
Barbara Tite, une sexagénaire britannique, n’imaginait sans doute pas qu’elle allait vivre une telle mésaventure quand elle est admise à l’hôpital général de Milton Keynes situé entre Londres et Birmingham en juin 2024, à la suite d’une perforation de l’intestin. Si l’opération est un succès, Barbara n’est pas près d’oublier son déroulement, elle qui est pourtant habituée des blocs, puisqu'elle a subi plus de quarante d’opérations chirurgicales dans sa vie, dont certaines lourdes (pour l’ablation d’une tumeur du cerveau notamment). Elle explique n’avoir jamais ressenti jusque là un tel sentiment d’insécurité. Le problème ? Barbara se réveille quelques minutes après le début de l’opération, dans un état de semi-conscience, pétrifiée et incapable de parler.
Barbara se réveille pendant l’opération, incpable de parler ou de bouger
Elle s’est confiée à la BBC et rapporte se souvenir d’avoir été anesthésiée et avoir sombré dans le sommeil mais “l’instant d'après, j'étais consciente. C'était la conscience anesthésiée. On sait ce qui se passe autour de soi, mais on est complètement figé.” Barbara raconte s’être sentie comme étant “enterrée sous terre” et avoir finalement réussi à bouger un peu la main pour que les médecins comprennent et augmentent l'anesthésie. Depuis, la britannique souffre d’un syndrome post-traumatique (SPT) et poursuit l’hôpital en justice pour obtenir réparation.
Contacté par nos confrères de la BBC, l’hôpital apporte une autre explication : “Nous pensons qu’elle a ressenti une sensation de conscience alors qu’elle sortait de l’anesthésie à la fin de son opération, et nous reconnaissons pleinement à quel point cela a été difficile pour elle, en particulier à la lumière de ses antécédents.”
Anesthésie : peut-on se réveiller pendant une opération ?
On estime qu’un réveil pendant l’anesthésie générale intervient toutes les 19 000 ou 20 000 opérations et touche 1 à 2 % des patients.
“Il s'agit d'un vrai sujet, un phénomène connu et mal appréhendé, avait expliqué Francis Bonnet, vice-président de la Société française d'anesthésie et de réanimation à nos confrères du Figaro il y a quelques années. Nous savons qu'au cours de ces événements très rares, le patient a une perception réelle de son environnement pendant quelques minutes et s'en souvient à l'issue de l'opération, immédiatement ou dans les jours qui suivent. C'est presque toujours un événement psychologiquement traumatisant.”
Il faut reconnaître que pour les médecins-anesthésistes, la tâche n’est pas aisée. Ils sont parfois obligés de sous doser les médicaments anesthésiants, pour préserver certains patients plus à risque d’effets secondaires (patients âgés par exemple) et doivent donc en permanence trouver le bon équilibre entre le trop et le trop peu.
Si vous avez des inquiétudes pour une prochaine opération chirurgicale, n'hésitez pas à faire part de votre état d’esprit auprès du médecin-anesthésiste qui vous recevra avant votre admission à l’hôpital.