Sommes-nous égaux face à la dépression ? Il semblerait que non. Hommes et femmes n’auraient pas les mêmes risques, d’après une étude réalisée par des chercheurs canadiens et publiée dans la revue Molecular Psychiatry. Cette étude a été réalisée grâce à la UK Biobank, la base de données génétiques et de santé la plus importante au monde. L’objectif : développer des traitements plus adaptés en fonctions des facteurs génétiques liés à la dépression chez les hommes et les femmes.
Le rôle de l’ADN
A travers leurs recherches, les scientifiques de l’Université McGill basée à Montréal ont découvert onze zones de l’ADN des femmes liées à la dépression, contre une seule chez les hommes. Une différence de taille qui expliquerait pourquoi les femmes sont deux fois plus touchées par la dépression que les hommes. C’est ce qu’a révélé une étude de Santé Publique France parue en 2018. 13% des femmes souffriraient de dépression contre seulement 6,4% d’hommes. Un chiffre qui pourrait s’expliquer par une plus grande propension des femmes à subir des violences, mais aussi à faire face à une charge mentale importante. Le poids psychologique engendré par la charge mentale a d’importantes répercussions sur la santé mentale. Cela peut provoquer une fatigue, des symptômes anxieux et dépressifs et même un burn out.
Outre ces facteurs externes, les chercheurs canadiens pointent du doigt des facteurs internes, liés à l’ADN des femmes. Exactement 64 gènes chez les femmes seraient liés à la dépression, contre 53 chez les hommes. Ces gènes associés à la dépression sévère que les chercheurs ont retrouvé uniquement chez des sujets de sexe féminin sont associés à deux neurotransmetteurs, la dopamine et le glutamate. Si le rôle de la dopamine dans les symptômes dépressifs est bien connu, celui du glutamate l’est moins. Les antidépresseurs ciblent d’ailleurs particulièrement la production de sérotonine et de dopamine, et non le glutamate. Cette découverte pourrait permettre à la recherche de développer de nouveaux traitements visant à stimuler la production de cet acide animé.
Mieux soigner la dépression
Identifier les gènes associés à la dépression permettrait de créer de nouveaux traitements plus ciblés suivant le genre de la personne malade. "Il s’agit de la première étude à décrire des variantes génétiques spécifiques au sexe à la dépression, qui est une maladie très répandue chez les hommes et les femmes. Ces résultats sont importants pour éclairer le développement de thérapies spécifiques qui bénéficieront à la fois aux hommes et aux femmes tout en tenant bien compte de leurs différences", a expliqué le Dr Patricia Pelufo Silveria, auteure de l’étude et professeure de psychiatrie. Les scientifiques se sont aussi aperçus que les femmes étaient plus réactives aux antidépresseurs que les hommes. Cependant, ils n’ont pas réussi à trouver une cause biologique qui expliquerait ce phénomène.
Des facteurs hormonaux
Les chercheurs ont aussi mis en évidence le lien entre dépression et d’autres maladies métaboliques comme l’insomnie ou le dérèglement de l’horloge biologique. Enfin, même si ce n’est pas une découverte, les scientifiques pointent le rôle des hormones. Les femmes sont en effet davantage sujettes aux fluctuations hormonales au cours de leur vie que les hommes. Le cycle menstruel peut être générateur de déséquilibres hormonaux entrainant des symptômes dépressifs, c’est ce que l’on appelle le syndrome prémenstruel. Irritabilité, fatigue et parfois même idées noires surviennent parfois quelques jours avant les règles. La grossesse et le post-partum sont également en cause. Ces importantes fluctuations hormonales ne sont pas à prendre à la légère, elles peuvent être responsable d'une dépression sévère.
https://www.nature.com/articles/s41380-023-01960-0
http://beh.santepubliquefrance.fr/beh/2018/32-33/2018_32-33_2.html
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