Et si la science pouvait détecter les souvenirs dits de “mort imminente” ? C’est la promesse d’une équipe de chercheurs américains. D’après ces scientifiques, certains patients victimes d’un arrêt cardiaque réanimés par réanimation cardiorespiratoire gardent de vifs souvenirs du laps de temps écoulé entre l’arrêt cardiaque et la réanimation. Alors qu’ils étaient inconscients, on a retrouvé des signes d’activité cérébrale liés à la formation des pensées et de la mémoire, affirment les chercheurs dans une étude publiée le 7 juillet 2023 dans la revue Resuscitation.
Arrêt cardiaque : un certain degré de conscience pendant la réanimation
Cette étude a été menée par des chercheurs de l’école de médecine américaine NYU Grossman, en collaboration avec 25 hôpitaux, en majorité britanniques. Les scientifiques ont interrogé des survivants d’arrêt cardiaque ayant décrit une expérience de mort imminente lucide, qu’ils ont vécue alors qu’ils étaient apparemment inconscients.
Parmi les 567 patients pris en charge pour un arrêt cardiaque, malgré un traitement immédiat, moins de 10% ont suffisamment récupéré pour pouvoir sortir de l’hôpital. Parmi les survivants, cependant, quatre personnes sur dix se souviennent avoir expérimenté un certain degré de conscience pendant la réanimation cardiorespiratoire, non enregistrée par les outils de mesure classiques.
Les chercheurs ont par ailleurs découvert que parmi le sous-groupe de patients ayant reçu un monitorage des fonctions cérébrales, près de 40% ont montré une activité cérébrale revenue à la normale, ou à la quasi normale, après un état “plat”, jusqu’à une heure après le début de la réanimation cardiorespiratoire.
“Mort imminente” : ni une hallucination, ni un rêve
Chez ces personnes, l’électroencéphalogramme - un examen qui permet de mesurer et d'enregistrer l'activité du cerveau grâce à des électrodes - a montré des pics des ondes gamma, delta, thêta, alpha et bêta, toutes associées à des fonctions intellectuelles en état de marche.
Certains survivants d’arrêt cardiaque rapportent depuis longtemps des expériences similaires, qui incluent l’impression d’une séparation de son corps, d’observer ce qu’il se passe d’un point de vue extérieur sans ressentir ni douleur ni détresse, et une réflexion profonde sur leurs actions passées et leurs relations. D’après cette étude, ces “expériences de mort imminente” diffèrent d’une hallucination, d’une illusion, d’un rêve ou d’un état de conscience induit par la réanimation cardiorespiratoire.
Vers une compréhension de “l’expérience de mort imminente” ?
Comment expliquer ce phénomène ? D’après les auteurs de cette étude, il est possible que le cerveau “plafonnant” et mourant se débarrasse de certains systèmes inhibiteurs naturels. On appelle cela la désinhibition. Cette observation pourrait “ouvrir la voie vers une exploration systématique de ce qu’il se passe quand quelqu’un meurt”, assurent les scientifiques.
“Bien que les médecins aient longtemps cru que le cerveau subissait des dommages irréversibles environ 10 minutes après que le coeur arrête d’être alimenté en oxygène, notre travail montre que le cerveau peut montrer des signes de récupération longtemps après le début de la réanimation cardiorespiratoire. C’est la première étude de grande ampleur qui montre que ces souvenirs et ces ondes cérébrales pourraient être des signes d’éléments universels et partagés de ce que l’on appelle des expériences de mort imminente”, conclut l’une des autrices de l’étude, la professeure associée de médecine pulmonaire Sam Parnia.
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