Qu’est-ce que la frigidité ?
Nathalie Giraud-Deforges : La frigidité vient du latin « frigidus » qui se caractérise par une absence de désir sexuel et de plaisir, qui concerne uniquement les femmes.Ces dernières savent qu’elles doivent ressentir du plaisir pour leur compagnon (que ce soit naturellement, au contact de leur peau, à travers des mots…), mais elles ne ressentent rien.
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Troubles érectiles : et si c'était la faute de sa mère ?Par exemple, j’ai eu une patiente qui avait tout investi dans le sport. Elle s’entraînait pour le triathlon, mais elle n’avait aucun désir sexuel pour son partenaire. Selon elle, le sexe allait lui faire perdre du temps... Si elle succombait à la tentation, tous ses efforts en vue de réussir son exploit sportif auraient été gaspillés.
Finalement, nous avons réussi à dépasser ensemble ce blocage et à lui faire prendre conscience qu'elle n'allait pas perdre son énergie si elle acceptait de se donner à son compagnon.
Les facteurs qui peuvent l'expliquer...
Nathalie Giraud-Deforges : Il y a plusieurs facteurs qui peuvent causer la frigidité. Cela peut notamment provenir de l’éducation. Par exemple, les femmes concernées par la frigidité peuvent avoir entendu durant leur jeunesse que "le sexe c'est sale" ou bien que "Ce n’est qu’un rapprochement bestial". La femme entretient donc cette image en elle depuis l’enfance...
Cette frigidité peut aussi être en rapport avec un évènement traumatisant survenu dans le passé, comme un viol ou la découverte d'un plaisir inattendu et étrange. Par exemple, j’ai eu une patiente, qui, à l’âge de 11 ans avait eu un orgasme au moment de monter à la corde. Son corps avait eu une sensation forte, mais cela avait généré des conséquences désastreuses puisque certains de ses camarades s'étaient moqués d'elle.
Aussi, lorsque je l’ai rencontré, elle était en couple mais n’avait pas de plaisir dans sa sexualité. C’est-à-dire que son cerveau était d’accord pour aimer son mari, mais son corps refusait d'avoir du désir pour ne pas revivre l’humiliation vécue.
Comment s’en sortir ?
Nathalie Giraud-Deforges : Il est dur de s’en sortir par soi-même. Consulter un thérapeute, c’est le premier pas.
Par exemple, dans le cas de ma cliente, elle s’en est sortie car il y a eu une compréhension intérieure, son corps a reconnu que cette expérience appartenait au passé et n’était plus lié au présent. Il faut savoir si cette frigidité a toujours été là dès le début ou si elle est due à un évènement déclencheur. Le thérapeute, en l’occurrence moi, revient sur cet évènement.
Il n’y a pas de durée moyenne d’une thérapie. Il peut y avoir quelques sessions, pendant un an ou deux. Cela dépend surtout de la personne et de son problème s’il est primaire, secondaire, ou fluctuent (c’est-à-dire qu’il y a des périodes de désir et de non-désir).
Comment en parler à son conjoint ?
Nathalie Giraud-Deforges : Il ne faut pas accuser le compagnon et lui dire « Tu ne sais pas t’y prendre », mais il faut lui dire ce qu'il se passe : « Il y a en moi quelque chose que je n’aime pas », « J’ai besoin d’aide, aide-moi ». Il faut également le rassurer en lui disant que ce n’est pas de sa faute et qu’on l’aime toujours.
Le compagnon est d’ailleurs un acteur essentiel dans la thérapie. Ce dernier doit aider sa femme à se réconcilier avec le passé et le présent, afin de mieux construire l’avenir. Il est notamment invité à venir aux sessions thérapeutiques.
Il faut que la femme puisse faire la différence entre un homme qui fait partie du passé, et celui qui partage sa vie actuellement.
Merci à Nathalie Giraud-Desforges, sexothérapeute et auteure du site nathalie-giraud.fr
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