Les substances psychédéliques pourraient un jour traiter la dépressionIllustrationIstock
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La dépression est la pathologie mentale la plus fréquente en France. Selon l’OMS, l’Organisation mondiale de la santé, elle touche 300 millions de personnes dans le monde. Environ un tiers d’entre eux présentent une résistance aux traitements antidépresseurs. Selon le ministère de la Santé, le coût des maladies mentales en France représente 109 milliards d’euros par an. Les substances psychédéliques constituent-elles une révolution thérapeutique ?

Ces substances illicites dans de nombreux pays dont la France, comme le LSD ou les champignons hallucinogènes, agissent sur le cerveau. Selon l’Institut national de santé et de la recherche médicale, Inserm, " ils agissent sur les récepteurs de la sérotonine, notamment impliquée dans la gestion des humeurs. Ces composés induisent une altération profonde des perceptions et de la conscience ".

" Des thérapeutiques prometteuses après une prise unique "

La recherche médicale des psychédéliques sur les maladies psychiatriques, a débuté aux Etats-Unis à la fin des années 1940. C’est à partir de 1960 que ces substances font l’objet de dérives de consommation. Elles sont alors interdites en 1971 dans le cadre d’une convention des Nations Unis. Ce qui a stoppé la recherche.

Depuis une vingtaine d’année, elle connaît un regain d’intérêt stimulé par les limites des traitements actuels contre les maladies mentales. Deux psychiatres parisiens ont réalisé 25 études entre 1990 et 2020 dont l’objectif était d’évaluer l’efficacité du LSD contre la dépression. Ils concluent que ces substances constituent " des thérapeutiques prometteuses, d’efficacité rapide, avec des bénéfices pouvant durer plusieurs mois après une prise unique ". Néanmoins, leurs études portaient sur une dizaine de patients, ce qui est insuffisant pour obtenir des autorisations de traitement.

" Alors que nombre d’observateurs estiment que ces substances constituent la prochaine génération de traitements en santé mentale, la France s’attache désormais à rattraper son retard en débutant des essais cliniques dédiés. Un véritable intérêt est en train d’émerger en raison des besoins importants de nouveaux traitements psychiatriques, même si les défis politiques, économiques, éthiques et cliniques de la médicalisation des psychédéliques restent nombreux ", indique David Dupuis, anthropologue à l’Inserm dans un communiqué de l’institut.

" On observe une disparition des symptômes chez 30 à 70% des patients en dépression "

De plus en plus d’étude sont faites pour évaluer l’efficacité du traitement. Ces travaux sont désormais organisés à grande échelle et contrôlés grâce à la comparaison de la molécule active avec un placebo, toujours en association avec une psychothérapie.

La psilocybine, une substance psychédélique, a montré une efficacité immédiate sur une majorité de patients, dans une étude de 2016, indique l’Inserm. Avec ce traitement, certains patients semblent rentrer en rémission avec une seule prise. Alors que les antidépresseurs nécessitent une prise journalière avec un délai d’action d’un mois environ. " Finalement, d’après l’ensemble des données disponibles sur la psilocybine, on observe une disparition des symptômes chez 30 à 70 % des sujets en dépression, notamment résistante, ce qui est considérable dans cette population ", indique Lucie Berkovitch, psychiatre et chercheuse en neurosciences dans un communiqué de presse de l’Inserm.

" Ces substances peuvent provoquer des états de grande panique "

Néanmoins, nous sommes encore loin d’une mise sur le marché d’un traitement à base de psychotrope. Ce sont des substances qui sont loin d’être anodines. Elles peuvent provoquer des états de grande panique, de phobies et de confusion. Tous les résultats déjà obtenus doivent être confirmés avec d’autres recherches à plus grande échelle. Elles doivent être également comparées aux alternatives actuelles comme les antidépresseurs.

" Nous travaillons activement à la mise en place d’études dans la dépression à l’hôpital Sainte-Anne à Paris, mais ce n’est pas simple ! I l faut pouvoir obtenir des produits dont la formule est stable et vérifiée et franchir de nombreuses étapes administratives. Nous espérons que les essais pourront démarrer dans les mois à venir. Et il est probable que dans quelques années, ces molécules feront partie des options thérapeutiques proposées à l’hôpital ", exprime le Dr Lucie Berkovitch.

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