Tout l’hiver, il nous accompagne pour combattre les rhumes et les grippes. Mais attention, le paracétamol n’est pas une molécule dénuée de risque pour notre santé. Des chercheurs en pharmacologie et en épidémiologie des universités américaines de Boston et de Pittsburgh alertent sur les dangers du paracétamol présent dans de nombreux médicaments en accès direct (disponibles sans ordonnance). La présence de cette substance n’étant pas toujours clairement indiquée, le risque de surdosage est bien réel, notamment pendant la saison hivernale. Les chercheurs publient une étude dans le British Journal of Clinical Pharmacology.
Un risque élevé de surdosage entre septembre et avril
Entre 2011 et 2016, les chercheurs ont demandé à un total de 14 481 adultes américains de répondre à un questionnaire médical. Cette enquête durait sept jours et avait lieu dans les 30 jours qui suivaient la prise de paracétamol. Les scientifiques ont alors découvert que 6,3% des utilisateurs de paracétamol dépassaient la dose quotidienne maximale, qui est de quatre grammes pour un adulte ou un enfant de plus de 50 kg. Et ce risque de surdosage semble lié aux saisons, puisque la probabilité de prendre plus de quatre grammes de paracétamol en une journée augmente de 24% pendant la saison des rhumes et des grippes (définie de septembre/octobre à mars/avril dans cette étude) par rapport à l’été (de juin à août). Les chercheurs attribuent cette saisonnalité à l’utilisation accrue de médicaments anti-rhume et antigrippe disponibles en vente libre en pharmacie.
Problème : tout surdosage est dangereux pour le corps. Le paracétamol "est considéré comme sûr lorsqu’il est administré dans le respect des posologies mais, en cas de surdosage, il a été associé à des lésions hépatiques (au niveau du foie, ndlr), à des appels aux centres antipoison, à des visites aux urgences et à des hospitalisations" s’inquiètent les chercheurs dans leur étude.
Eviter les médicaments anti-rhume en vente libre
Les chercheurs se veulent tout de même rassurant : les doses réellement dangereuses pour le foie sont plus élevées que la dose maximale recommandée. Néanmoins, le respect de cette dose constituerait une bonne garantie contre le surdosage : "si les utilisateurs limitaient leur consommation à quatre grammes par jour, les expositions à des doses encore plus élevées seraient nécessairement évitées" expliquent les auteurs de l’étude. Ceux-ci espèrent maintenant que leur recherche débouche sur des actions de prévention : "Nos résultats suggèrent le besoin de campagnes d’éducation publique pour décourager les prises de paracétamol qui dépassent la dose maximale recommandée" proposent-ils dans leur publication. Plus précisément, ils souhaitent que ces campagnes d’information mettent l’accent sur l’augmentation des risques de surdosage pendant la saison des rhumes et des grippes notamment à cause de l’usage de médicaments en vente libre qui promettent de traiter à la fois les douleurs, la fièvre et les symptômes respiratoires. Ces médicaments anti-rhume sont d’ailleurs régulièrement jugés plus dangereux qu’utiles, à cause de leurs nombreux effets indésirables tels que l’hypertension, des accidents vasculaires cérébraux (AVC), des troubles urinaires ou encore des troubles digestifs sévères.
Prevalence of Exceeding Maximum Daily Dose of Acetaminophen, and Seasonal Variations in Cold-Flu Season. Shiffman et al., British Journal of Clinical Pharmacology. Publié en ligne le 7 mars 2018. doi: 10.1111/bcp.13551