« On parle de stress au travail quand une personne ressent un déséquilibre entre ce qu’on lui demande de faire dans le cadre professionnel et les ressources dont elle dispose pour y répondre », explique l'Institut national de recherche et de sécurité (INRS) sur son site Internet. Il incombe à l'employeur de réduire les sources de stress pour ses employés. En effet, il doit veiller au bien-être de ses collaborateurs via une organisation optimisée et de bonnes conditions de travail.
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Faut-il aimer son travail pour être heureux ?Alors qu'il est souvent question de bon stress, qui permettrait au salarié de donner le meilleur de lui-même, et de mauvais stress au travail, Sébastien Hof, psychologue du travail contacté par Medisite, rejette la dichotomie. « Le stress n'est pas positif. Dans le règne animal, il permet à une proie de fuir face à un prédateur. Chez les humains, le stress survient lorsqu'on ressent une situation de danger, ce qui ne devrait pas avoir lieu au travail », note le psychologue. « Il faut plutôt se poser la question d'un stress ponctuel (à l'exclusion d'un stress traumatique) ou chronique. S'il est ponctuel, on peut s'en arranger. S'il est chronique, c’est-à-dire qu’il s'installe sur la durée, cela peut avoir des conséquences néfastes sur la santé physique (grosse fatigue, pathologies cardiovasculaires, pathologies endocriniennes) et sur la santé mentale », explique le psychologue du travail.
Pour éviter ces situations très désagréables et potentiellement délétères pour la santé, voici quelques conseils que l'on peut appliquer au travail.
Demander à son responsable une hiérarchisation précise des tâches à accomplir
« Si on sait qu'on ne tiendra pas les délais imposés, c'est au responsable de donner une hiérarchie des différentes tâches à accomplir. Le salarié ne doit pas hésiter à aller voir son supérieur pour lui expliquer la situation et de lui demander une consigne claire, à savoir dans quel ordre accomplir les tâches demandées », explique Sébastien Hof.
Il relèvera par la suite du rôle du salarié de rendre compte à son chef de l'avancée de telle ou telle tâche. Lui seul pourra éventuellement décider de revoir la hiérarchisation en fonction des éléments qu'il a en sa possession. « La responsabilité de bousculer une hiérarchie revient au chef et exclusivement au chef, mais celui-ci doit être tenu au courant », note notre expert.
Cela peut sembler être une épreuve, mais être franc et transparent avec son responsable sur ce qu'il est possible de faire ou non dans les temps est le plus souvent payant. Vous ne serez pas mal vu ou soupçonné d'être tire-au-flanc.
Rationnaliser et se référer au contrat de travail
Plus on engrange les heures, plus on se sent démuni si on n'arrive pas à exécuter les tâches à accomplir. Mais il faut toujours garder à l'esprit que cette situation n'est pas normale. « Il est essentiel, pour ne pas laisser le stress nous ronger, de repositionner le curseur sur la mission qui est la nôtre, sur ce pourquoi l'employeur nous a embauchés. Par exemple, commencer par replacer le cadre horaire peut aider », souligne le psychologue. Le temps de travail et la fiche de poste ont un sens : ils sont là pour cadrer le travail. Si on sent que l'on sort des clous, il faut s'y référer. Cela peut aider à prendre du recul sur la situation et ne pas culpabiliser.
L'urgence de l'autre est-elle la vôtre ?
La surcharge de travail génère une pression temporelle souvent à l'origine du stress au travail. « On n'a rapidement plus les ressources nécessaires pour faire face à ces contraintes puisque de toute façon, on est déjà en retard pour accomplir le travail demandé. Je recommande d'éviter de prendre pour argent comptant les urgences des autres et de remettre un temps classique dans le travail », explique Sébastien Hof. Selon l'expert, « les autres nous convoquent dans leurs urgences qui ne sont pas nécessairement nos urgences ». Est-ce mon urgence ou celle de l'autre ? Se poser cette question permettra de prendre de la distance, reporter à plus tard et faire retomber le stress.
Prendre des pauses
Bien souvent, quand on a « la tête dans le guidon » depuis trop longtemps, on ne parvient plus à bien travailler. La fatigue et cette sensation de ne pas être à la hauteur participent à l'apparition d'un stress chronique au travail. Faire une pause et prendre le temps de souffler sera sûrement bénéfique. « Avant de poursuivre le travail, je recommande de laisser passer du temps. Il faut savoir le mettre à bonne distance émotionnelle afin d'être plus efficace quand on reviendra sur le problème. En s'acharnant, on n'est plus efficace, on culpabilise, on fatigue, on s'épuise et on subit le stress », développe le psychologue. Il faut apprendre à laisser le travail de côté un temps pour pouvoir yrevenir avec sérénité.
Parler avec ses collègues
Parler de ses problématiques à ses collègues, parfois mêmes à des personnes extérieures, permet de démêler une situation au travail qui nous semblait pourtant inextricable. « Échanger ensemble sur des problèmes communs permet de faire émerger une intelligence collective », note Sébastien Hof. « Expliquer son problème, le verbaliser en l'énonçant à haute voix est souvent l'occasion de trouver des solutions ». En effet, on prend de la hauteur par rapport à la situation, mais aussi parce qu'un point de vue extérieur fait bien souvent progresser la réflexion.
Appliquer ces conseils ne fait pas du salarié un mauvais élément dans le travail. Si cela lui permet d'atténuer son stress, ce sera même le contraire. Les situations stressantes ont « des répercussions négatives sur le fonctionnement des entreprises : turnover, journées de travail perdues, perte de qualité de la production, démotivation... », explique ainsi l'INRS. Atténuer le stress au travail se résume ainsi à une démarche gagnant-gagnant.
Merci à Sébastien Hof, psychologue du travail
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