3,8 milliards. C’est le nombre de vues que Facebook a fourni aux plateformes de fausses informations dans le domaine de la santé, sur les douze derniers mois. Autrement dit, le nombre d'informations fallacieuses ou erronées qui circulent sur le réseau social est impressionnant, et les internautes sont nombreux à tomber dans le panneau.
Ce chiffre colossal est le résultat d’une enquête de l’ONG Avaaz, relayée par la BBC. Et il ne concerne que cinq pays : les États-Unis, le Royaume-Uni, l'Allemagne, l'Italie et la France. Pour l’organisation, pas de doute : Facebook constitue une “menace majeure” pour la santé publique. Le géant américain a rapidement réagi, en déclarant que ces résultats “ne reflétaient pas les mesures [qu’ils ont] prises” pour contrer la désinformation.
Les sites de fake news, plus suivis que les sources officielles !
Rien qu’en avril, période où l’épidémie de Covid-19 s’est intensifiée dans les pays étudiés, les sites de fausses informations ont enregistré 460 millions de vues grâce au réseau social. Pire encore, les dix principaux sites de “fake news” ont enregistré quatre fois plus de visites que les dix sources officielles les plus importantes, telles que l’Organisation mondiale de la Santé.
Et deux d’entre eux sont Français ! ripostelaïque.com se place en 5e position des sites de fausses informations les plus influents, et lesmoutonsrebelles.com, en 7e position.
Les fake news, régulièrement partagées sur Facebook
Une grande partie de cette désinformation a été partagée sur des pages publiques Facebook, 42 d’entre elles étant suivies par plus de 28 millions de personnes. Vous êtes peut-être d’ailleurs vous-même déjà tombé sur l’un de ces contenus fallacieux, parmi lesquels on peut citer :
- Un article soutenant que Bill Gates soutenait un vaccin contre la polio, ayant entraîné la paralysie d’un demi-million d’enfants en Inde. Il a été vu 8,4 millions de fois.
- Un papier proposant des faux remèdes contre des maladies mortelles, comme l’argent colloïdal pour traiter Ebola, qui a enregistré 4,5 millions de visites.
- Une news affirmant que la quarantaine pouvait nuire à la santé publique, avec 2,4 millions de vues.
- La première page de RealFarmacy, qui conseille d’utiliser l’origan pour soigner la plupart des maladies.
Les efforts de Facebook pour contrer les fausses informations, inefficaces ?
Face aux résultats de cette enquête, Facebook a publié un communiqué pour se justifier. "Nous partageons l'objectif d'Avaaz de limiter la désinformation. Grâce à notre réseau mondial de vérificateurs d’informations, nous avons apposé des étiquettes d'avertissement sur 98 millions d'informations erronées liées au Covid-19 entre avril et juin, et supprimé sept millions de contenus pouvant entraîner un préjudice immédiat”, indique l’entreprise.
“Nous avons renvoyé plus de deux milliards de personnes vers les contenus des autorités sanitaires et, lorsque quelqu'un veut partager un lien sur le Covid-19, nous faisons apparaître une fenêtre pop-up pour les mettre en relation avec des informations fiables sur la santé”.
Malgré tous ces efforts, le rapport d’Avaaz suggère que seulement 16 % des fake news santé relayées sur le réseau social portaient une étiquette d’avertissement. C’est la raison pour laquelle le directeur de campagne de l’ONG estime que “l’algorithme de Facebook est une menace majeure pour la santé publique”.
"Mark Zuckerberg a promis de fournir des informations fiables pendant la pandémie”, poursuit-il. “Mais son algorithme sabote ces efforts en conduisant une bonne partie de ses 2,7 milliards d'utilisateurs de Facebook vers des réseaux qui diffusent de fausses informations sur la santé. Cette ‘infodémie’ risque d’aggraver la pandémie, à moins que Facebook ne détoxifie son algorithme et n’apporte des corrections à toutes les personnes exposées à ces mensonges viraux”.
Facebook : comment démasquer les fake news ?
Tout le monde a déjà croisé une fausse information un jour ou l’autre en se promenant sur la toile, cela est même relativement fréquent. Certaines d’entre elles peuvent même vous sembler crédibles, et semer le doute en vous. Alors comment ne pas tomber dans le panneau ? Voici quelques questions à vous poser, avant de lire ou de partager un article sur Internet :
- Qui publie cette information ?
Commencez par vérifier qu’il s’agit d’un site fiable, comme ceux des autorités sanitaires ou de médias reconnus. Vérifiez également l’éditeur du site, qui peut être détenu par une entreprise ou un parti politique, notamment. Enfin, regardez le nom de l’auteur et sa légitimité : est-il journaliste ? Médecin ? Ses autres publications vous semblent-elles fiables et objectives ?
- L’article cite-t-il ses sources ?
Si un article indique “selon une étude très sérieuse” pour étayer ses propos, mais ne mentionne même pas celle-ci, ou cite des chiffres sans indiquer leur provenance, méfiance…
- L’information a-t-elle été publiée ailleurs ?
Si celle-ci est reprise par de nombreux médias, ou des sites institutionnels sérieux, il y a plus de chances qu’elle soit vérifiée.
- Les images ou vidéos sont-elles récentes ?
Certaines fake news s’appuient sur des images prises il y a des années, dans un contexte totalement différent. Une partie d'entre elles peuvent aussi être retouchées. Vérifiez la date des informations que vous lisez, et la cohérence des médias utilisés pour étayer ces propos.
Le gouvernement a publié un guide des questions à se poser face à une information, n’hésitez pas à le consulter pour en savoir plus. En outre, plusieurs sites se sont spécialisés dans le démasquage des fausses informations : Hoaxbuster.com ; Info Hunter ; les Décodeurs ; AFP Factuel ; Check News ; Vrai ou Fake.
Facebook 'danger to public health' warns report, BBC, 19 août 2020.
Facebook's Algorithm: A Major Threat to Public Health, Avaaz, 19 août 2020.
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