La France est la lanterne rouge de l’OCDE en matière de dépistage des cancers colorectaux, loin derrière les autres pays, alors que ce cancer se guérit très bien quand il est détecté à temps et occupe malheureusement toujours la place de deuxième cancer le plus meurtrier en France. “On estime que seules 30 à 34% des personnes éligibles font le test”, déplore le Dr Michel Sala, vice-président du Syndicat National des Médecins Biologistes (SNMB). Face à ce constat, l’assurance maladie (qui a repris la gestion des campagnes de dépistage cette année, auparavant confiées aux régions) a pris le taureau par les cornes et depuis janvier 2024 les test sont disponibles directement en pharmacie (jusque-là seuls les médecins généralistes - quand ils en avaient - et la plate-forme dédiée permettaient d’obtenir un exemplaire) et a ouvert un centre d’appel pour inciter les assurés qui n’ont pas répondu à l’invitation à réaliser leur test.
Bientôt les kits dans les laboratoires d’analyse?
“En revanche, les kits ne sont toujours pas distribués dans les laboratoires d’analyse, regrette le Dr Sala, alors que près de 500 000 personnes poussent la porte des laboratoires d’analyse chaque jour et que nous sommes les mieux formés pour renseigner les personnes éligibles puisque nous réalisons des tests similaires, dans le cadre du dépistage individuel qui s'effectue sur ordonnance”.
Est-ce qu’une insuffisance dans la diffusion des kits pourrait expliquer le manque d’enthousiasme des Français? En partie sans doute. Mais on peut supposer que la nature du test en lui-même (récolte de selles) est un frein plus fort. D’autant qu’il peut être délicat de poser les questions qui nous empêchent de nous lancer (et nous paraissent un peu bêtes souvent) au médecin ou au pharmacien. Le mode d’emploi du test disponible directement dans le kit (et bien détaillé, vidéo à l’appui, onglet “Mode d’emploi du test” depuis le site ) est bien détaillé mais n’aborde pas certaines questions.
Nous avons donc demandé au Dr Sala, médecin biologiste habilité à prendre en charge les tests, de répondre sans tabou dans le diaporama qui suit.
Quelles selles (de la journée) utiliser en priorité ?
“Il n’y a aucune importance, explique le Dr Sala. Ce qui compte c’est d’être un peu disponible pour faire le test correctement. Je dis toujours qu’il ne faut jamais laisser passer une occasion de se dépister, quelle que soit l’heure!”.
Peut-on faire le test si on a la diarrhée ?
Non, mieux vaut attendre de ne plus avoir de troubles du transit. “Pour que le test fonctionne correctement, il faut que la selle soit moulée ou semi-moulée, détaille le Dr Sala. Si la selle est trop liquide, la matière ne va pas bien accrocher sur le bâtonnet.”
Est-ce ennuyeux si de l’urine est mélangée aux selles ?
Oui, car cela peut fausser les résultats. “Il peut y avoir un peu de sang dans l’urine, pendant la période des règles chez les femmes ou en cas de problèmes urologiques parfois, explique le Dr Sala. De plus, l’urine va diluer le test et altérer la sensibilité des anticorps monoclonaux qui repère l’hémoglobine dans les selles.” Dans le premier cas, on risque un faux positif, et dans l’autre, un faux négatif. Le plus simple est d’uriner avant de faire le test.
Que faire si on a recueilli trop de selle sur le bâtonnet ?
Le bâtonnet doit être juste enduit, s’il y a trop de matière, le test ne pourra pas être traité par le laboratoire. Essayez d’essuyer un peu pour retirer de la matière; si cela n’est pas possible, mieux vaut refaire un nouveau test.
La prise de médicaments peut-elle altérer le résultat ?
Les anciennes générations de tests étaient très sensibles aux interférences médicamenteuses et alimentaires. Ce n’est plus le cas aujourd’hui. Seule exception: certains anti inflammatoires. “Certains anti inflammatoires (en cas d’arthrose, de rhumatismes…) ou l'aspirine peuvent provoquer des saignements au niveau de la muqueuse intestinale, ce qui va fausser le test, précise le Dr Sala. Mieux vaut attendre d'avoir quelques jours sans traitement pour faire le test.” En revanche, être malade (sauf en cas de diarrhée comme dit plus haut) n’affecte pas la qualité du test.
Pourquoi mon test a-t-il été rejeté ?
Dans la plupart des cas, le rejet est consécutif à un défaut d’identification ! “Pensez bien à coller toutes les étiquettes, y compris sur le tube, note le Dr Sala; A défaut, le laboratoire est obligé de refuser le test.”
Que faire si on a oublié de poster l’enveloppe le jour du test ?
Postez-la le lendemain, dernier délai. Plus tard, l’hémoglobine éventuellement présente sur le test risque de se dégrader, ce qui entraînerait un faux négatif. Et évitez les fins de semaine, pour ne pas allonger les délais postaux.
Interview Dr Michel Sala, président du SNMB
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