Des kilos en trop s’accumulent alors que vous n’avez ni fait d’excès alimentaire, ni diminué votre activité physique ? Cette prise de poids est peut-être le symptôme d’une pathologie plus inquiétante.
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Le top 10 des fromages les moins caloriquesUn trouble de la thyroïde
La prise de poids fait partie des premiers symptômes de l’hypothyroïdie. Ce trouble affecte la thyroïde, une glande située au niveau du cou. Son rôle est de sécréter les hormones dont le métabolisme a besoin. Ces dernières permettent jouent entre-autres un rôle dans la transformation des nutriments en énergie.
Dans le cas de l’hypothyroïdie, la glande ne produit plus assez d’hormones thyroïdiennes.
La maladie peut prendre deux formes :
- hypothyroïdie périphérique : c’est-à-dire qu’elle est provoquée par une maladie de la glande thyroïde ;
- hypothyroïdie centrale : l’hypophyse ne sécrète pas assez de TSH.
L’explication du médecin : "Les personnes qui souffrent d’hypothyroïdie subissent un ralentissement du métabolisme : elles ne brûlent pas assez d’énergie. Leur rendement énergétique augmente alors, ce qui entraîne une prise de poids, mais rarement plus de quatre ou cinq kilogrammes", détaille le docteur Pierre Nys, endocrinologue et nutritionniste.
Outre la prise de poids, d’autres symptômes peuvent vous alerter comme
- une fatigue intense ;
- une somnolence ;
- une frilosité ;
- une baisse d’appétit ;
- une constipation ;
- une chute de la fréquence cardiaque au repos (ou bradycardie) ;
- des troubles du cycle menstruel ;
- une peau pâle et déshydratée ;
- des cheveux secs et cassants.
L’hypothyroïdie est soignée avec un traitement à base d’hormones de substitution. Pour les cas les plus bénins, la production d’hormones thyroïdiennes peut être stimulée par un régime riche en iode. En effet, cet élément est en quelque sorte le carburant de la thyroïde. Une alimentation faisant la part belle aux produits iodés comme le poisson et les crustacés booste l’activité de la glande.
On estime que 3 à 10% des Français souffrent de cette maladie. La prévalence augmente avec l’âge. Par ailleurs, la gent féminine est deux à trois fois plus touchées que les hommes.
Les personnes à risques sont ainsi les femmes de plus de 60 ans. Plus de 60% d’entre elles souffrent en effet d’hypothyroïdie. Les mamans ayant accouché dans l’année peuvent aussi développer ce trouble. Par ailleurs, les personnes ayant des antécédents personnels ou familiaux de maladie de la thyroïde et celles souffrant de maladies auto-immunes (psoriasis, polyarthrite humanoïde…) sont aussi à risque.
Bon à savoir : L’hyperthyroïdie, qui correspond quant à elle à une sécrétion excessive d’hormones thyroïdiennes, peut aussi occasionner une prise de poids. "Ce trouble accroît en effet la faim, ce qui peut entraîner une augmentation de la prise alimentaire et donc une prise de poids", met en garde le médecin. "Mais ce phénomène reste rare, et la prise de poids relativement modeste" ajoute-t-il.
Un syndrome de Cushing
Pourquoi ? "Le syndrome de Cushing (ou hypercorticisme) correspond à une sécrétion excessive de cortisol par les glandes surrénales, situées au-dessus de chaque rein", dévoile le docteur Nys. "Or le cortisol est une hormone anabolisante [qui facilite l’assimilation des nutriments] : elle va donc favoriser la prise de poids."
Bon à savoir : la prise de poids caractéristique du syndrome de Cushing concerne essentiellement le haut du corps. C'est-a-dire le tronc, le visage et le cou.
Un syndrome des ovaires polykystiques
Pourquoi ? Le syndrome des ovaires polykystiques correspond à une production en excès d’androgènes (hormones masculines) par les glandes surrénales. La fabrication des ovules est donc perturbée et, au lieu d’être libérés pendant l’ovulation, ils se transforment en kystes ovariens.
"Ce syndrome est lié à une résistance à l’insuline et entraîne une prise de poids", révèle le docteur Nys.
Les autres symptômes de la pathologie sont l’acné, un trouble du cycle menstruel, une pilosité excessive (hirsutisme) et une pigmentation altérée de la peau (cette couleur de peau anormale est due à la surproduction d’insuline). Le syndrome des ovaires polykystiques peut provoquer une faible ovulation pouvant conduire à l’infécondité. Les signes varient néanmoins considérablement selon les femmes et le degré du trouble hormonal.
Une tumeur extrêmement rare
Pourquoi ? Si une tumeur se forme sur l’axe hypothalamo-hypophysaire (qui relie l’hypothalamus, une région située au cœur du cerveau, à l’hypophyse, une glande située à la base du crâne), elle affectera son fonctionnement. Or cet axe participe notamment à la régulation de la prise de poids.
"Une telle tumeur sera associée à une prise de poids, le plus souvent massive (de l’ordre de 20 ou 30 kg)", décrit le docteur Nys.
À noter : "Ce type d’adénome (type de tumeur bénigne) reste extrêmement rare", rassure enfin le médecin.
Outre les dysfonctionnements qu'ils peuvent provoquer selon leur localisation, les adénomes sont le plus souvent non-cancéreux. Toutefois, il arrive que certains se mettent à grossir et/ou dégénèrent en cancer. Il est donc important de consulter un spécialiste.
Un diabète débutant
Une prise de poids peut survenir au cours des phases préliminaires du diabète de type 2.
Pourquoi ? Avant que le diabète soit réellement déclaré, une insulinorésistance se met en place. Dans ce cas, les cellules sont résistantes aux effets de l’insuline. Le corps a donc besoin de fabriquer cette hormone en plus grande quantité, plus qu’il n’en faudrait normalement pour réguler le taux de sucre dans le sang. Problème : "l’insuline favorise la prise de poids", révèle le docteur Nys. Donc plus le corps en fabrique, plus les kilos s’accumulent.
Par ailleurs, le diabète de type 2 se rencontre surtout chez les personnes qui présentent un surpoids. La prise de kilos peut ainsi facilement passer inaperçue.
Les autres symptômes sont entre autres :
- une soif importante ;
- une envie d'uriner fréquente ;
- une fatigue majeure.
Bon à savoir : "à un stade plus avancé du diabète, le poids est plus stable. Mais attention, certains antidiabétiques comme les sulfamides hypoglycémiants ont tendance à faire grossir", avertit le médecin.
Le stress
Le stress n’est pas - à proprement parler une maladie. Toutefois, le mal du siècle est un vrai fléau pour la santé et la ligne.
Quand vous êtes stressé, vos glandes surrénales synthétisent du cortisol, plus connu sous le nom d’hormone du stress. Ses effets sont néfastes sur l’organisme lorsqu’elle est produite en excès. Elle augmente notamment l’appétit. Les personnes stressées sont ainsi incitées à manger plus, et plus particulièrement des aliments dits de consolation riches en sucres et graisses. Gâteaux, bonbons, chocolats, pâtisseries, charcuteries, fromages… ces gourmandises très grasses ou très sucrées (voire les deux) sont en effet souvent perçues comme des aliments réconforts.
Il s’ensuit alors une prise de poids, plus spécifiquement au niveau de la région abdominale. En contrôlant votre stress, vous pouvez contrôler votre poids.
Si vous êtes angoissé, n’hésitez pas à vous offrir une pause à vous. Oubliez vos obligations et sources d'ennui. Pour cela, tournez-vous vers des activités relaxantes comme la méditation, le yoga, la lecture ou tout simplement votre activité préférée.
La rétention d’eau
Vous vous sentez gonflée, vous avez l’impression que vos chevilles sont lourdes ? Peut-être prenez-vous des médicaments pour l’hypertension artérielle, des corticoïdes qui suppriment l’effet de satiété… ? Autant de raisons qui peuvent expliquer une rétention d’eau, cette infiltration d’eau inconfortable dans les tissus qui affecte généralement les membres inférieurs du corps, les chevilles.
Cette pathologie génère une prise de poids. Elle peut être provoquée par la chaleur, une alimentation riche en sel, une immobilisation prolongée, une mauvaise circulation sanguine, des médicaments ou encore un déséquilibre hormonal (grossesse, ménopause).
Contrairement aux idées reçues, il ne faut pas limiter sa prise de boissons, bien au contraire il faut boire. En revanche, il faut restreindre sa consommation d’aliments riches en sel (le sel de table, mais aussi les produits industriels grands pourvoyeurs de sel) et de ne pas trop limiter sa consommation en aliments riches en protéines (viandes, poissons, œufs…).
Et rassurez-vous, c’est le plus souvent transitoire!
Merci au docteur Pierre Nys, endocrinologue et nutritionniste à Paris.