Les écrans ont envahi nos espaces et nos vies. On passe nos journées devant l’ordinateur, nos soirées devant la télé et on se réveille au son de notre smartphone… Pourtant, les études montrant la nocivité de la lumière bleue se multiplient. Selon la dernière en date, elle pourrait réduire de plusieurs années notre espérance de vie.
Les sujets étudiés ont subi des dommages au cerveau et aux yeux
Des chercheurs de l’Oregon State University ont examiné les effets des ondes LED émises par nos écrans sur l’organisme des drosophiles, ou “mouche des fruits”, qui partagent les mêmes caractéristiques cellulaires que les humains. Ils ont découvert que l’absorption de ces ondes désintègre les cellules cérébrales.
En effet, les mouches qui ont été exposés aux LED bleues ont subi des dommages aux neurones du cerveau et aux cellules rétiniennes, qui se sont traduits par une diminution de leur capacité à grimper aux murs.
L’exposition à la lumière bleue réduit de 15 % l’espérance de vie
Plus encore, la lumière artificielle a réduit “de façon spectaculaire” la durée de vie de ces insectes, selon Jaga Giebultowicz, auteur principal de l’étude.
Les drosophiles exposées à deux cycles quotidiens de 12 heures de lumière bleue et d'obscurité vivaient jusqu'à 15 % moins longtemps que leurs congénères qui vivaient dans l'obscurité ou à la lumière du jour. Même une lumière relativement douce diminuait de 5 à 15 % de leur durée de vie.
Le professeur Giebultowicz précise que ce pourcentage ne peut pas être appliqué à l'homme car le cerveau humain "recevrait beaucoup moins de lumière que le cerveau de la mouche".
Les ondes LED ne sont pas absorbées que par les yeux
Parmi les drosophiles étudiées, certaines présentaient une anomalie génétique et étaient nées sans yeux. Mais même ces mouches “mutantes” ont subi des lésions cérébrales suite à l’exposition à la lumière bleue. Cela suggère que les effets nocifs des ondes LED ne sont pas uniquement la conséquence de leurs rayonnement dans les yeux.
Les chercheurs rappellent que la lumière naturelle est cruciale pour la santé des humains et des animaux, car elle stimule l’horloge biologique. Cette dernière stimule à son tour l’activité cérébrale, la production d’hormones et la régénération cellulaire.
Les chercheurs encouragent à éviter ou à se protéger de la lumière bleue
Fuir les sources de lumière artificielle serait donc bénéfique pour la santé humaine, souligne Eileen Chow, co-auteure de l’étude. “[Notre] durée de vie a considérablement augmenté au cours du siècle dernier, à mesure que nous trouvions des moyens de soigner les maladies et, parallèlement, nous avons commencé à passer de plus en plus de temps sous la lumière artificielle”.
Elle ajoute : “alors que la science cherche des moyens d’aider les gens à être en meilleure santé tout en vivant plus longtemps, nous pourrions concevoir un spectre de lumière plus sain, non seulement pour mieux dormir, mais aussi pour améliorer sa santé globale”.
Les scientifiques sont néanmoins conscients que peu de gens accepteraient d’abandonner leurs ordinateurs et téléphones. Ils recommandent donc de porter des lunettes ayant un filtre anti-lumière bleue, de manière à protéger sa rétine, ou d’utiliser tout autre dispositif pour bloquer ces émissions de lumière.
Daily blue-light exposure shortens lifespan and causes brain neurodegeneration in Drosophila, Aging and Mechanisms of Disease, 17 octobre 2019.
Daily exposure to blue light may accelerate aging, even if it doesn’t reach your eyes, study suggests, Oregon State University, 16 octobre 2019.