C’est une excellente nouvelle pour les allergiques. Un composé sécrété par le microbiote intestinal pourrait traiter les allergies alimentaires. Des chercheurs américains ont en effet réussi à éviter une réaction allergique à la cacahuète chez des souris en leur administrant un composé issu du microbiote intestinal : le butyrate. Un traitement prometteur pour soigner tout type d'allergie alimentaire à l’avenir. Les résultats de cette étude ont été présentés lors de la réunion annuelle de l'American Chemical Society qui a lieu actuellement du 21 au 25 août 2022 à Chicago aux États-Unis.
Microbiote : un composé efficace, mais au goût et à l’odeur désagréables
Lors de précédentes études réalisées en laboratoire, le butyrate, acide gras à chaîne courte produit lors de la fermentation naturelle des fibres par notre microbiote, s'est révélé prometteur contre les réactions allergiques lors de tests en laboratoire, mais il est s’est révélé très désagréable à prendre par voie orale et son absorption était trop rapide.
“Le butyrate a une très mauvaise odeur, comparable à des excréments de chien et du beurre rance, et il a aussi mauvais goût, donc les gens ne voudraient pas l'avaler", explique Shijie Cao, docteur en médecine qui présentait les résultats de l’étude à la réunion de l’American Chemical Society à l'Université de Chicago. Selon le co-auteur de l’étude, même si les gens parvenaient à passer au-delà du goût et de l’odeur repoussants, le butyrate serait digéré avant d'atteindre sa destination dans la partie inférieure de l'intestin. “Une autre façon serait de fournir les bactéries manquantes par une transplantation fécale, mais cela n'a pas bien fonctionné en clinique”, a précisé un des chercheurs, Jeffrey Hubbell.
Le butyrate a évité une réaction allergique mortelle
Lors de cette nouvelle étude, les scientifiques ont donc trouvé une nouvelle manière d'administrer ce composé chimique aux personnes souffrant d’allergies alimentaires. En effet, ils sont parvenus à polymériser le butyrate avec de l'acide méthacrylique ou de l'hydroxypropyl méthacrylamide. Les polymères ainsi obtenus se sont assemblés en agrégats, ou micelles polymères, qui renferment les chaînes latérales de butyrate en leur cœur, masquant ainsi l'odeur et le goût désagréables du composé. Ces polymères ont ensuite été administrés oralement à des souris rendues allergiques aux cacahuètes par les chercheurs.
Résultat, ce traitement a rétabli la barrière protectrice et le microbiote de leurs intestins, en partie en augmentant la production de peptides qui tuent les bactéries nuisibles, ce qui a fait de la place aux bactéries productrices de butyrate. “Plus important encore, l'administration de micelles à des souris allergiques a permis d'éviter une réaction anaphylactique potentiellement mortelle lorsqu'elles ont été exposées à des arachides”, précisent les chercheurs.
Bientôt des sachets à diluer dans l’eau contre les allergies ?
Autre bonne nouvelle, "ce type de thérapie n'est pas spécifique à un antigène", précise le co-auteur de l’étude Shijie Cao. "En théorie, elle peut donc être appliquée à toutes les allergies alimentaires par la modulation de la santé intestinale", assure le chercheur. Après ces résultats très prometteurs, les prochaines étapes seront des essais sur des animaux plus grands, suivis d'essais cliniques. Si ces essais sont concluants et que la Food and Drug Administration américaine approuve le traitement oral, les micelles pourraient être commercialisées dans de petits sachets dont les consommateurs mélangeraient le contenu dans un verre d'eau ou de jus.
Food allergies can be reversed in mice by targeting the microbiome, American Chemical Society, Communiqué du 21 août 2022.
https://www.acs.org/content/acs/en/pressroom/newsreleases/2022/august/food-allergies-can-be-reversed-in-mice-by-targeting-the-microbiome.html
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