Et si l’obésité était due à la présence d’un microbe, favorisée elle-même par l’alimentation ? C’est l’hypothèse qu’émettent des chercheurs de RIKEN, l’Institut de recherche physique et chimique japonais. Leurs résultats ont été publiés dans la revue Cell Metabolism le 17 janvier 2023. Pour arriver à cette conclusion, les chercheurs ont étudié des souris ayant suivi un régime alimentaire riche en graisses. Celles-ci ont développé une présence importante d’une espèce de microbe intestinal.
Obésité : un IMC égal ou supérieur à 30
L’Organisation mondiale de la santé (OMS) définit le surpoids et l’obésité comme une accumulation anormale ou excessive de graisse corporelle qui représente un risque pour la santé. L’obésité survient lorsqu’on consomme plus de calories que l’on en dépense. C’est donc le résultat d’un déséquilibre entre la quantité de nourriture ingérée et l’activité physique quotidienne. L’indice de masse corporelle (IMC) est un moyen simple de mesurer l’obésité dans la population. Il correspond au poids divisé par le carré de la taille, exprimé en kg/m 2. Une personne ayant un IMC de 30 ou plus est généralement considérée comme obèse. Une personne dont l’IMC est égal ou supérieur à 25 est considérée comme étant en surpoids.
Aujourd’hui, plusieurs études montrent que les changements apportés aux microbes intestinaux jouent un rôle clé dans le développement et le maintien de l’obésité. Toutefois, il existe peu d’informations sur la raison de cette association. Pourquoi ? À cause du nombre d’espèces de bactéries, trop important : on estime qu’il existe plus de 3500 espèces de microbes intestinaux chez l’humain, et chacun est censé en avoir entre 200 et 1000 de chaque.
Excès de poids : la bactérie Fusimonas intestini en cause
Ce que l’équipe de RIKEN a découvert, c’est qu’une espèce de bactérie appelée Fusimonas intestini, fortement présente dans les intestins des personnes obèses et diabétiques, exacerbe l’obésité chez les souris qui adoptent un régime riche en graisses. Leurs résultats montrent que ce type d’alimentation peut altérer l’expression de certains gènes de Fusimonas intestini, qui jouent un rôle dans la métabolisation des acides gras, associés à l’obésité. Ces acides gras, quant à eux, interfèrent avec le fonctionnement des intestins en dégradant la barrière intestinale. Cela entraîne une inflammation de faible intensité, qui peut causer une prise de poids.
Bonne nouvelle : cette découverte ouvre la possibilité de créer de nouveaux types d’intervention afin d’inverser cet effet. “Retirer Fusimonas intestini des intestins pourrait aider à prévenir l’obésité ou les problèmes de métabolisme liés à l’obésité. Une autre stratégie serait d’empêcher la métabolisation de Fusimonas intestini”, affirme l’immunologiste Hiroshi Ohno, l’un des auteurs de l’étude.
Pour rappel : toutes les bactéries intestinales ne sont pas mauvaises et ne favorisent pas l’obésité. Certaines peuvent notamment aider à lutter contre cette pathologie. L’équipe de RIKEN cherche désormais quelles espèces de bactéries peuvent, chez les souris, empêcher une prise de poids rapide qui arrive la plupart du temps chez les individus dont l’alimentation est riche en graisses.
“Fatty acid overproduction by gut commensal microbiota exacerbates obesity”, une étude parue dans Cell Metabolism le 17 janvier 2023.
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