Plaisirs olfactifs au quotidien : comment les entretenir ?IllustrationIstock

Intrigantes, parfois repoussantes mais souvent agréables, les odeurs entourent notre quotidien. En zone urbaine ou rurale, elles sont utiles pour éviter les dangers. Mais saviez-vous qu’elles apportent aussi un bien-être physique et mental ? Lorsque que l’odorat nous fait défaut, il est même possible de le travailler pour conserver ses bienfaits.

Pour le scientifique Hirac Gurden, directeur de recherche en neurosciences au CNRS et auteur du livre " Sentir " (comment les odeurs agissent sur notre cerveau) aux éditions Les Arènes, l’odorat est notre plus fidèle allié. Il est sollicité constamment la nuit comme le jour. Indispensable pour nous guider dans la vie de tous les jours, le système olfactif constitue une mécanique complexe du cerveau.

" Lorsque l’odeur passe par les narines, elle entre en contact avec nos micro-détecteurs olfactifs. Ces derniers envoient un signal au cerveau grâce à un mini courant électrique qui part du nez ", explique le Dr Hirac Gurden. S’en suit un vrai travail d’équipe. Des millions de neurones vont construire une cartographie olfactive. " Cet organe noble analyse si c’est une odeur que nous connaissons et si elle nous est agréable pour, ensuite la conserver en mémoire sous forme d’une carte neuronale ". Et tout ce travail se construit en une fraction de seconde.

" Certaines odeurs comme la lavande a un effet relaxant. Elles diminuent la fréquence cardiaque et la tension artérielle "

Une fois la cartographie réalisée, un travail plus précis se concrétise avec des questions comme " Cette odeur sent-elle un fruit ? Est-elle une pomme ? Et plus précisément, quel type de pomme ?", explique le neuroscientifique.

Même si l’odorat peut être plus sensible chez certaines personnes que d’autres, l’entraînement quotidien est le seul moyen de réussir à identifier précisément une odeur. Les parfumeurs et les œnologues en savent quelque chose. Ils ont dû beaucoup travailler pour être à ce point précis.

Le système olfactif a deux fonctions principales dans le cerveau : la capacité de stimuler notre bien-être et d’éviter un danger. Concernant la première, une fois stimulée dans notre cerveau, notre système olfactif va envoyer des informations aux organes de notre corps comme le cœur. La lavande a ainsi un effet relaxant. Elle diminue la fréquence cardiaque et la tension artérielle. Elle permet de mettre le corps au repos. " Il existe des catégories d’odeurs comme la cannelle, les agrumes, la vanille qui sont universellement appréciées. Mais le bien-être est lié à des odeurs agréables qui nous sont très personnelles " précise le neuroscientifique.

" Je conseille de prendre un calepin et de noter les odeurs qui nous interpellent et la raison de cet attrait "

Pour que le lien entre odorat et bien-être se crée, le chercheur conseille de faire un travail de recherche personnel et ludique. " L’idée est de s’interroger sur soi-même. Quels sont les groupes d’odeurs qui me sont les plus plaisants ? Est-ce que je préfère les odeurs culinaires, celles de la forêt ou l’odeur iodée de l’Océan ? C’est un travail personnel à faire qui est agréable ", souligne le neuroscientifique.

Pour y parvenir, l’écriture est un bon moyen, en construisant " un calepin olfactif ". " Je conseille de noter les odeurs qui nous interpellent et la raison de cela. Me rappelle-t-elle un bon souvenir ou un mauvais ? L’idée est de tenir ce carnet de bord quotidiennement ". Pour enrichir notre bien-être olfactif, il faut donc remettre notre sens olfactif au centre de la journée. Mais comment faire lorsque celui-ci nous fait défaut ?

" Pour stimuler ce que j’appelle la fontaine de jouvence olfactive, je recommande quatre huiles essentielles "

Les fonctions olfactives ont toujours accompagné l’histoire de l’humanité. L’odorat nous protège de dangers multiples. " Il nous alerte en cas d’incendie, de fuites de gaz ou d’aliments avariés ", indique Hirac Gurden. L’odorat a été donc essentiel dans le développement des sociétés humaines.

On imagine donc aisément les problèmes que la perte de l’odorat peut causer chez les personnes qui l’ont perdu. Avec l’âge, la sensibilité auditive et visuelle diminue. Les appareillages deviennent nécessaires. Et bien pour l’odorat c’est pareil, la sensibilité olfactive s’amenuise. Mais avec une subtilité plutôt positive : " Contrairement à l’audition ou à la vue, les micros-détecteurs olfactifs présents dans les narines se renouvellent tout au long de la vie ". Il suffit d’un petit coup de pouce pour améliorer nos capacités.

Dans un premier temps, en cas de perte d’odorat, il est important de consulter un médecin ORL pour mettre de côté un problème médical. Lorsque celui-ci est écarté, la rééducation olfactive devient intéressante. Et elle peut être faite soi-même. " Pour stimuler ce que j’appelle la fontaine de jouvence olfactive, je recommande quatre huiles essentielles : citron, rose, eucalyptus et clou de girofle ». Cet exercice simple se réalise tous les jours pendant trois mois. Respirer les quatre huiles essentielles pendant quelques secondes, le matin et le soir avant le repas ". La sensibilité olfactive est en effet plus accrue à jeun et l'entraînement aura davantage d’effets bénéfiques dans ces conditions.

L’association " Anosmie.org " dont Hirac Gurden est le référent scientifique propose un protocole de rééducation détaillée et gratuit sur son site internet et permet également aux personnes souffrant de trouble olfactif de trouver des solutions pour retrouver ce plaisir quotidien.

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