à une augmentation de la mortalité ou de la gravité du Covid-19", assure l'étude, menée sur 72 000 patients. "Nous avons maintenant une preuve claire que les AINS peuvent être utilisés en toute sécurité chez les patients qui ont le Covid-19", a assuré dans un communiqué l’auteur principal de l’étude, le Pr Ewen Harrison, de l'université d’Édimbourg, en Écosse.

Une proportion de décès était similaire

Le chercheur rappelle que "les AINS sont couramment utilisés à travers le monde dans de nombreuses situations, qui vont des douleurs bénignes au traitement de maladies chroniques, telles que l'arthrite et les maladies cardiovasculaires". Il assure que "de nombreuses personnes comptent sur eux pour être capables de mener leurs activités quotidiennes". Pour arriver à cette conclusion de "non-dangerosité" des AINS pour les personnes atteintes du coronavirus, les chercheurs ont étudié plus de 72 000 patients avec une infection à la Covid-19 confirmée ou hautement suspectée. Ils ont tous été admis dans 255 établissements de santé en Angleterre, en Écosse et au Pays de Galles entre janvier et août 2020. Parmi eux, 4 211 avaient pris des AINS (essentiellement de l’ibuprofène) avant leur hospitalisation. Résultat, les personnes qui prenaient des anti-inflammatoires non stéroïdiens avant leur hospitalisation n'étaient pas plus susceptibles d'être admis aux soins intensifs, d'avoir besoin d'une ventilation invasive ou non invasive ou d'avoir besoin d'oxygène. En effet, la proportion de décès était similaire chez les patients qui avaient pris des AINS et chez ceux qui n’en avaient pas pris (30,4% et 31,3%).

Ces médicaments peuvent continuer à être utilisés

Une étude à la portée majeure puisque les anti-inflammatoires sont largement utilisés par le grand public en cas de fièvre avec douleurs. Il s'agit notamment de l'ibuprobène, contenue dans des médicaments tels que le Nurofen ou l'Advil. Selon l'auteur principal de l'étude, cela "devrait rassurer à la fois les cliniciens et les patients sur le fait que ces médicaments peuvent continuer à être utilisés de la même manière qu'avant le début de la pandémie". Cela vient contredire la position du ministre de la Santé en mars 2020. Olivier Véran assurait alors sur Twitter que "la prise d’anti-inflammatoires (ibuprofène, cortisone…) pourrait être un facteur d’aggravation de l’infection". Il conseillait alors de privilégier le paracétamol à l'ibuprofène. L'OMS avait même recommandé aux personnes ayant des symptômes ressemblant au coronavirus de ne pas prendre d'ibuprofène sans prescription médicale.

Sources

Non-steroidal anti-inflammatory drug use and outcomes of COVID-19 in the ISARIC Clinical Characterisation Protocol UK cohort: a matched, prospective cohort study, The Lancet Rheumatology, 7 mai 2021.

https://www.thelancet.com/journals/lanrhe/article/PIIS2665-9913(21)00104-1/fulltext

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