Vous prenez un traitement pour une hypertrophie bénigne de la prostate ? Ou un médicament prescrit par votre médecin pour endiguer une alopécie naissante ? Ces médicaments contiennent des molécules susceptibles de provoquer de graves effets secondaires, rapporte l’ANSM, l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé.
Le comité de pharmacovigilance (PRAC) de l’Agence européenne des médicaments (EMA)se saisit de l’affaire alors que l’ANSM alerte depuis des années sur ces deux molécules : le finastéride (commercialisé sous le nom de Propecia jusqu’en 2023, disponible aujourd’hui sous forme générique des laboratoires Arrow Lab, Bailleul, Biogaran, Cristers, EG, Sandoz, Teva, Viatris et Zentiva) et le dutastéride.
“Cela fait suite à notre demande de réévaluer la balance bénéfice/risque du finastéride et du dutastéride, ce dernier appartenant à la même classe pharmacologique que le finastéride”, détaille le gendarme du médicament français. En 2019 déjà, une dizaine d’hommes avaient poursuivi le laboratoire en justice pour des effets indésirables graves. On vous en avait parlé ici.
Le mensuel Que Choisir s’était aussi fendu d’un article pour dénoncer l’attitude jugée trop timide de l’ANSM par rapport à un médicament “peu efficace et dangereux”. Alors que près de 30 000 boîtes étaient vendues chaque mois, rien que pour le Propecia. Depuis, des mentions d’alerte ont été ajoutées sur les emballages.
Quand ces médicaments sont-ils prescrits ?
Ces deux médicaments sont prescrits exclusivement aux hommes. le premier, le finastéride 1 mg est indiqué dans “les stades précoces de l’alopécie androgénique chez les hommes de 18 à 41 ans, autrement dit en cas de perte de cheveux.
Conditionné en 5 mg, le finastéride est, tout comme le dutastéride 0,5 mg, donné aux hommes souffrant d’une hypertrophie bénigne de la prostate (aussi appelée hyperplasie bénigne de la prostate, hyperplasie adénomyomateuse de la prostate ou adénome prostatique), une tumeur bénigne (non cancéreuse) de la prostate très courante quand on prend de l’âge : 60 % des hommes sont touchés après 60 ans et 90 % après 85 ans.
Dans ce dernier cas, le traitement vise aussi à “prévenir les troubles urologiques associés”, précise l’ANSM. Il sont généralement proposés en troisième intention en cas d'adénome, quand les alphabloquants et la phytothérapie s’avèrent inefficaces.
Quels sont les effets indésirables sévères possibles ?
Ces molécules sont en réalité une action hormonale. Elles diminuent une hormone produite naturellement par l'organisme à partir de la testostérone, la dihydrotestostérone (DHT) laquelle est impliquée à la fois dans la chute de cheveux et dans l’hyperplasie de la prostate.
Le hic ? La DHT joue aussi un rôle sur d’autres fonctions de l’organisme (fonctions reproductrices par exemple). Ce qui peut expliquer (en partie tout du moins) certains effets secondaires, notamment les troubles sexuels (troubles de l’érection ou de l’éjaculation, baisse de libido...), généralement réversibles quand on stoppe le traitement, mais pas toujours.
A cela s’ajoutent des effets indésirables potentiellement graves au niveau de la santé mentale :
- Modification de l’humeur
- Augmentation de l’anxiété
- Dépression
- Idées suicidaires
Quelle est la conduite à tenir si on prend ces médicaments ?
En attendant que la commission européenne se prononce sur l’autorisation ou non de la poursuite de commercialisation de ces médicaments sur notre sol, votre médecin peut continuer à vous prescrire du finastéride 1 mg, du finastéride 5 m ou du dutastéride 0,5 mg. En vous ayant au préalable informé des effets indésirables possibles.
Dans le même temps, l’ANSM a publié une fiche patient (que vous pouvez télécharger ici) qui vous accompagne si vous prenez du finastéride.
Rapprochez-vous de votre médecin au moindre signe suspect. L’ANSM conseille en outre d’arrêter le finastéride 1 mg dès l’apparition des effets indésirables. En revanche si vous êtes suivi pour un adénome de la prostate, n’arrêtez pas votre traitement sans l’avis de votre médecin.
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