Une obsession disproportionnée pour la propreté
Votre conjoint.e ne peut s'empêcher de ranger, nettoyer, laver et brosser sans cesse ? Sans doute est-il · elle un · e maniaque, une personne extrêmement préoccupée par l'ordre et la propreté. « Une personne peut être qualifiée de maniaque lorsqu'elle manifeste des comportements excessifs à l'égard de l'hygiène et du rangement. Il ne s'agit pas de simples manies ou habitudes, mais plutôt d'obsessions disproportionnées », explique Johanna Rozenblum, psychologue clinicienne, contactée par Medisite.
On le dit parfois en plaisantant d'une personne très à cheval sur la propreté, mais le maniaque a développé une réelle souffrance psychologique. Impossible pour cette personne de se concentrer sur un autre sujet tant qu'elle n'a pas accompli l'ensemble des tâches ménagères qu'elles s'étaient fixées. Impossible de lâcher prise : les exigences, les besoins de réaliser ses rituels, le besoin de tout contrôler, de tout vérifier prendront alors toute la place dans son esprit.
« La personne développera de réels TOC (troubles obsessionnels compulsifs) qui finiront par avoir des conséquences sur son équilibre émotionnel, sur sa relation aux autres et son niveau d'anxiété. A la moindre salissure, s'il n'a pas le temps de ranger ou si quelqu'un venait à déplacer un objet, cela pourrait générer une grande souffrance psychologique », détaille la psychologue.
Quel comportement adopter avec une personne maniaque du ménage ?
Vie de couple, vie de famille, vie sociale... Ce trouble nuit au bien-être de la personne maniaque mais aussi à celui de l'ensemble des personnes vivant au sein du foyer.
« Lorsque la maniaquerie devient chronophage et vient polluer la vie de famille cela devient un réel problème. Si avant de penser au bon moment que l'on va passer avec des amis, on pense aux dérangement que cela va causer au salon, la préoccupation de l'hygiène prend une place dysfonctionnelle », confirme Johanna Rozenblum.
Idem lorsqu'on veut organiser la fête d'anniversaire du petit dernier, qu'on est parti trop vite le matin sans prendre le temps de ranger la table du petit-déjeuner ou qu'on a juste envie de remettre ça à demain : un lâcher-prise qui semble anodin, mais qui est difficilement supportable pour la personne maniaque. Ces situations seront forcément difficiles à gérer pour elle et, par ricochet, pour les autres membres du foyer qui la verront anxieuse de la situation.
Ainsi, la vie avec ces personnes deviendra rapidement compliquée. Comment réagir face à ces obsessions pour le ménage et le rangement ? Quel comportement adopter lorsque l'on sait que la moindre salissure, le moindre dérangement peut affecter la personne maniaque ? « Les maniaques sont souvent moqués, car il est difficile de réaliser de l'extérieur que ce trouble est une manifestation anxieuse. L'entourage doit idéalement essayer de comprendre en s'informant sur le sujet tout en gardant la bonne distance pour ne pas adhérer aux comportements obsessionnels de cette personne. Cela ne ferait que renforcer le trouble », précise Johanna Rozenblum. Hors de question donc, de nettoyer et ranger à outrance pour soulager la personne avec laquelle on vit.
Il sera également inutile d'essayer d'aider la personne maniaque en lui reprochant son comportement, en tentant de s'opposer à ses rituels, jusqu'à aller au conflit.
« Tant que la personne ne comprendra pas pourquoi l'obsession de la propreté s'est installée, elle ne pourra pas abandonner son comportement. Il faut bien savoir que c'est le seul moyen qu'elle a trouvé pour avoir le sentiment de maîtriser les choses, pour rejeter vers l'extérieur ce qui la fait souffrir intérieurement. La priver d'emblée de ses rituels sans prise en charge adaptée reviendrait finalement à lui dire : “je sais que tu souffres mais tu ne dois pas te soulager», résume la psychologue.
Poser des règles à la maison
Que peut-on faire alors pour soutenir malgré tout cette personne ? « Pour aider il ne faut pas ranger mais en parler. Pour éviter que la personne maniaque ne se replie sur elle-même par honte ou que le TOC ne se renforce, mieux vaut suggérer une prise en charge psychologique pour comprendre pourquoi l'anxiété se manifeste par une obsession de la propreté », conseille la psychologue.
Sans cela, le TOC ne disparaîtra pas et pourrait au contraire prendre de l'ampleur. « Tout dépendra de la prise en charge psychologique, les thérapies cliniques et comportementales (TCC) sont très indiquées car elles associent élaboration psychologique et objectifs comportementaux », explique Johanna Rozenblum.
Sans prise en charge psychologique, le risque est de voir le problème se déplacer ailleurs. «L'anxiété s'est posée sur la propreté et le rangement mais sans travail psychologique, elle peut très bien se poser sur un autre 'objet' », précise ainsi la spécialiste. Johanna Rozenblum recommande donc d'accepter la maniaquerie de la personne, même si elle est forcément difficile à comprendre, mais tout en l'aidant « à la conscientisation » afin d'amener la personne à la consultation d'un spécialiste.
Et en attendant, pour rendre le comportement maniaque plus facilement gérable en famille, demandez-lui de se tenir à des règles strictes mais réalisables. « On peut par exemple décider que la personne ne vérifie qu'une seule fois la propreté par jour, qu'elle ne passe l'aspirateur qu'une fois par semaine. Pour la personne maniaque, l'idée est de réussir à se prouver qu'elle peut avoir une maîtrise sur le trouble et ne pas se mettre en échec avec des objectifs trop ambitieux », conclut notre experte.
Merci à Johanna Rozenblum, psychologue clinicienne.
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