- 1 - Mammographie de dépistage : un examen indispensable pour détecter tôt la maladie
- 2 - Mammographie de dépistage organisé : une participation encore trop faible
- 3 - Cancer du sein : l’intelligence artificielle, une aide précieuse pour le radiologue
- 4 - Mammographie de dépistage : un travail en "synergie" entre le radiologue et l’IA
- 5 - Mammographie de dépistage : l’IA + un radiologue, mieux que l’IA seule
- 6 - Dépistage du cancer du sein : moins de faux positifs avec l’IA
Après 50 ans, les femmes sont plus exposées au risque de développer un cancer du sein. Cancer le plus fréquent chez les Françaises, le cancer du sein représente la première cause de décès par cancer dans l’Hexagone, avec près de 60 000 nouveaux cas et 12 000 décès par an, selon les données de Santé publique France.
Pour prévenir les risques et détecter le plus tôt la maladie , un dépistage organisé du cancer du sein est proposé gratuitement tous les deux ans, à toutes les femmes âgées de 50 à 74 ans, sans facteur de risque particulier ni symptôme apparent.
Cette invitation au dépistage, reçue par courrier, permet aux femmes concernées de bénéficier d’une mammographie et d’un examen clinique des seins, pratiqués par un médecin radiologue, rappelle l’Institut Gustave Roussy.
Mammographie de dépistage : un examen indispensable pour détecter tôt la maladie
Les examens par mammographies (100 % prises en charge par la Sécurité sociale), réalisés dans le cadre de ce programme organisé à l’échelle nationale, font l’objet d’une double lecture par deux radiologues.
Depuis 30 ans, la mammographie dans le dépistage du cancer du sein a fait les preuves de son efficacité dans la réduction de la mortalité par cancer du sein. En France, le programme de dépistage organisé par mammographie contribue à "détecter tôt une éventuelle anomalie ou un cancer à un stade précoce et d’augmenter ainsi les chances de guérison", souligne Santé publique France.
Mammographie de dépistage organisé : une participation encore trop faible
Mais sur le terrain, la détection efficace de la maladie se heurte à deux freins. D’abord, la participation encore trop faible des Françaises concernées au dépistage organisé : moins d’une femme sur deux a pris part à la mammographie de dépistage organisé du cancer du sein sur la période 2021-2022, ce qui représente un taux de participation de 47,7%, révèlent les derniers chiffres de Santé publique France, parus le 12 juin 2023.
Autre frein possible dans le repérage précoce des cas de cancer du sein : la pénurie de radiologues qui touche la France, à l’image d’autres professionnels de santé.
Cancer du sein : l’intelligence artificielle, une aide précieuse pour le radiologue
Pour pallier ce manque de praticiens sans nuire à l’efficacité du dépistage, une étude suédoise laisse entrevoir une piste intéressante du côté de l’intelligence artificielle.
Dans la revue The Lancet Digital Health, les chercheurs du Karolinska Institutet, en Suède, se font l’écho d’une expérience prometteuse de dépistage par mammographie qu’ils ont réalisée en utilisant l’intelligence artificielle. Leurs travaux, publiés le 8 septembre 2023, ont été menés à l'hôpital Capio St Göran de Stockholm, entre avril 2021 et juin 2022.
Les résultats plaident en faveur de l’IA : ils ont constaté qu’un radiologue assisté par cet outil pouvait détecter plus de cas de cancer du sein dans les mammographies de dépistage, que deux radiologues travaillant main dans la main.
Mammographie de dépistage : un travail en "synergie" entre le radiologue et l’IA
Autrement dit, l’IA pourrait à l’avenir suppléer ces professionnels de santé, et travailler en synergie avec un seul radiologue (au lieu de deux), sans risquer la santé des patientes ou compromettre les résultats de la mammographie de dépistage, assurent les chercheurs suédois.
"L'IA et les humains perçoivent les images de manière légèrement différente, ce qui crée une synergie qui améliore nos chances de détecter le cancer", explique Karin Dembrower, un des auteur sde l’étude, chercheur affilié au département d'oncologie-pathologie du Karolinska Institutet.
Pour évaluer les performances de l’IA seule, de la combinaison IA avec un radiologue, et de l’approche traditionnelle avec deux radiologues, ils ont examiné plus de 55 500 femmes âgées de 40 à 74 ans.
Mammographie de dépistage : l’IA + un radiologue, mieux que l’IA seule
L’approche traditionnelle faisant appel à deux radiologues a permis de détecter 250 cancers. L’ajout de l'IA à deux radiologues a permis de détecter 269 cas de cancer. Enfin, quand le radiologue a été assisté de l'IA, 261 cas de cancer du sein ont été détectés dans la même cohorte.
L'IA seule s’est révélée moins efficace dans le dépistage que les deux radiologues, puisqu’elle n’a détecté que 246 cas. Le recours à cette technologie a également facilité la tache des radiologues. "Par rapport à la norme actuelle de deux radiologues, l'évaluation par un radiologue et l'IA a permis d'augmenter de 4 % la détection du cancer du sein et de réduire de moitié le temps de lecture des images par les radiologues", se félicite Fredrik Strand, chercheur principal de l’étude, radiologue au département d'oncologie-pathologie du Karolinska Institutet.
Dépistage du cancer du sein : moins de faux positifs avec l’IA
Autre avantage constaté avec l’IA par rapport au protocole classique avec deux radiologues : un radiologue associé à l'IA a permis de réduire le nomre de "faux positifs" (une anomalie découverte qui se révèle bénigne, qui n’est pas un cancer).
Pour les chercheurs suédois, le constat est sans appel : "Il est clair pour nous que pour les mammographies de dépistage, un radiologue assisté par l'IA est une meilleure solution que deux radiologues sans IA", insiste Fredrik Strand.
S’il est encore trop tôt pour imaginer remplacer les deux radiologues nécessaires au dépistage par l’IA et un radiologue, les perspectives que laisse planer cette étude sont encourageantes : "L'IA est prête pour une mise en œuvre contrôlée dans la mammographie de dépistage. Toutefois, il faut choisir un système d'IA qui a été correctement testé sur des images provenant du même type d'équipement de mammographie et assurer une surveillance continue après la mise en œuvre clinique, tempèrent les chercheurs suédois. À plus long terme, l'IA pourrait prendre en charge la majorité des évaluations des mammographies de dépistage".
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