Environ 5% des patients qui séjournent à l’hôpital contractent une infection au sein de l’établissement, estime l'Inserm. On parle alors d'infection nosocomiale : une infection associée aux soins, contractée au cours ou au décours d’une hospitalisation. Elle est donc absente au moment de l’admission du patient dans l’établissement et se déclare au minimum 48 heures après l'admission, ou au-delà si la période d'incubation est connue et plus longue.
Les infections nosocomiales touchent le plus souvent l’appareil urinaire, les voies respiratoires et le système sanguin. "Ainsi, les infections urinaires sont les plus fréquentes mais ne sont en général pas graves. Les germes les plus fréquemment identifiés lors d’une infection nosocomiale sont Escherichia coli, Staphylococcus aureus (stapylocoque doré) et Pseudomonas aeruginosa ("pyo")", partage le Ministère de la Santé.
Une nouvelle étude menée par des chercheurs allemands de l’Université de la Sarre révèle les surfaces hospitalières les plus susceptibles de vous contaminer à l'hôpital. Pour parvenir à cette découverte, les scientifiques ont décrypté le mécanisme d'adhérence des microbes sur les différentes surfaces. On passe en revue les surfaces les plus dangereuses dans notre diaporama, ainsi que les actes chirurgicaux les plus propices aux infections nosocomiales.
Staphylococcus aureus : "leur colonisation est si dangereuse"
Les travaux, présentés dans la revue Nanoscale, ont étudié l'adhésion de la bactérie pathogène Staphylococcus aureus à différentes surfaces. Cet agent pathogène est capable de former des biofilms robustes sur des surfaces à la fois naturelles et artificielles qui sont très difficiles à éliminer. "Les bactéries individuelles de ces biofilms sont très résistantes aux antibiotiques ou au système immunitaire humain. C'est pourquoi leur colonisation est si dangereuse", détaille l’auteur principal de l'étude, Karin Jacobs, professeur de physique à l'Université de la Sarre.
Infections nosocomiales : qui sont les patients les plus touchés ?
Les infections nosocomiales représentent environ 750 000 infections par an, qui seraient la cause directe de 4 000 décès en France, dévoile l'Inserm.
La prévalence des patients infectés varie selon le type d’établissement (les centres de lutte contre le cancer sont très concernés), le type de séjour effectué et la durée du séjour. "Il y a 15 fois plus d’infections nosocomiales chez les patients hospitalisés entre 30 à 89 jours que ceux dont l’hospitalisation dure de deux à sept jours", détaille l'Inserm.
Les plus de 65 ans et les très jeunes, les patients atteints d’une maladie sévère, immunodéprimés (séropositivité pour le VIH, chimiothérapie), opérés ou exposés à un dispositif invasif sont plus touchés que les autres.
Découvrez dans notre diaporama les surfaces les plus dangereuses ainsi que les actes chirurgicaux les plus à risque face aux infections nosocomiales.
Hôpital : les bactéries adhèrent plus aux surfaces hydrophobes
Les cellules bactériennes adhèrent plus fortement aux surfaces hydrophobes, qu'aux surfaces hydrophiles, selon les résultats des chercheurs. À titre de précision, les surfaces hydrophobes sont des surfaces extrêmement difficile à mouiller (avec l'eau, et a priori avec n'importe quel liquide).
L'explication des chercheurs : "sur les surfaces hydrophobes, un grand nombre de protéines de la paroi cellulaire adhèrent à la surface, ce qui entraîne une forte force de liaison et explique la courbe force-distance lisse". À l'inverse sur les surfaces hydrophiles, les molécules doivent d'abord surmonter la barrière de l’eau, ce qui réduit efficacement le nombre de macromolécules protéiques qui attachent la cellule à la surface.
Infection : la ventilation artificielle, un acte à risque
Le service de réanimation, où de nombreux gestes invasifs sont effectués, est le plus touché avec une prévalence moyenne de 23 % de patients victimes d'infections nosocomiales (d'après les chiffres de l’Institut national de veille sanitaire - InVS - datés de 2012).
La ventilation artificielle fait partie des actes les plus propices aux infections nosocomiales, selon les données du Ministère de la Santé.
Infection nosocomiale : la pose d’un cathéter implique des risques
La pose d’un cathéter fait également partie des soins propices aux infections nosocomiales. Introduit dans une voie veineuse, il permet d'administrer des traitements par voie intraveineuse et de prélever du sang pour les analyses, et ainsi d'éviter les piqures fréquentes.
Infection : le sondage urinaire, à risque
Le sondage urinaire ou sondage vésical consiste en l’introduction d’une sonde stérile dans la vessie par l’urètre. C’est un geste invasif à haut risque infectieux selon le Ministère de la Santé. Cet acte peut être mis en place en cas de rétention aiguë d'urine (impossibilité d'uriner).
Infection : l'intervention chirurgicale propice aux risques
L'intervention chirurgicale fait également partie des actes médicaux les plus propices aux infections nosocomiales.
L'endoscopie
L'endoscopie fait également partie des actes médicaux susceptibles de générer une infection. L'endoscopie, dite aussi fibroscopie, est un examen médical qui permet au médecin d'explorer l'intérieur d'un organe ou d'une cavité du corps en y introduisant un endoscope.
Différents mécanismes de liaison de Staphylococcus aureus aux surfaces hydrophobes et hydrophiles, Nanoscale, 16 septembre 2020
Infections nosocomiales, Inserm
Infections nosocomiales : questions réponses, Ministère de la Santé
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