Cancer de l’anus : les signes qui doivent alerterIstock
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Marcia Cross, de Desperate Housewives, a souffert d’un cancer de l'anus

Marcia Cross, de Desperate Housewives, a souffert d’un cancer de l'anus© abacapress

En septembre 2018, Marcia Cross, la célèbre Bree Van De Kamp de la série Desperate Housewives, révélait être en rémission d’un cancer de l’anus. Pour la première fois, une actrice a levé le voile sur cette maladie peu connue et souvent taboue.

"Le cancer anal est à différencier du cancer du côlon ou du rectum. Il se développe dans le canal anal ou au niveau de la marge anale, la partie la plus basse du tube digestif située sous le rectum", détaille le Dr Laurent Abramowitz, gastro-entérologue/proctologue à Paris.

Le cancer épidermoïde du canal anal, type de cancer de l'anus le plus fréquent, représente 2,5 % des tumeurs digestives malignes, selon les chiffres de la Société nationale française de colo-proctologie. En France, il en survient un cas par an pour 100 000 femmes et un cas tous les trois ans pour 100 000 hommes. En outre, la Société canadienne du cancer estime à 66 % la survie nette à 5 ans.

Le papillomavirus en cause dans 90 % des cancers de l'anus

Plusieurs facteurs peuvent favoriser l'apparition de ce cancer, le principal étant la présence d'un virus HPV - papillomavirus humain. Des études ont montré qu'environ 90 % des cancers de l'anus sont imputables à ce virus, qui se transmet par les relations sexuelles (génitales et orales), même sans pénétration.

Si le préservatif est important, il ne procure qu'une protection incomplète contre l'infection aux papillomavirus. En effet, ces derniers peuvent être présents sur d'autres zones de peau, comme les doigts ou les testicules, et se transmettre lors des caresses et baisers intimes.

C'est justement le papillomavirus qui est à l'origine du cancer anal dont a souffert Marcia Cross... Mais aussi du cancer de la gorge de son mari Tom Mahoney. Le HPV est aussi responsable de 65 % des cancers vaginaux, 50 % des cancers vulvaires et 35 % des cancers péniens.

La vaccination peut prévenir de nombreux cancers

Il est pourtant possible de limiter les risques de certains cancers, en se faisant vacciner. "Les vaccins papillomavirus ont pour mission d'empêcher les papillomavirus à haut risque cancérigène, les plus fréquemment impliqués dans les cancers, de pénétrer dans les cellules", peut-on lire sur le site Papillomavirus.fr. "Ils visent ainsi à prévenir l'infection contre ces types de papillomavirus et ses possibles conséquences au niveau de la sphère ano-génitale".

Contrairement à de nombreuses idées reçues, le papillomavirus humain ne touche pas que les filles. De nombreux spécialistes appellent donc à la vaccination également chez les jeunes garçons. Jusqu’à présent, la France a élargi la vaccination aux garçons homosexuels jusqu’à 26 ans.

Schéma du tractus gastro-intestinal humain

Schéma du tractus gastro-intestinal humain© Istock

Cancer de l'anus : fréquent chez les personnes infectées au VIH

En outre, "il existe une incidence marquée de cancer du canal anal chez les patients atteints du sida, tout comme chez les patients souffrant d’herpès génital, de syphilis, de gonorrhée, ou d’une infection à Chlamydia trachomatis", explique la Revue Médicale Suisse.

L’Inca rappelle que le cancer de l’anus représente le troisième cancer le plus fréquent chez les hommes vivant avec le VIH. "Le risque d’apparition du cancer anal est multiplié par 100 chez les homosexuels vivants avec le VIH et par 40 chez les homosexuels", souligne le Dr Abramowitz. La surveillance se discute également chez les femmes ayant un symptôme anal avec un antécédent de cancer ou de lésion précancéreuse de col de l’utérus.

Les autres facteurs de risque du cancer de l'anus

Enfin, les fumeurs, les patients atteints de la maladie de Crohn, de Bowen ou de Paget, ou ayant des antécédents de radiothérapie locale, ont également plus de risques de contracter un cancer de l'anus.

Bien sûr, les cas énoncés ci-dessus sont des facteurs de risques, mais le cancer anal peut toucher tout le monde. C'est pourquoi il faut être attentif aux premiers signes d'alerte. Nous vous les dévoilons dans les pages suivantes.

Quels sont les signes d’alerte du cancer anal ?

Quels sont les signes d’alerte du cancer anal ?© Istock

Largement sous-médiatisé, le cancer de l'anus n'en reste pas moins dangereux. Certains signes doivent donc vous alerter. Le souci principal étant que les symptômes sont assez ressemblants à ceux d’autres maladies anales comme les hémorroïdes. "Il est nécessaire de consulter un spécialiste en cas de saignements persistants ou de douleurs anales", conseille le Dr Laurent Abramowitz. De plus, certains patients peuvent constater l’apparition d’une petite boule au niveau de l’anus.

Des démangeaisons dans la région anale peuvent aussi se faire ressentir. De même, certains patients souffrent d’une incontinence anale. Parmi les signes d’alerte, on observe parfois un changement du transit intestinal, comme une constipation récente qui persiste. Des sécrétions peuvent aussi tacher les sous-vêtements. Souvent, ces signes d’alerte sont chroniques et s’aggravent au fil du temps.

Généralement, les premiers symptômes apparaissent quand la tumeur a déjà pris de l’ampleur et qu’elle atteint les tissus alentours, mais un saignement dans les sous-vêtements peut-être un signe précoce.

Symptômes du cancer de l'anus : parlez-en à votre médecin

"Souvent, quand les patients ressentent des symptômes d’alerte du cancer anal, ils ne se dirigent pas nécessairement vers le bon interlocuteur", regrette le Dr Laurent Abramowitz. En effet, les patients pensent souvent à en parler à leur pharmacien, mais pas toujours à consulter un médecin à cause du tabou qui entoure cette partie de notre anatomie et de la peur d’avoir à la montrer.

Il est fréquent qu'à l’énoncé des signes, le pharmacien pense davantage à des hémorroïdes et oriente vers un traitement dans ce sens (pommade et suppositoires). "Quand le patient consulte avec 6 mois de retard, le cancer a poursuivi sa progression et s’étend aux tissus environnant", alerte le spécialiste. Et de poursuivre : "Il ne faut pas nécessairement s’inquiéter dès l’apparition des premiers symptômes, assez fréquents, mais il faut consulter sans attendre si cela ne passe pas".

Cancer de l'anus : faites-vous dépister !

Cancer de l'anus : faites-vous dépister !© Istock

Comme pour la majorité des cancers, plus la maladie est rapidement identifiée, plus le pronostic sera bon. Il convient donc de ne pas sous-estimer l’apparition des premiers signes d’alerte et de consulter un médecin pour se faire examiner à ce niveau...

Un examen physique permettra au spécialiste d’examiner la région anale afin d’identifier une boule. Un toucher rectal pourra également être réalisé afin de déceler une induration.

Chez les populations à risque, un examen de dépistage permet de repérer les lésions aux stades précancéreux, et donc de les traiter moins lourdement que si elles avaient atteint un stade de cancer. Le suivi proctologique représente donc le seul moyen de prévention du cancer anal dans les populations à risque.

Sources

Merci au Dr Laurent Abramowitz, gastro-entérologue/proctologue

Société nationale française de colo-proctologie

Dépistage du cancer anal : doit-on faire de même que pour le cancer du col utérin ?, Revue Médicale Suisse. 

La vaccination contre les infections à papillomavirus humains, Papillomavirus.fr

Cancer du canal anal, Revue Médicale Suisse. 

Vidéo : Cancer de l'anus : attention aux rougeurs sur votre peau !

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