Les saisons influencent-elles nos décisions ?Istock
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Avec l’arrivée du mauvais temps et le changement d’heure, nos journées se raccourcissent et deviennent plus maussades. Pour beaucoup d’entre nous, il en va de même de notre humeur, et cela impacte nos prises de décisions. Christian Richomme, psychanalyste et thérapeute à Paris, voit son agenda plein en cette période d’automne. Il nous explique le phénomène.

Medisite : Comment les saisons influencent-elles notre humeur ?

CR : Par plusieurs biais, qui dépendent beaucoup de la lumière. Cette dernière joue un rôle dans la production d’hormones comme la sérotonine, hormone du bien-être, et la mélatonine, hormone du sommeil. Or, quand on dort moins bien, on est plus vulnérable.

En plus de cela, lorsque le soleil se lève plus tôt, se couche plus tard et que le temps est plus clément, nous passons davantage de temps dehors, avec nos proches, dans la nature ou à profiter de bons moments. Notre circuit de récompense est activé et notre besoin de contact social est nourri.

A l’inverse, dès l’automne, certains de mes patients m’indiquent “être dans un tunnel” jusqu’à la fin de l’hiver. A cause du froid et du manque de lumière, ils ont moins d’activités, sont plus fatigués, moins motivés et concentrés. Pour résumer, ils s’isolent. Certains appréhendent même cette période à l’avance.

Medisite : En quoi cela impacte-il nos décisions ?

CR : Or, tous ces changements jouent sur nos prises de décisions, au niveau professionnel et personnel. Nous ne ferons pas les mêmes choix selon que nous sommes enjoués, optimistes, en colère, tristes, ou encore apeurés.

Lorsque nous nous sentons isolés et que l’angoisse s’installe, on rumine les pensées négatives. La peur et le doute, voire aussi la procrastination, prennent plus de place. Nos décisions sont alors biaisées ou hésitantes : on a plus de mal à se lancer et sortir de sa zone de confort.

Heureusement, ce phénomène reste cyclique : il arrive et repart seul en général, et ne touche pas tout le monde de la même manière. Mais lorsqu’un terrain d’angoisse ou de dépression sont déjà présentes, ils peuvent s’accentuer : c’est un coup double.

Medisite : Comment contrer cet effet saisonnier ?

CR : Il faut renforcer la force vitale. Cela passe par quatre grands piliers : en adoptant une alimentation riche et variée, en ayant une activité physique et en s’octroyant des plaisirs simples, on peut limiter la casse sur le pilier le plus important : le sommeil. Nous savons tous qu’une bonne nuit de sommeil porte conseil !

Concernant les plaisirs, il peut s’agir d'activités en solo ou à plusieurs : voir des amis, regarder des films, pratiquer de nouvelles activités ou tout simplement déguster son plat préféré.

On peut également profiter des saisons d'automne et d’hiver pour apprendre à se connaître et mettre en place une discipline, des habitudes nous permettant d’éviter les moments plus difficiles de ce cycle. C’est à cela que servent les résolutions de la nouvelle année : nous nous imposons une rigueur pour avoir un coup de boost.

Sinon, les pays scandinaves ont une organisation différente : ils dînent plus tôt donc gardent des échanges sociaux même en hiver. Ils font aussi attention à la lumière, avec la luminothérapie.

Medisite : Finalement, quelle est la meilleure saison pour prendre une décision ?

CR : Il n’y a pas de meilleure saison pour faire face à une décision ! Pour chacune d’entre elles, nous nous devons de trouver des ressources et des compétences pour la prendre. Même s’il apparaît plus aisé d’en prendre une au printemps ou à l’été, il serait tout de même dommage d’attendre six mois pour le faire…

L’hiver est aussi une période pour se trouver soi-même, et cela peut être utile pour prendre une décision. Finalement, il faut trouver le bon dans chaque saison.

Sources

Interview de Christian Richomme, psychanaliste et thérapeuthe.

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