IstockCarrefour epingle par les associations, faut-il encore acheter du poisson au supermarche ?

Plusieurs mois se sont écoulés depuis la première alerte des ONG Bloom et Foodwatch contre les enseignes de supermarchés sur les “atteintes à la santé et à l’environnement causées par l’industrie du thon en boîte. Alors que rien ne change, les associations de consommateurs annoncent, lundi 17 mars, attaquer le groupe Carrefour en justice. "Ces manquements sont graves. Carrefour doit agir et nous faisons appel à la justice pour l’y obliger", précisent les deux ONG dans un communiqué.

Contamination et danger du mercure

Face au scandale sur la concentration de mercure dans le thon en boîte, révélé en octobre 2024 et relayé sur Medisite, il est aujourd’hui difficile de savoir si l’on fait le bon choix en matière de poisson. S’il n’est pas frais, ces animaux marins peuvent représenter un risque pour la santé. Il est donc normal d’avoir quelques réticences au moment de l’achat. Sachant que, pour la plupart des Français, l’achat en supermarché est souvent la meilleure solution, 60 Millions de consommateurs s’est intéressé aux meilleures enseignes pour garantir un poisson de qualité.

Dans leur enquête publiée en octobre 2024, ils ont évalué trois critères : le type de poisson (saumon, thon et cabillaud), la présence de polluants et d’antibiotiques. Ils ont ensuite analysé les poissons vendus dans différents magasins en France.

Quel est le poisson le plus pollué ?

Verdict : pour le cabillaud, c'est Monoprix qui arrive en tête des enseignes les plus intéressantes, suivie de près par Lidl et Auchan. Pour le saumon, la première place revient à Carrefour, suivi par l’enseigne Monoprix Bio. Quant au thon, Lidl et Monoprix arrivent en tête malgré une note dégradée de 8,5/20.

Maintenant que l’on y voit plus clair sur les enseignes les plus adaptées, comment reconnaître un poisson frais, qui n’a pas été élevé aux antibiotiques et qui respecte la pêche durable parmi la multitude de produits de la mer déversés sur les étals ? Lorsque l’on se retrouve face à un large choix, difficile de s’y retrouver. Heureusement, certaines associations expertes en pêche peuvent nous aider à y voir plus clair.

L’association Bloom, engagée dans la protection du milieu marin, sensibilise la population générale aux bonnes pratiques en termes de consommation de poisson et de fruits de mer. Elle donne d’ailleurs sept conseils à suivre pour ne pas se tromper et garantir un produit de qualité, bon pour la santé.

Se méfier des labels

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"Ne vous fiez donc pas aveuglément aux labels et à la certification (dont le fonctionnement même tend à privilégier les flottes de pêche industrielles). Il existe beaucoup trop d’exemples de pêcheries certifiées durables « au rabais » par les principaux écolabels tels que MSC, Friend of the Sea ou Pavillon France", précise l’association sur son site.

Les petits labels comme l’Association des ligneurs de la pointe Bretagne sont plus fiables. Problème : il est difficile de les trouver dans tout l’Hexagone.

Éviter le thon en boîte suite à l'intoxication au mercure, le saumon et la crevette d’élevage 

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Faut-il arreter de manger du thon ?

Le thon pâle ou blanc est le poisson le plus consommé en France. Pourtant, il est associé à un risque pour la santé suite à l'intoxication au mercure, à un massacre écologique et à des abus de droits humains. Pour les amateurs de poisson, l’association précise qu’il est préférable de privilégier le thon frais plutôt que celui en boîte.

Le saumon d’élevage est également à proscrire. La scientifique Alexandra Morton explique pourquoi sur le site de Bloom :

  • ce poisson gras est nourri en partie avec des farines de poissons comestibles tels que la sardine, le hareng et l’anchois, ce qui n’a aucun sens.
  • En avril 2013, la Norvège a obtenu des pouvoirs publics dont l’Union européenne l’autorisation de multiplier par dix la concentration d’endosulfan dans la nourriture des saumons d’élevage. Il s’agit d’un pesticide interdit dans de nombreux pays pour sa dangerosité sur la santé humaine pour les jeunes enfants comme les adultes. 
  • Des médecins norvégiens déconseillent aux femmes enceintes et aux enfants de manger du saumon d’élevage, car il contient des taux élevés de toxines néfastes pour le développement du cerveau des bébés.
  • Les fermes de saumon en mer causent de nombreux dégâts environnementaux : accumulation des excréments sous les cages, mutations accélérées des pathogènes qui se retrouvent dans l’océan, phoques et oiseaux piégés dans les filets…

Concernant les crevettes, les élevages sont souvent intensifs de grandes quantités et les animaux mal nourris. "Préférez une alternative sauvage, pêchée sur nos côtes. Les crevettes bouquet et grises peuvent, en plus, être moins chères au kilo", souligne l’association.

Privilégier le circuit court

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Le circuit court favorise la pêche artisanale par rapport à la pêche industrielle. L’association met en avant une enseigne : Poiscaille, la version marine du panier de légumes. L’entreprise propose en ligne des produits frais de moins de 72 heures, issus d’une pêche respectueuse de la biodiversité. Atout supplémentaire : la possibilité de récupérer sa commande dans plus de 1 500 points relais à travers la France.

Diversifier le contenu de son assiette

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"Essayez d’autres espèces que vous connaissez peut-être moins bien, comme le merlu, le tacaud, le merlan bleu, l’anchois ou la sardine. Ces espèces de poissons sont peu valorisés mais pourtant très savoureux. De plus, ils sont riches en oméga-3 et accumulent beaucoup moins de substances chimiques toxiques (exposition au mercure, arsenic…)", souligne l’association.

Repérer les critères d’un poisson frais pour la santé

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Le poisson lui-même donne quelques indices pour faire le bon choix :

  • Son corps est rigide et ferme.
  • Ses écailles sont luisantes, avec un léger film transparent. La peau est glissante au toucher.
  • Son odeur est fraîche et iodée.
  • Sa chair est ferme, élastique et brillante. Son abdomen est sans taches.
  • Ses ouïes doivent être rouge clair et intactes. Si elles sont grises ou brunes, le poisson n’est plus frais.
  • Son œil doit être brillant, bombé et clair.

Vérifier la traçabilité

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Depuis 2002, une réglementation européenne impose aux distributeurs de fournir plusieurs informations :

  • Le nom de l’espèce
  • La zone de pêche
  • Le mode de production : sauvage ou d’élevage
  • La méthode de capture : ligne, chalut, filet… (les chaluts et filets sont critiqués par les associations pour les effets destructeurs de cette activité humaine sur la biodiversité)

Éviter trois erreurs courantes

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  1. Acheter uniquement des espèces populaires : "Il faut diversifier ses achats. Se focaliser sur une espèce accentue la pression sur la ressource et crée la pénurie, comme pour le cabillaud."
  2. Confondre fraîcheur et prix : un poisson cher n’est pas forcément plus frais ou de meilleure qualité.
  3. Ignorer l’étiquetage : prendre le temps de lire les informations pour faire un choix éclairé.

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