C’est une reconnexion à la nature promue au rang de mode de vie chez les Scandinaves et dans l'ensemble des pays nordiques. Le "friluftsliv", qui signifie littéralement "la vie en plein air" en norvégien, est un véritable art de vivre qui consiste à vivre dans la nature pour apaiser son esprit et se déconnecter. Vivre dehors pour être heureux, c’est donc la philosophie de vie prônée par le “friluftsliv”.
Si on commence à connaître le “hygge”, mode de vie danois qui consiste à profiter de moments de réconfort et de cocooning chez soi pour favoriser le bien-être, on connaît moins ce mode de vie norvégien baptisé “friluftsliv”.
Un rapport fusionnel à la nature pour être heureux
Le mot est apparu pour la première fois dans le poème d’un célèbre dramaturge norvégien nommé Henrik Ibsen en 1859. Il y décrivait le besoin d’un protagoniste de s’isoler pour réfléchir dans la nature. Les Norvégiens sont d'ailleurs de vrais adeptes des sorties en plein air, que ce soit pour se balader, pêcher, faire du ski ou même simplement lire. Il faut savoir qu’il existe des bibliothèques et des garderies en plein air dans le pays pour initier les enfants au friluftsliv dès leur plus jeune âge.
Afin de mieux comprendre cette philosophie de vie, Medisite a recueilli les confidences de Ulla, Finlandaise de 64 ans, qui nous explique son rapport fusionnel à la nature. Un mode de vie finlandais qu’elle conserve depuis qu’elle vit en France. Ulla partage ce rapport à la nature qu'ont les Norvégiens qui sont selon elle "très patriotes" et souhaitent mettre en valeur leur patrimoine naturel. "Quand on lit les écrivains nordiques, on se rend compte que la nature a une importance énorme. Ils ont tout un vocabulaire énorme pour décrire la nature", fait-elle remarquer.
Quand j’étais enfant, je vivais dans la nature
Ulla.
Originaire de Kotka, ville de Finlande située au sud-est du pays entourée par la mer, Ulla a toujours vécu en osmose avec la nature. “Quand j’étais enfant, je vivais dans la nature. Mes parents avaient une cabane entourée de prairies avec la mer tout près”, se souvient Ulla.
Chaque week-end, c’est le rendez-vous incontournable pour sa famille, qui se retrouve dans ce petit cabanon sans eau ni électricité immergé au cœur de la nature finlandaise. “C’était mon paradis, j’ai passé mon enfance pieds nus sans aucune interdiction. La nature était omniprésente et on y allait quelque soit le temps, qu’il pleuve, qu’il vente ou qu’il fasse froid”, se souvient-elle.
Un mode de vie contemplatif à l’écoute de la nature
Une enfance aux prises avec la vie sauvage qui a créé chez elle un rapport charnel et passionnel à la nature. Elle se souvient comment son père la laissait parfois seule toute une journée dans cette cabane isolée sans surveillance.
Je regardais les arbres, j’étais très sensible aux gouttes de pluie sur les feuilles. Je restais là à bouquiner
Ulla.
Un mode de vie contemplatif presque méditatif qui se base sur la reconnexion à la nature. “Mon père me déposait le matin et venait me chercher le soir. J’étais seule à flâner, traîner dans la cabane. J’aimais bien quand il pleuvait, j’adorais il y avait une toiture en tôle et j’entendais les gouttes de pluie dessus. Je regardais les arbres, j’étais très sensible aux gouttes de pluie sur les feuilles. Je restais là à bouquiner”, se souvient Ulla.
Un amour de la nature qui ne l’a jamais quitté et qu’elle pense être profondément lié à son pays d’origine, la Finlande. “Là-bas, la nature est omniprésente, depuis tout petit. J’ai des souvenirs de la crèche au milieu de la forêt. On était déjà tout le temps dehors à créer des barrages. On est élevé comme ça”, confie-t-elle. Elle explique qu’en Finlande et dans toute la Scandinavie, “les gens rentrent beaucoup plus tôt du travail donc après manger souvent avec mes parents on allait se poser sur un rocher pour regarder la mer”.
Friluftsliv : une source de bien-être et de réconfort
Faire corps avec la nature est pour elle aujourd’hui une source de bien-être et de réconfort. “Quand je ne suis pas bien, je nage, je reste au soleil. Je pense que le chaud-froid me rappelle aussi le sauna traditionnel finlandais”. Des vertus démontrées scientifiquement puisque d ans une étude publiée dans la revue spécialisée Public Health in Practice, des chercheurs de l’université japonaise de Tsukuba démontrent les bienfaits d'une balade en forêt ou dans des espaces verts peuvent avoir dans la diminution du stress. Cela renforcerait au notre résistance à l'anxiété.
J’ai l’impression que je me jette dans les bras de mon pays
Ulla.
Une expérience de fusion avec la nature et son pays parfois très forte. Ulla se souvient notamment de ses plongées dans un lac près de la ferme finlandaise de sa cousine. “Après le sauna, c’est le premier plongeon dans le lac, nue, le moment fort. J’ai l’impression que je me jette dans les bras de mon pays. Je fais partie de cette nature”, explique la finlandaise expatriée en France.
Pratique originaire du Japon, la sylvothérapie est aujourd’hui très à la mode. Elle désigne une pratique de soin au contact des arbres qui a pour but de déstresser et de ressentir davantage de bien-être. Une habitude qu’a déjà Ulla depuis de nombreuses années. “Quand je pense à la Finlande, je vois les pins et leur tronc doré par le soleil et ça me donne envie de les enlacer. Tu fais fusion avec la nature”.
Les bienfaits du froid pour la santé
Ulla assure que dans les pays nordiques, "on croit aux bienfaits de la nature sur la santé". Elle explique comment on a l'habitude dans les pays nordiques de "mettre les bébés dehors dans le landau dans le froid", pour les faire respirer et renforcer leur système immunitaire. En 2011, le chercheur finlandais Marjo Tourula, de l’université d’Oulu, a même assuré dans une étude que pour améliorer les défenses immunitaires, mais aussi la qualité du sommeil des enfants, la température ambiante idéale oscillerait autour de -5 degrés.
"Pour moi c'était évident de sortir mes enfants, et ce peu importe le temps. Pour moi le froid c'est absolument pas grave, on n'a pas le même rapport qu'en France avec cela", assure Ulla. Elle estime que "les enfants dorment mieux quand on les sort dehors et que c'est pour eux une question de santé".
Ulla juge que "c'est une question de culture" et prône un mode de vie simple proche de la nature. Selon elle, cette connexion à la nature "est très apaisante et permet de se déconnecter de tout".
Merci à Ulla Auvinen-Verguin pour son témoignage.
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