Qui était Jean Seignalet ?
Pour bien comprendre le sérieux de la méthode mise au point par le Dr Jean Seignalet (1936-2003), il faut rappeler qui était ce monsieur. Ainsi, savoir que c’était un ancien Interne des hôpitaux de Montpellier, un pionnier des greffes d’organes et de tissus, et surtout de transplantations rénales. Il a dirigé pendant 30 ans le laboratoire d’histocompatibilité de Montpellier tout en menant ses recherches sur l’alimentation.
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Le stress une des causes de l'urticaireDans la préface de son livre*, son collègue et ami le Pr Henri Joyeux explique que "Jean Seignalet avait une vision hippocratique de la médecine". Il voyait l’être humain, le bien portant ou malade dans son ensemble.
"En 1985, il soutient que la polyarthrite rhumatoïde, maladie incurable à l’origine inconnue, peut être soignée efficacement par un unique et simple régime alimentaire. C’est alors un médecin émérite, spécialisé dans plusieurs branches de la médecine et reconnu par ses pairs en particulier pour ses travaux en immunologie et en rhumatologie. Ses articles sur la nutrition pourtant argumentés scientifiquement et confirmés par des succès cliniques sont rejetés par les comités de lecture des revues médicales spécialisées.
Sa conclusion est stupéfiante : la plupart des maladies chroniques modernes ont pour facteur déclenchant l’alimentation moderne. Un simple régime alimentaire peut en venir à bout."
Sa théorie : l’alimentation moderne déséquilibre le fonctionnement normal de l’intestin grêle, provoquant l’entrée de molécules alimentaires et de bactéries de la flore intestinale dans l’organisme dont le fonctionnement est à son tour perturbé. Selon le Dr Seignalet, ces très nombreuses molécules alimentaires et bactériennes seraient les premiers responsables de 90% des maladies.
*L'alimentation ou la troisième médecine, Jean Seignalet, Editions du Rocher, 2012.
Les principes du régime Seignalet
"Sa méthode consiste à changer ses habitudes alimentaires. Ces changements ont des effets rapides sur la santé, réduisant la perméabilité ou porosité intestinale, laquelle laisse passer des molécules toxiques et entretient un état inflammatoire pour de nombreux organes. Ils évitent ou allègent ainsi les traitements lourds et souvent à vie dans nombre de maladies auto-immunes" explique le Pr Joyeux.
Concrètement, il faut :
- Exclure les céréales modernes : mais, blé, seigle, orge, avoine, millet, petit épeautre et leurs dérivés comme le son, la farine, le pain (même complet ou biologique), les croissants, biscottes, pancakes, pizzas, semoule, pâtes, cornflakes, pop-corn, bière et les protéines de céréales modernes contenues dans certaines conserves et plats industriels.
- Exclure les laitages animaux : vache, chère, brebis… et leurs dérivés (beurre, fromage, crème, glaces, yaourts et protéines de lait contenues dans la nourriture industrielle).
- Éviter les sucres blancs sur cuits comme dans la confiture ou les caramels.
- Exclure les boissons en sucres blancs (soda, jus de fruit) et la bière (protéine de l’orge). Reste autorisé : l’eau du robinet, les eaux minérales, le café et thé toléré (en quantité raisonnable), la chicorée et les boissons alcoolisées à dose modérée.
- Éviter les huiles raffinées et les margarines qui contiennent des huiles hydrogénées. Consommer quotidiennement des huiles vierges crues de qualité qui apportent des acides gras essentiels pour l’organisme.
- Éviter les conserves (sauf de légumes).
- Limiter le chocolat et choisir plutôt du noir et biologique.
- Limiter les aliments fumés.
- Limiter la prise de protéines animales à 1 fois par jour.
- Manger autant que possible cru : fruits et légumes frais, viandes, œufs, poissons, oléagineux.
- Opter sinon pour des cuissons douces (-110°c : vapeur, bain-marie, cuisson à l’étouffée), pocher ou bouillir. Pour la viande rouge, juste "tourne-retourne" dans une poêle avec de l’huile d’arachide ou d’olive. Pas de cuisson au micro-ondes, au four ou au barbecue.
- Diversifier en consommant toutes les crudités, tous les fruits, toutes les huiles vierges, tous les fruits secs et oléagineux, tous les légumes verts, tous les légumes secs et légumineuses (sésame, sarrasin et riz sont les seules céréales autorisées), toutes les charcuteries crues (jambon cru, saucisson, saucisse, chorizo, salami), le foie gras (seule exception cuite autorisée), toutes les viandes, les œufs, les poissons, les crustacés, les mollusques et coquillages, les condiments, le soja, le sel, le sucre complet, le miel, le pollen.
5 mesures en plus : supprimer le tabac, avoir une activité physique suffisante, éviter au maximum l’impact des stress, prendre des ferments lactiques, se supplémenter en vitamines et minéraux.
Exemple de menus sur 1 journée
Petit Déjeuner : Chocolat noir, miel, 1 fruit de saison, 1 fruit sec, 1 bol de café ou de thé ou mieux de chicorée
Déjeuner : 1 crudité, 1 légume vert, oléagineux, 2 variétés de fruits.
Dîner : 1 crudité, 1 légume sec, 1 viande ou 1 charcuterie crue ou 2 œufs crus ou 1 poisson ou 1 produit de la mer, 2 variétés de fruits.
A noter : Le Dr Seignalet n’a pas de fixer de quantité précise mais d’après lui "mieux vaut manger peu que trop".
Le régime fait-il maigrir ?
Oui.
D’après les chiffres énoncés par le Dr Seignalet, son régime fait maigrir 80 personnes sur un échantillon de 100. "La perte de poids est lente et progressive, en moyenne 1 kilo tous les 15 jours. Quand le tissu adipeux superflu a fortement diminué, l’amaigrissement s’arrête" précise le spécialiste. Généralement, sur le long terme, 2 ou 3 kilos sont repris.
A noter : Chez certaines personnes, l’amaigrissement peut être trop rapide et trop marqué, s’accompagnant alors parfois de malaises. Dans ce cas, il faut interrompre le régime et le reprendre sous une forme progressive, en procédant par étapes.
Est-ce vraiment efficace ?
"Ma méthode obtient des succès francs dans 85% des pathologies auto-immunes, 92% des pathologies d’encrassage* et 98% des pathologies d’élimination*, mais elle échoue chez une minorité de personnes, explique le Dr Seignalet. Elle éteint souvent les maladies, mais ne peut corriger certaines lésions séquellaires. Elle est plus souvent performante chez l’adulte que chez l’enfant, pour une même maladie."
Pour le Dr Gilles Demarque, nutritionniste : "Si effectivement nombre de maladies auto-immunes sont en rapport direct avec l’alimentation, il ne faut omettre de parler des facteurs génétiques, qu’ils soient héréditaires ou congénitaux." Une notion à ne pas ignorer sur les résultats escomptés.
*Rhumatologie (fibromyalgie, tendinites, arthrose, ostéoporose, goutte), Neuropsychiatrie (céphalées, autisme, maladie d’Alzheimer, de Parkinson…), Métaboliques (hypoglycémie, obésité, spasmophilie…), athérosclérose…
**Digestif (colite, maladie de Crohn, gastrite), Cutané (Acné, eczéma, urticaire, psoriasis), bronchite chronique, asthme, allergies, polypes nasaux…
En combien de temps ?
Le régime Seignalet n’est pas évident à faire d’où l’abandon fréquent de patients. Avant de démarrer, il faut savoir que "chez la plupart des sujets, les effets positifs se font sentir dès les 3 premiers mois" indique le Dr Seignalet.
La véritable action positive est, elle, souvent plus tardive d’où l’importance de suivre le régime au moins pendant 1 an et au mieux 2 ans. Après, la grande ligne des principes doit être conservée pour éviter toute rechute.
Quels sont les risques ?
La méthode du Dr Seignalet a souvent été accusée d’entraîner des carences. A ces dires, le spécialiste a toujours répondu qu’il n’y avait pas d’inquiétudes à avoir puisque "le régime apporte dans d’excellentes proportions glucides, lipides et protides" et qu’il est riche en minéraux et en vitamines. Néanmoins, le régime peut être associé à plusieurs effets secondaires à court et moyen terme tels que fatigue, diarrhée modérée, douleurs musculaires intermittentes, maux de tête inhabituels, écoulement du nez, pellicules du cuir chevelu, ballonnements et gaz. Il est important de connaître ces "risques" au préalable et de pouvoir en parler avec son médecin traitant s’ils persistent et deviennent trop gênants.
À noter : Selon les pathologies, il peut être recommandé de discuter avec le médecin traitant de tout changement d’alimentation. Le régime Seignalet peut être suivi en parallèle à une médication classique. Il peut parfois permettre la réduction de la prise de médicaments, mais toujours avec l’aval du médecin traitant.
Le régime coûte-t-il cher ?
Le fait de devoir acheter toujours des produits frais (fruits, légumes, mais surtout viandes et poissons) et de préférence issus de l’agriculture biologique a un coût. Néanmoins, pour le Dr Seignalet, ceci ne doit pas arrêter les personnes désireuses de suivre sa diète puisque comme l’alimentation est surtout crue, il y a une économie faite sur les dépenses de gaz et d’électricité. Donc on doit rentrer dans ses frais.
- L’alimentation ou la troisième médecine, Jean Seignalet, Editions du Rocher, 2012.
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