Contrairement aux idées reçues, la bactérie E. coli ne se propage pas uniquement en mangeant du poulet, du boeuf ou du porc cru ou mal cuit.
Dans une étude publiée le 22 octobre sur le site “The Lancet”, des scientifiques ont affirmé que la voie la plus probable pour attraper le virus potentiellement mortel passait par… Les particules fécales.
Une mauvaise hygiène aux toilettes explose le risque d’E. coli
Pour rappel, la bactérie escherichia coli (E. coli) est une bactérie qui s’établit dans le tube digestif de l’homme et des animaux à sang chaud.
Ces bactéries vivent dans les intestins : 80% de la flore intestinale des humains est composée d’E. Coli.
Cependant, même si certaines souches d’E. coli sont inoffensives, d'autres peuvent provoquer une intoxication alimentaire, des infections des voies urinaires et, dans le pire des cas, des infections sanguines.
C’est le cas des souches de E. coli dites entérohémorragiques (ECEH) : elles provoquent des diarrhées sanglantes et produisent une puissante toxine à l’origine du syndrome hémolytique et urémique (maladie le plus souvent d’origine alimentaire, rare en France mais potentiellement grave. Elle est la principale cause d’insuffisance rénale aiguë chez les enfants).
Régulièrement, des souches d’ECEH sont la cause d'intoxications alimentaires via la consommation de produits animaux mal cuits ou consommés crus. Les fruits et les légumes frais, ayant été en contact avec ces souches, peuvent être également à risque.
Dans l’étude, les chercheurs ont découvert que la majorité des souches résistantes du virus aux médicaments se propagent entre humains - et non en mangeant de la viande.
Pour eux, la principale voie de contamination est la mauvaise hygiène aux toilettes.
L'auteur de l'étude, le professeur David Livermore, de l'Université d'East Anglia, a déclaré : “La grande majorité des souches de E. coli, causant des infections chez l'homme, ne proviennent pas de la consommation de poulet, ni d'aucun autre élément de la chaîne alimentaire.”
Des particules fécales transmises par la bouche
La voie de transmission la plus probable pour E. coli est de l'homme à l'homme. “Autrement dit, lorsque les particules fécales d'une personne atteignent la bouche d'une autre", ajoute le professeur.
Les statistiques montrent que E. coli est la cause la plus fréquente d’empoisonnement du sang, avec plus de 40 000 cas chaque année.
Environ 10% de ces cas sont causés par des souches très résistantes qui produisent une enzyme appelée bêta-lactamase à spectre étendu (BLSE).
Pour mieux comprendre ces souches, le professeur Livermore et ses collègues ont séquencé les génomes d'E. coli producteurs de BLSE pour l'étude.
Les échantillons ont été extraits d'infections sanguines humaines, d'égouts, ainsi que de bœuf, de porc et de poulet.
Ils ont découvert que les souches de BLSE-E. coli, extraites des échantillons humains, étaient similaires, mais différaient tout de même des souches présentes chez les animaux.
“Cela signifie qu'il y a peu de croisement entre la souche E. coli des animaux et celle des humains”, a déclaré le professeur Livermore.
Résultat, "dans le cas de la BLSE-E. coli, il est très important de se laver les mains après être allé aux toilettes." Ce réflexe est d’autant plus important que les souches E. coli sont résistantes aux antibiotiques et à l’eau.
Ainsi, l’équipe de chercheurs admet “vouloir limiter les infections graves du sang causées par la E. coli résistante aux antibiotiques. Pour ce faire, il faudra conseiller aux patients de mieux se laver et d’apprendre à mieux se soigner en cas d’intoxication”.
Escherichia coli produisant des β-lactamases à spectre étendu dans des échantillons d’origine humaine et de chaîne alimentaire en Angleterre, au Pays de Galles et en Écosse : surveillance épidémiologique et étude de typage, The Lancet, 22 octobre 2019.