Coronavirus : la chimioprophylaxie, qu-est-ce que c-est ?

À l'heure où un éventuel vaccin arrivera au mieux en 2021, et où le risque de nouvelles vagues épidémiques est bien réel, la "chimioprophylaxie" suscite un intérêt grandissant. Mais derrière ce nom quasi scientifique se cache un concept simple : la prise d'un médicament pour bloquer l'infection causée par le coronavirus. Le but ? éviter de tomber malade. On vous en dit plus.

La chimioprophylaxie : prévenir l'infection du Covid-19 par les médicaments

Chloroquine, hydroxychloroquine, azithromycine, Kaletra et Ribavirine... De nombreux traitements dits prophylactiques (c'est-à-dire préventifs) sont à l'étude, pour empêcher les personnes ayant été en contact avec le virus de développer la maladie.

Ainsi, la nicotine, fait partie des substances "en vogue" pour lutter contre la tempête de cytokines provoquée par le coronavirus.

D'après une étude menée par l'Institut Pasteur, la nicotine pourrait empêcher le virus de se fixer et de pénétrer dans les cellules. Elle interdirait ainsi sa propagation et constituerait un frein au développement de la maladie, ce qui finalement expliquerait cette sous-représentation des fumeurs parmi les personnes testées positives.

Mais bien que cette découverte soit étonnante, ce n'est pas la seule substance vantée pour ses vertus préventives.

De nombreuses molécules sont étudiées

Les infectiologues étudient l'impact d'un bon nombre de molécules sur l'infection au coronavirus. Par exemple, l'interféron est connu pour doper  le système immunitaire du patient. Il a longtemps été utilisé en France, notamment pour lutter contre l'hépatite C, mais il entraîne de lourds effets secondaires, et ne peut pas être donné à tout le monde. 

Il y a aussi la Ribavirine, qui bloque la réplication de certains virus.

Les chercheurs ont également des médicaments déjà utilisés en trithérapie VIH, comme le Kaletra. Celui-ci associe deux molécules antivirales, Lopinavir et Ritonavir.

Plusieurs essais sont en cours d'expérimentation, en France notamment, et en Chine : on utilise le Kaletra seul, ou bien on l'associe par exemple à l'Interferon. Bien que l'on n'ait pas encore de résultats, cette combinaison a déjà été testée sur le MERS, un autre coronavirus bien connu.

Enfin, l'association Kaletra et Ribavirine semble efficace pour le MERS, d'après le professeur Yasdan Yasdanpanah, chef du service des maladies infectieuses à l'hôpital Bichat, à Paris. Mais en attendant d'avoir plus, les chercheurs testent, re-testent ces molécules, et essayent de tirer des conclusions des effets observés. 

L'avantage non négligeable de ces molécules connues : on ne part pas de zéro, on connait déjà leur toxicité et donc leurs effets indésirables.

Toutefois, toutes ces pistes restent des hypothèses, testées dans le cadre d'essais cliniques. Il faudra attendre encore un peu avant de savoir réellement comment prévenir cette infection. Mais bonne nouvelle : les chercheurs savent déjà comment le virus infecte notre corps. 

Que se passe-t-il dans l'organisme lorsque l'on est infecté ?

Dès son infection par le coronavirus, l’organisme met en place des mécanismes de défense dans le but d’éliminer l’agent pathogène. La fièvre, par exemple, fait partie des premiers symptômes "d'alerte" : l'organisme se défend face à la réaction inflammatoire.

Plus précisément, le virus déclenche la sécrétion de molécules inflammatoires appelées cytokines, responsables de la fièvre. Le mal de tête, la toux, la conjonctivite et la congestion nasale sont eux aussi les signes d’une réaction inflammatoire. 

Ensuite, une anosmie et une agueusie (une perte d’odorat et perte de goût, ndlr) peuvent apparaître au bout du 6e ou 7e jour. 

La chloroquine : traitement miracle ?

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Plébiscitée dès la fin du mois de février par le Dr Raoult, la chloroquine est le premier traitement préventif dont nous allons parler. 

Ce traitement, indiqué dans le traitement et la prévention du paludisme (malaria), est commercialisé notamment sous le nom de Nivaquine. Or, il a récemment montré des signes d'efficacité contre le nouveau coronavirus, selon une étude préliminaire menée en Chine. Toutefois, plusieurs experts appellent à la prudence en l'absence d'études plus poussées et en raison de ses effets indésirables qui peuvent être graves.

Sibeth Ndiaye, porte-parole du gouvernement, a indiqué que les essais cliniques en cours sur ce traitement étaient "prometteurs" et seraient étendus sur un plus grand nombre de patients. "Ils seront réalisés avec une équipe indépendante du Pr Raoult", a-t-elle précisé à l’issue du Conseil des ministres.

La nicotine : des vertus préventives face au virus

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D'après une étude menée par une équipe de la Pitié-Salpêtrière et un neurobiologiste mondialement reconnu, la nicotine aurait des vertus préventives face au coronavirus. Les fumeurs seraient en effet moins touchés que la population générale.

En attendant d'avoir des confirmations, le gouvernement a publié un décret le vendredi 24 avril afin de restreindre la vente de substituts nicotiques.

L'objectif : "éviter une consommation excessive ou un mésusage" des patchs, gommes à mâcher ou pastilles de substitution. 

L'association lopinavir/ritonavir (Kaletra)

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Le Kaletra, est un médicament jusqu'ici utilisé dans le traitement du VIH. Il associe le lopinavir un inhibiteur de protéase (ou antiprotéases) ayant des prorpiétés antivirales et le ritonavir, un antirétroviralet.

Cette association a déjà été essayée contre l'infection à MERS-CoV (essai MIRACLE).

Dans le contexte de la COVID-19, les données issues d'une étude randomisée contre placebo, ayant évalué l'efficacité de cette association (400 mg/100 mg, sans interféron bêta) sur 199 patients ont récemment été publiés, mais aucun bénéfice de ce traitement n'a été constaté.

Cette association sera de nouveau étudiée dans deux bras des études Discovery et Solidarity, avant et sans interféron bêta.

En Corée, une étude en cours compare le Kaletra à l'hydroxychloroquine.

En Chine aussi, un essai a été mis en place dans lequel la nébulisation de Kaletra est associée à des injections d'extraits de chirette verte (Andrographis paniculata), une plante de la pharmacopée traditionnelle chinoise. 

La chlorpromazine

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La chlorpromazine, un antipsychotique utilisé depuis des décennies dans le traitement de la schizophrénie et des troubles bipolaires, est à l'essai pour tester un effet antiviral sur le Covid-19, indiquent les médecins-chercheurs du Groupe hospitalier universitaire (GHU) Paris psychiatrie & neurosciences dans un communiqué publié ce lundi 4 mai.

En effet, "les services de soins en psychiatrie constatent une faible prévalence de formes symptomatiques et sévères du Covid-19 chez les patients atteints de troubles psychiques" pourtant "à risque" (surpoids, troubles cardio-vasculaires).

D’après le GHU Paris psychiatrie & neurosciences, le même phénomène a été relevé dans d’autres hôpitaux de l’Hexagone, en Chine, en Italie et en Espagne.

Au sein de l'hôpital Saint-Anne, situé au sein du GHU, les médecins-chercheurs ont même observé que "19 % du personnel soignant ont contracté le Covid-19", contre "seulement 3 % des patients hospitalisés", indiquent les chercheurs.

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Les immuno-modulateurs : tocilizumab, sarilumab (Kevzara), tofacitnib (Xeljanz)...

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Plusieurs équipes dans le monde s'intéressent à des molécules capables de contrer une sur-réaction du système immunitaire, autrement dit la fameuse "tempête de cytokines" (une poussée inflammatoire brutale à l'origine de la dégradation de l'état de santé des patients sévères et de l'apparition d'un syndrome de détresse respiratoire, ndlr). 

À ce titre, l'APHP a lancé le 3 avril l'essai CORIMUNO-19. Son objectif : déterminer si certaines de ces molécules pourraient éviter aux malades modérés ou sévères de nécessiter une réanimation et, chez des malades en réanimation, d’accélérer leur sortie du service.

En outre, deux médicaments contre la polyarthrite rhumatoïde ont déjà été testés sur 260 patients (sarilumab, tocilizumab). 

L'héparine, un anti-coagulant pour contrer l'orage de cytokines

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L'infection par le coronavirus SARS-CoV-2 entraîne parfois la formation d'un "orage de cytokine".

Cette réaction immunitaire excessive (réaction inflammatoire) favorise la coagulation du sang, donc la formation de caillots sanguins, qui peuvent être responsables d'accidents vasculaires potentiellement mortels - une embolie pulmonaire, par exemple - et mener au décès.

En Italie, plusieurs essais visent à casser ce cercle vicieux "réponse immunitaire-coagulation" avec l'héparine, un anticoagulant.

Ce traitement préventif doit permettre de prévenir le risque de complications chez un malade du Covid-19 (comme l'amputation par exemple).

Le plasma sanguin

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Le plasma issu de personnes guéries de l'infection par le coronavirus pourrait aider certains malades.

Cette technique a déjà été utilisée pendant la grippe espagnole. Pour ce faire, les anticorps d'un ancien malade Covid-19 désormais guéri, sont prélevés puis transfusés à un patient malade pour renforcer son système immunitaire.

À ce titre, un essai clinique appelé "Coviplasm" a démarré lundi 6 avril. Il est mené conjointement par l'APHP (les hôpitaux de Paris), l'Établissement français du sang et l'Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm).

Les résultats de cet essai clinique sur 200 patients sont attendus début mai. 

Sources

Covid-19 et Lopinavir/Ritonavir, INESSS, 9 avril 2020.

Coronavirus : la course au traitement est lancée, France inter, 6 février 2020.

Les essais thérapeutiques en cours contre la COVID-19, Vidal, 27 mars 2020.

mots-clés : prévention, malade
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