Alors que le nombre de pénuries et de tensions d'approvisionnement explose dans l’hexagone, l’UFC Que Choisir a dévoilé jeudi 19 septembre les résultats d’un test effectué sur 30 médicaments pour analyser leurs principes actifs après la date de péremption. Un résultat sans appel : 80 % des comprimés contiennent suffisamment de substances actives. "Preuve en est du paracétamol censé être périmé depuis 1992 présente encore 100 % de principes actifs", précise l’association.
A lire aussi :
Médicament : dorénavant La Poste les livre à la maisonEn 2018 déjà, des scientifiques Allemands s'étaient intéressés à ce lien entre péremption et perte de principe actif. Ils ont analysé neuf ampoules de diverses spécialités pharmaceutiques fabriquées plus de 40 ans auparavant et conservées sur les étagères d’un institut de recherche. Cinq d’entre elles conservaient plus de 95 % de substances fonctionnelles.
"Cela engendre un renouvellement plus rapide des médicaments qui a un coût pour le système hospitalier et l’assurance maladie lorsqu’il s’agit de médicaments prescrits, et pour les malades dans le cadre de l’automédication"
Mais comment expliquer ce résultat ? L’association précise dans leur analyse que lorsqu’un laboratoire met un médicament en vente, il doit obligatoirement fournir aux autorités sanitaires des données de stabilités du produit pour justifier la durée d’utilisation. Les laboratoires procèdent à des tests à la fois dans les conditions normales de températures et dans des conditions extrêmes. "Cela nous procure des informations utiles sur la cinétique de dégradation et le comportement du produit dans le temps", détaille l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) à UFC Que Choisir. Pour information, dans une grande majorité des traitements, les principes actifs doivent se trouver entre 95 et 100 % pendant leur durée de vie en Europe.
Alors que l’assurance maladie souhaite faire des économies sur le budget santé, la question économique se pose forcément. "Ces constats sont particulièrement inquiétants puisque jeter des médicaments efficaces alors qu’ils sont prétendument périmés a des impacts majeurs. Cela engendre un renouvellement plus rapide des médicaments qui a un coût pour le système hospitalier et l’assurance maladie lorsqu’il s’agit de médicaments prescrits, et pour les malades dans le cadre de l’automédication", souligne l’association dans l’article.
D’un point de vue environnementale, c’est une aberration quand on sait l’impact des déchets sur le réchauffement climatique et la pollution des sols. Quant à l’aspect sanitaire, ce gâchis accroît la tension de pénuries des médicaments, déjà importante depuis la pandémie et qui relance le sujet sur la production de certains principes actifs en Europe.
L’ANSM informée
À la suite de cette enquête, l’association UFC Que Choisir a décidé de saisir l’ANSM pour faire évoluer la réglementation à ce sujet. "Des discussions sont engagées entre l’ANSM et les représentants des firmes pharmaceutiques afin de les inciter à retarder les dates de péremption", souligne UFC Que Choisir dans leur article.
Selon l’agence sanitaire, les firmes pharmaceutiques évoquent une réticence quant à l’apparence des emballages dont l’esthétisme pourrait moins bien vieillir avec le temps. "S’il y a un lien entre le conditionnement et le traitement, il tient à la difficulté de manipulation ou à la taille des caractères plutôt qu’à l’aspect plus ou moins joli", indique l’association dans son article.
Que faire de nos médicaments périmés ?
En tant que consommateurs, nous sommes tous confrontés à une armoire à pharmacie qui déborde sans trop savoir quoi faire des produits périmés. La règle actuelle est de les rapporter à la pharmacie la plus proche pour qu'ils soient recyclés. "Tant qu'il n'y a pas de décision de l'Agence de sécurité du médicament, il faut les ramener à la pharmacie", rappelle la Fédération des syndicats pharmaceutiques à France Info jeudi matin.
Le premier geste est sûrement d’éviter de consommer au maximum. Si un médicament est noté sur une ordonnance mais que l’on sait pertinemment qu’il ne sera pas consommé parce qu 'il reste déjà une boîte à la maison, il n’est alors pas nécessaire de le récupérer systématiquement à la pharmacie.
Ensuite, les conditions de stockage doivent être étudiées. Préférez un endroit à l’abri de la lumière et de l’humidité. Donc on oublie la salle de bain.
Attention cependant avec les médicaments en format liquide et en pommade, après ouverture leur espérance de vie est très limitée. Il est également fortement recommandé de jeter un médicament dont la couleur, la texture ou l’odeur a été modifié.
Recevez encore plus d'infos santé en vous abonnant à la quotidienne de Medisite.
Votre adresse mail est collectée par Medisite.fr pour vous permettre de recevoir nos actualités. En savoir plus.