Mi-mars, un américain a eu un accident vasculaire cérébral après s’être étiré le cou. Même chose pour une jeune anglaise de 23 ans, le même mois. Depuis, ces deux histoires sont devenues virales, et de nombreuses personnes craignent désormais de se faire craquer le cou.

Mais alors, est-ce que s’étirer ou se faire craquer le cou est vraiment dangereux ? Selon des neurologues américains, ce mouvement est effectivement associé à un risque d’AVC, bien qu’il reste réduit.

Se craquer soi-même le cou : un risque d’AVC avéré chez certaines personnes

“En général, vous ne pouvez réaliser un mouvement assez fort par vous-même pour provoquer la déchirure d’un vaisseau sanguin, qui peut être à l’origine de ce type d’AVC”, explique le Dr. Doojin Kim, co-directeur du programme de recherche sur les accidents vasculaires cérébraux à l’UCLA Medical Center (Californie). Mais il précise que “chez certaines personnes, leur génétique peut rendre leurs vaisseaux sanguins un peu plus fragiles, ou leur tissu conjonctif un peu plus pliable”. C’est pourquoi il recommande à ses patients de ne pas se craquer le cou.

Le Dr. Steven Messe, professeur agrégé de neurologie à la Perelman School of Medicine de l’Université de Pennsylvanie, souligne que “le risque lié au fait de craquer son cou n’est pas entièrement compris”. Il précise que “les artères vertébrales se situent dans les os de la colonne vertébrale, au niveau du cou. Vous pouvez donc éventuellement bloquer cette artère en faisant craquer votre cou”. Il y aussi un faible risque de déchirer la paroi de cette artère.

Un autre expert insiste, quant à lui, sur la fréquence de ce geste. En effet, si vous n’étirez votre cou que très rarement, ce n’est pas très grave. Mais “lorsque cela devient une habitude”, et que vous le faites craquer plusieurs fois par jour, cela peut le fragiliser, explique le Dr. Keith Overland, chiropracteur et ancien président de l’American Chiropractic Association.

Qu’en est-il lorsque c’est un professionnel qui vous manipule ?

Un communiqué scientifique, publié par l’American Heart Association et l’American Stroke Association en 2014, affirme que les thérapies de manipulation cervicale pratiquées par des chiropracteurs, des ostéopathes ou des kinésitérapeuthes ne sont pas sans danger.

Celles-ci consistent à appliquer une brusque poussée au cou et au rachis cervical. Mais selon les scientifiques, ce geste pourrait être lié à une déchirure de l’artère cervicale, pouvant provoquer un caillot sanguin et un AVC. Si le lien de cause à effet n’a pas été prouvé, les deux associations recommandent aux soignants d’informer les patients des risques, avant qu’ils se fassent manipuler le cou.

Un point sur lequel le Dr. Overland n’est pas d’accord. Ce dernier cite une autre étude, qui montre que se faire manipuler par des professionnels serait sans danger. Des chercheurs ont examiné la force appliquée lors de la manipulation de la colonne vertébrale, en travaillant sur des cadavres, et ont découvert que la tension exercée ne risquait pas d’endommager l’artère.

D’après le Dr. Overland, le risque existe seulement en cas d’antécédent d’AVC chez les patients. C’est pourquoi il conseille d’éviter ce type de thérapie chez les patients qui présentent des troubles visuels, des maux de tête importants ou des vertiges.

Sources

Neck Cracking and Stroke: How Risky Is It ?, WebMD, 20 mai 2019. 

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