Beauté de la peau : faut-il appliquer une photoprotection au quotidien ?Istock
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La routine beauté idéale à adopter le matin serait la suivante : nettoyer son visage avec un produit adapté à son type de peau, appliquer une lotion tonifiante, une crème contour des yeux, un sérum, une crème hydratante, une photoprotection, une BB crème, une poudre, un blush, un spray fixateur… A moins d’avoir une heure devant soit pour s’apprêter, l’exécution de ces différents gestes beauté s’apparente à un véritable chemin de croix !

Si certains sont en effet le b.a.-ba pour entretenir sa peau, d’autres sont pour le moins facultatifs. À en écouter les dires de Céline Couteau, l’application d’une photoprotection ferait partie de ces gestes beauté, recommandés par l’industrie cosmétique, dont on pourrait bien se passer.

C’est quoi une photoprotection ?

Le soleil émet différents types de radiations. Les rayons ultraviolets (UV) font partie des radiations souciantes pour la peau. « On a évolué dans la façon dont on considère ces radiations UV puisqu’au départ on était très clair en disant que les UVB étaient responsables des cancers cutanés, et que les UVA étaient responsables du vieillissement cutané », déclare Céline Couteau. « Et puis on s’est rendu compte que cela était un peu plus complexe. Les UVB sont bien cancérigènes, mais les UVA, eux aussi, concourent à favoriser la survenue de cancers cutanés. »

C’est pour limiter le risque d’apparition de cancers cutanés que les marques de cosmétiques ont créé ce qu’on appelle des produits photoprotecteurs. Les plus connus sont les fameuses crèmes solaires que l’on applique le plus souvent sur les pistes de ski en hiver ou bien l’été au bord de la plage. Mais récemment, les photoprotections ont envahi tous les rayons beauté allant des soins quotidiens au maquillage.

De plus en plus de marques incluent des filtres UV dans leurs soins afin de garantir une protection supplémentaire à la peau.

Photoprotection au quotidien : bonne ou mauvaise idée ?

Pour comprendre d’où a émergé la tendance des substances photoprotrices dans les cosmétiques, il faut faire un léger bond dans le passé. « L’idée d’incorporer des filtres UV dans toutes sortes de produits, dont les produits de maquillage, remonte aux années 1990. Mais à l’époque, cela n’avait pas pris, les consommateurs ne se sentaient pas concernés. Il a fallu attendre les années 2000 pour que cette tendance prenne », explique Céline Couteau.

« C’est L’Oréal qui a adoubé l’idée en publiant des articles détaillant l’intérêt d’appliquer une photoprotection au quotidien dans le but de réduire le vieillissement cutané. » Mais selon notre experte, au quotidien, appliquer une photoprotection n’a aucun intérêt.

« À partir du moment où l’on ne s’expose pas, cela n’est pas utile. Quand les indices UV sont faibles, il n’y a pas besoin de se protéger du soleil. C’est à partir d’un indice UV à 6 qu’il convient de se protéger, en général, à partir du mois de juin. À adapter en fonction des régions où l'on se trouve. » À savoir, cet indice est disponible sur le site internet de Météo France.

Filtres UV : une bonne utilisation est requise

L’experte tient à rappeler le bon usage des filtres UV, qui, comme certains médicaments, n’ont aucun intérêt sur le plan préventif. « Pour faire la comparaison, je ne connais personne qui prend du paracétamol en prévention. Ce serait dramatique au niveau hépatique. C’est pareil pour les filtres UV. On ne va pas se prémunir d’un risque qui n’existe pas. »

En outre, les filtres UV incorporés dans les cosmétiques peuvent potentiellement avoir des répercussions sur la santé. On ne sait, en effet, pas pour l’instant leur incidence sur la santé dans le cas d’un usage quotidien au long terme. Dans le doute, mieux vaut être prudent dans son utilisation des filtres UV. « Je connais bien les filtres UV incorporés dans les cosmétiques puisque c’est mon domaine de recherche. Aucun n’a une toxicologie parfaite, c’est pourquoi il ne faut les utiliser qu’à bon escient», déclare l’experte en cosmétiques.

« Aucune étude n’a confirmé les problèmes qu’une application quotidienne de filtres UV peut engendrer sur le long terme. En revanche, on sait, grâce à des études américaines notamment, que ces filtres UV que tout le monde utilise, se retrouvent dans tous les liquides biologiques : le sang, les urines, le lait maternel. On retrouve également ces filtres UV dans la nature. De fait, étant donné que nous sommes au bout de la chaîne alimentaire, on se retrouve à manger des tomates qui contiennent des benzophénones, des poissons gras dont la chair contient des filtres UV », détaille Céline Couteau.

« On raconte aux consommateurs qu’il faut appliquer le matin une petite crème de jour pour se protéger des rayons UV. C’est faux. »

La problématique, selon l’experte, va plus loin. « C’est le message de santé publique concernant les protections solaires qui est brouillé par les industriels du secteur des cosmétiques », regrette-t-elle. « On raconte aux consommateurs qu’il faut appliquer le matin une petite crème de jour pour se protéger des rayons UV. C’est faux. Lorsque l’on s’expose au soleil, les filtres UV contenus dans le produit vont se dégrader dans la journée. C’est pourquoi la crème solaire que l’on s’applique l’été doit être appliquée toutes les deux heures, en couche épaisse. Ce n’est pas une crème de jour appliquée légèrement le matin qui va protéger toute la journée. »

En outre, une petite quantité d’UV au quotidien n’est pas délétère pour la santé, au contraire, puisque cela permet de synthétiser la vitamine D dans l’organisme, rappelle l’experte.

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