50%. C’est la proportion de personnes, au niveau mondial, qui seront concernées par au moins un trouble psychiatrique ou psychologique avant d’atteindre leurs 75 ans, d’après une étude publiée le 30 juillet 2023 dans The Lancet Psychiatry. Pour arriver à ces conclusions, des chercheurs de l’Université de Queensland (Australie) et de l’école de médecine de Harvard, aidés de scientifiques de 27 pays différents, ont analysé les données médicales de plus de 150 000 personnes habitant dans 29 États.
Dépression sévère et anxiété en hausse
Ces données ont été collectées entre 2001 et 2022 grâce à une enquête intitulée “World Mental Health survey initiative” (“Initiative mondiale d'enquête sur la santé mentale” en français). Ce projet collaboratif piloté par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), l’Université de Harvard et l’Université du Michigan vise à évaluer l’état de la santé mentale de la population mondiale, mais aussi de la consommation de drogue et d'alcool.
“Les problèmes psychiques les plus courants sont les troubles de l’humeur comme la dépression sévère et l’anxiété”, précise l’auteur principal de l’étude parue dans The Lancet Psychiatry, le professeur d’épidémiologie John McGrath. Les chercheurs ont par ailleurs découvert que le risque de développer certaines pathologies diffère en fonction du sexe.
Les trois pathologies mentales les plus fréquentes chez les femmes sont les suivantes :
- la dépression
- la phobie spécifique (une “peur intense, déraisonnable et persistante de situations spécifiques, de circonstances ou d'objets spécifiques”, d’après le manuel MSD)
- le stress post-traumatique
Quant aux hommes, on retrouve sur le podium :
- l’alcoolisme
- la dépression
- la phobie spécifique
Santé mentale : les problèmes émergent dès l’enfance
Les chercheurs ont également réalisé que les problèmes de santé mentale émergent généralement pendant l’enfance, l’adolescence ou le début de l’âge adulte. “Le pic en termes d’âge, pour l’apparition de la maladie, est situé à 15 ans. L’âge médian est de 19 ans pour les hommes et de 20 ans pour les femmes”, développe le professeur John McGrath. Selon lui, ce constat devrait inciter les pouvoirs publics à investir davantage dans les neurosciences de base afin de comprendre comment ces troubles se développent.
Un autre auteur de l’étude, le professeur de sociologie spécialisé dans la santé mentale Ronald Kessler, estime qu’un investissement est également nécessaire dans les services de santé mentale, particulièrement pour les services qui s’occupent de patients jeunes. “Ils doivent être capables de détecter et de traiter des troubles mentaux courants rapidement et doivent être optimisés afin de convenir le mieux possible aux patients dans ces moments critiques de leur vie”, argumente-t-il.
Troubles psychiques : repenser l’investissement des pouvoirs publics
“Si l’on arrive à connaître l’âge où ces troubles commencent à se développer, nous pourrons penser des interventions de santé publique sur-mesure et leur allouer des ressources adéquates afin d’assurer que des soutiens appropriés et opportuns soient disponibles pour les personnes à risque”, poursuit le professeur Ronald Kessler.
D’après le Haut Conseil de la famille, de l’enfance et de l’âge (HCFEA), en France, un enfant sur 20 se voit aujourd’hui prescrire des psychotropes. La consommation de ces traitements (antidépresseurs, anxiolytiques, somnifères, entre autres) a par ailleurs doublé entre 2014 et 2021. Plus précisément, le HCFEA note + 49% d’antipsychotiques, + 63% d’antidépresseurs, + 78% de psychostimulants et + 155% d’hypnotiques et de sédatifs.
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