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"La prise d'anti-inflammatoires non-stéroïdiens (ibuprofène, cortisone, ...) ou stéroïdiens (corticoïdes, dérivés de la cortisone) pourrait être un facteur d'aggravation de l’infection. En cas de fièvre, prenez du paracétamol", a tweeté Olivier Véran, ministre de la Santé, le 14 mars dernier - soit au début de l'épidémie de coronavirus en France. L'ibuprofène, les corticoïdes ou encore l'aspirine font partie de cette catégorie de médicaments.

Depuis, le gouvernement n'est pas revenu sur ces déclarations, et continue de déconseiller la prise d'anti-inflammatoires en cas de symptômes de la Covid-19. Pourtant, plusieurs études ont montré, depuis lors, que ces médicaments n’augmentent pas les risques de complications ou de décès en cas d'infection au SARS-CoV-2 - comme nous vous l'expliquons plus en détails dans cet article. Plus encore, l'aspirine pourrait même aider certains patients...

Coronavirus : l'aspirine, un anti-inflammatoire déconseillé en automédication

Souvent utilisée en automédication, l'aspirine est réputée pour soulager les douleurs et faire baisser la fièvre. Doit-elle faire l'objet de prudence ? Est-elle considérée comme un anti-inflammatoire et doit-on s'en méfier en cas de coronavirus ?

L’acide acétylsalicylique, plus connu sous le nom commercial d’aspirine, est la substance active de nombreux médicaments aux propriétés antalgiques, antipyrétiques et anti-inflammatoires. L'aspirine est donc bien un anti-inflammatoire non stéroïdien.

Pour rappel, les anti-inflammatoires non stéroïdiens comprennent l'acide acétylsalicylique (aspirine) mais aussi : Ibuprofène (Advil et ses dérivés, Antarène, Nurofen, Spedifen, Upfen, Spifen…), Acéclofénac, Kétoprofène, Ponstyl, Nifluril, acide tiaprofénique (Flanid,Surgam), Minalfène, Célécoxib, Diclofénac, Voltarène, Lodine, Étoricoxib, Fénoprofène (Nalgésic), Antadis, Cebutid, Méloxicam, Nabumétone, Naproxène, Piroxicam, Arthrocine, Tilcotil…

Au contraire, les anti-inflammatoires stéroïdiens incluent les corticoïdes (Prednisolone, Solupred, Prednisone, Celestene…).

Aspirine : déconseillée en cas de symptômes du coronavirus

C'est un fait. L’aspirine fait partie des anti-inflammatoires non stéroïdiens. La prise de ce médicament est donc déconseillée en cas de symptômes de coronavirus (fièvre, douleurs, courbature, maux de gorge...), en France. L'Organisation mondiale de la santé, en revanche, n'a pas émis de mise en garde quant à son utilisation.

En cas de coronavirus, l'automédication peut vous mettre en danger. D'après le ministère des Solidarités et de la Santé, les anti-inflammatoires comme l'aspirine pourraient être la cause de complications infectieuses. Ils auraient tendance à atténuer l’inflammation en cas d’infection. Vous passerez ainsi à côté des signes de gravité ou pourrez éventuellement retarder votre diagnostic et prise en charge.

Automédication : que faire en cas de douleur ?

Évitez, dans la mesure du possible, de vous automédicamenter, insiste le Directeur général de la Santé. Toutefois, en cas de douleur ou de fièvre mal tolérée, l'utilisation du paracétamol (Doliprane®) est à privilégier en respectant la posologie :

  • Ne pas dépasser la dose de 60 mg/kg/jour ;
  • Ne pas dépasser 3 g par jour, pour les adultes ;
  • Espacer les prises de 6 heures au minimum ;
  • Prendre la dose la plus faible, le moins longtemps possible (3 jours en cas de fièvre, 5 jours en cas de douleur, en l'absence d'ordonnance) ;
  • Attention au risque de surdosage.

Maladie chronique : je suis traité au long cours avec de l’aspirine, que faire ?

Veillez à ne pas mal interpréter les mises en garde contre les anti-inflammatoires, comme l'aspirine. Ces recommandations ne s’appliquent pas à tout le monde. Les personnes souffrant de maladies chroniques ne doivent évidemment pas envisager l’arrêt de leurs traitements.

Antécédents cardiaques : il faut poursuivre le traitement par aspirine

La Fédération Française de Cardiologie adresse une mise en garde à destination des patients ayant des antécédents d'infarctus du myocarde, d'angine de poitrine, d'angioplastie coronaire avec pose d'un stent, de pontage coronaire ou d'AVC, et traités par aspirine à faible dose au long cours.

"Il faut poursuivre votre traitement par aspirine", recommande la Fédération. Sous peine de risquer la récidive de l'infarctus de l'AVC.

"Seules les fortes doses d'aspirine ont un effet anti-inflammatoire et doivent être arrêtées. L'aspirine à la dose de 75 à 300 mg/ jour n'est pas une forte dose.

Maladie chronique : l’arrêt d’un traitement vous met en danger

De manière générale, l’arrêt d’un traitement pour une maladie chronique fait surtout courir le risque d’une rechute, potentiellement encore plus préjudiciable en cas d’infection par le coronavirus. Si vous êtes atteint d'une pathologie chronique, n'arrêtez pas votre traitement, et surtout si vous ne présentez pas de symptômes du coronavirus.

En cas de doute ou de symptômes inhabituels, consultez votre médecin et demandez-lui son avis. Lui seul pourra prendre une décision quant à la poursuite ou à l'arrêt du traitement.

N'arrêtez aucun de vos traitements habituels sans en discuter avec un médecin ou pharmacien au préalable.

Covid-19 : l'aspirine, à l'essai dans le traitement des formes graves

Alors que l'aspirine reste déconseillée en automédication en cas de symptômes du Covid-19, des chercheurs britanniques viennent de lancer un essai clinique utilisant cette molécule, dans le cadre de l'étude Recovery. Leur but : déterminer si l'aspirine peut prévenir les risques de thrombose veineuse, une complication possible de l'infection au coronavirus.

Un peu plus tôt, des scientifiques américains ont déjà montré le potentiel de ce traitement, pour prévenir les formes graves de la maladie. D'après une étude publiée dans Anesthesia & Analgesia, menée par une équipe de l'Université du Maryland auprès de 412 patients testés positifs, l'aspirine serait associée à "une diminution de la ventilation artificielle, de l’admission aux soins intensifs et de la mortalité hospitalière chez les patients hospitalisés atteints par la Covid-19".

Les auteurs des travaux précisent néanmoins "qu’en ce qui concerne les hémorragies majeures ou les thromboses, aucune différence n’a été constatée entre les utilisateurs d’aspirine et les non-utilisateurs d’aspirine". Nous verrons donc si l'essai britannique, mené à plus grande échelle, va confirmer ou infirmer cette hypothèse.

Dans ces deux cas, l'usage de l'aspirine chez les patients atteints de Covid-19 est réalisée en milieu hospitalier, et encadrée par des professionnels de santé. Inutile, donc, de vous jeter sur votre boîte de comprimés effervescents puisque, nous le rappelons, l'automédication n'est toujours pas recommandée.

Sources

Coronavirus (Covid-19) Recommandations, Fédération Française de Cardiologie

Covid19 : soyez vigilants sur les médicaments, covid19-medicaments.com

Société Française de Pharmacologie et de Thérapeutique

Aspirin Use is Associated with Decreased Mechanical Ventilation, ICU Admission, and In-Hospital Mortality in Hospitalized Patients with COVID-19, Anesthesia & Analgesia, 21 octobre 2020. 

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