Les spécialistes parlent de cauchemars récurrents chez un patient quand ils se répètent au moins deux fois par semaine, souvent sur le même thème, provoquant un impact sur la santé mentale et psychique.
« Le simple fait d’aller se coucher devient une appréhension, une angoisse, jusqu’à en devenir une véritable phobie, conduisant la personne à en repousser l’heure et à lutter contre l'endormissement afin de ne pas franchir la barrière de l’inconscient », explique la psychologue clinicienne Marie-Laure Aubignat.
Des nuits moins réparatrices
À l'inverse des rêves ordinaires qui ont une fonction réparatrice, « les cauchemars proviennent d’évènements diurnes désagréables ou de traumatismes d’origine plus ancienne, et provoquent une peur imminente avec un sentiment d’identité menacée, de mise en danger brutale », détaille la thérapeute.
Les circuits neuronaux sont alors surchargés par des émotions et ressentis négatifs que le cerveau ne parvient pas à intégrer et à atténuer, entraînant la répétition du cauchemar.
« Le dormeur se réveille alors fatigué et déprimé. Cela peut le conduire à une véritable dépression, un isolement, un stress, une anxiété, voire à une mélancolie. Il faut donc prendre ces manifestations nocturnes au sérieux afin de retrouver un équilibre mental », juge la psychanalyste.
Les thèmes fréquents des cauchemars récurrents
« Il existe de grands thèmes de cauchemars récurrents », souligne Marie-Laure Aubignat. « Prenons l’exemple de celui où l’on repasse un examen avec la peur d’arriver en retard ou de ne pas se sentir prêt : cela peut signifier une angoisse de ne pas être à la hauteur ou un manque de confiance en soi ».
Parmi les autres cauchemars fréquents, il y a celui de la nudité : « Rêver de se promener nu face à un public qui ne s’en étonne pas peut signifier une forme d’insécurité dans un domaine de la vie et pour lequel on manque aussi de confiance », analyse la spécialiste.
« Il y a également le cauchemar de perdre ses dents ou un membre de son corps comme son bras ou sa jambe, des éléments qui font référence à une partie de la vie au cours de laquelle la personne a été ignorée ou maltraitée ». Enfin, le cauchemar d'une chute reflète quant à lui la peur de se sentir seul ou abandonné. « Mais n’oublions pas, le sens d’un rêve est aussi relatif à la culture à laquelle on appartient », tempère la psychologue.
Certains comportements peuvent aggraver ces cauchemars : de nouvelles habitudes sont donc parfois nécessaires.
Éviter les facteurs qui aggravent les cauchemars
« Différents paramètres peuvent amplifier les cauchemars et augmenter le stress et les pensées négatives. Il est donc bénéfique de les éviter au maximum », déclare Marie-Laure Aubignat avant de nous livrer ses conseils.
Diminuer la consommation de produits excitants
Caféine, tabac et alcool sont à réduire en journée et à supprimer au moins trois heures avant le coucher. En effet, ces substances créent des tensions et viennent troubler le sommeil. « Il faut également supprimer toute drogue telle que le cannabis, l'héroïne et la cocaïne », ajoute la psychanalyste.
La consommation de certains médicaments peut également avoir des effets secondaires sur le sommeil. En cas de doute, un médecin généraliste ou un pharmacien peuvent être de bon conseil.
Avoir une bonne hygiène de vie
Sur ce point, la spécialiste est sans appel : « Pour avoir un bon équilibre psychique et le garder, il est recommandé de pratiquer du sport de façon régulière, afin d’avoir une vie saine. ». Il peut s’agir de sports intenses comme la boxe, le crossfit, ou plus doux comme le yoga, le golf et l'aquagym... Chacun peut y trouver son compte, car ils sont tous bénéfiques pour le moral.
Éviter les repas tardifs et trop riches le soir
Un dîner trop riche, surtout en aliments gras et sucrés, peut rallonger la digestion et la rendre plus difficile, perturbant alors le sommeil. Il est donc recommandé de se préparer un repas léger composé de légumineuses, pommes de terre et légumes pour les aliments végétariens. Essayez de privilégier les œufs ou produits laitiers faibles en matières grasses pour les aliments d'origine animale. Enfin, il faut idéalement manger au moins deux heures avant de se coucher.
Préférer les livres aux écrans
« Il faut arrêter les écrans après le dîner et privilégier la lecture afin de favoriser l’endormissement et entamer une nuit reposante et réparatrice », conseille la thérapeute. En effet, la lumière artificielle des écrans perturbe l'horloge biologique interne et l'empêche de synchroniser les fonctions du corps, qui se prépare au sommeil.
Comment dompter ses cauchemars ?
Prendre un moment pour se relaxer
Méditation, massage, huiles essentielles, tisane… Le temps qui précède le coucher doit être un moment particulier pour retrouver un état de calme et d'apaisement, et ainsi favoriser son sommeil. Selon les tensions provoquées durant la journée, plusieurs périodes de dizaines de minutes peuvent être nécessaires. Les exercices de relaxation comme la sophrologie, le yoga ou la cohérence cardiaque sont particulièrement recommandés aux personnes angoissées ou anxieuses : cela permet de réduire les risques de subir un sommeil agité.
Se faire accompagner par un thérapeute
« Un manque de communication et d’expression du ressenti face aux événements stressants de la journée peuvent favoriser les risques de cauchemars, et c'est d'autant plus le cas après un traumatisme », explique la spécialiste.
« Quand les cauchemars persistent et perturbent trop le quotidien, il est préférable de s’adresser à un professionnel de la santé mentale », ajoute-t-elle. « Cela permet de trouver l’origine de ces cauchemars et d'en modifier le contenu, afin de réussir à dénouer l’inconscient chargé ». Le rêve se présentera alors déchargé de l’angoisse liée à l’évènement.
Interview de Marie-Laure Aubignat, psychologue clinicienne à Boulogne-Billancourt
Tout savoir sur le sommeil, Institut national du sommeil et de la vigilance : https://institut-sommeil-vigilance.org/tout-savoir-sur-le-sommeil/