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« L’amitié est nécessaire à l’épanouissement personnel », avance d'emblée Marie-Laure Aubignat, psychologue. « Elle permet à l’individu de partager un lien affectif et de se sentir au plus proche de soi-même avec un ou plusieurs autres choisis ». Si l'on n’a pas le pouvoir de choisir sa famille, on a effectivement celui de choisir ses amis.

Relations sociales :une identification commune

L'amitié naît souvent dans des moments propices à l'ouverture, en particulier lors d'un changement, quand « l'individu est confronté à un grand stress ou une solitude du fait du caractère nouveau d'une situation », analyse la spécialiste. « C'est notamment le cas lorsque l'on quitte notre cadre habituel, notre famille, voire notre pays d'origine. La perte des repères peut provoquer un malaise que l'on cherche à remédier grâce à autrui ». Le lien amical se crée alors sur une « identification commune, un partage des valeurs, une affinité de croyances ou de moments spéciaux passés ensemble ». Les amitiés acquises pendant l'adolescence sont souvent les plus fortes, car c'est une période de la vie particulièrement stressante pendant laquelle les individus traversent de nombreux moments cruciaux.

Un lien nécessaire à l'épanouissement

Ce lien est différent des autres relations sociales de la vie quotidienne car c'est celui de personnes qui se sont choisies. « L'ami permet de donner des réponses à nos interrogations, à nos questions ou des conflits laissées en suspens dans la sphère familiale. C'est très important pour le moral et pour l'épanouissement ». L'amitié nous apporte une certaine sécurité affective qui est essentielle car elle nous rassure dans les moments difficiles. Les amis nous permettent d'échanger et de verbaliser nos angoisses et ressentiments. Ils sont à la fois notre refuge et ceux qui nous permettent de nous remettre sur le chemin. « L'amitié offre aussi une ouverture sur différents possibles et nous permet de nous sentir bien vivants », ajoute Marie-Laure Aubignat.

Pour vieillir en bonne santé

Plusieurs études ont montré que l'absence d'amitié et la solitude pouvaient avoir de graves conséquences sur notre bien-être, aussi bien psychologique que physique. Les chercheurs de l'université d'État du Michigan aux États-Unis sont allés plus loin en réalisant une étude sur 323 000 personnes dans 99 pays. Les résultats, publiés dans la revue Frontiers of Psychology en janvier dernier, montrent que les personnes qui s'investissent beaucoup dans l'amitié ont une meilleure santé physique et psychologique, notamment chez les personnes âgées et les moins instruites.

L'amitié est parfois soumise à rude épreuve et les conflits ne sont pas toujours évitables. Quelques clés sont essentielles à mettre en place pour ne pas perdre définitivement l'ami en question.

Réconciliation : savoir faire table rase du passé

Quelle que soit l'origine du conflit, il faut souvent réaliser un gros travail sur soi pour y mettre un terme. L'empathie et la bienveillance sont les deux cartes à jouer pour reconstruire une amitié.

Se remettre en question

Pourquoi l'amitié s'est-elle cassée ? N'ai-je pas été assez présent(e) ? Ai-je manqué d'attention envers mon ami(e) qui en avait besoin ? Plusieurs événements peuvent avoir mis à mal l'amitié. Il est important de se poser des questions en restant le plus honnête possible avec soi-même afin de comprendre les enjeux de cette rupture.

Rester ouvert

Le point de vue de l'autre n'est pas forcément le même que le nôtre. L'amitié repose beaucoup sur des valeurs partagées, mais des désaccords peuvent parfois survenir. « Il peut arriver que l’on soit moins en phase avec l'ami rencontré d'il y a des années car, que nous le voulions ou non, nous changeons », argumente la psychologue. Dans ce cas, il est primordial d'accepter que l'opinion de l'ami(e) est tout aussi légitime que la nôtre. Et il est parfois nécessaire de se « projeter dans sa peau » pour réussir à comprendre ses émotions sans préjugés.

Rétablir la communication

« Essayer de réparer une amitié par le retour d’un lien agréable peut permettre de la renforcer et de l'approfondir », commente Marie-Laure Aubignat. « Selon Freud, la liaison, reste la caractéristique majeure des pulsions de vie par opposition aux pulsions de mort. Le lien social l'emporte donc toujours sur la dé-liaison ». En cas de rupture totale, il ne faut donc pas hésiter à prendre les choses en main et à rentrer en contact avec son ami(e). Coup de téléphone, SMS, lettre, e-mail... Tous les moyens sont bons pour rétablir la communication, à condition de réussir à faire table rase du passé et de redémarrer la relation sur un socle plus serein.

Amitié : repartir sur de bonnes bases

Il est déconseillé de faire comme s'il ne s'était rien passé : reconstruire des bases solides passe d'abord par le dialogue et l'écoute de l'autre. Si abcès il y a, il ne faut pas hésiter à le crever. C'est le moment d'aborder les points de désaccord, et pourquoi pas de faire des critiques, à condition qu'elles restent constructives et que l'échange se déroule dans la bienveillance.

Au placard la fierté mal placée, c'est également le moment des excuses. Parfois difficiles à prononcer, elles sont pourtant nécessaires pour faire la paix avec le passé, aussi bien pour vous que pour votre ami(e).

Respecter l'évolution de l'autre

Certaines frustrations peuvent apparaître avec les amitiés de longue date, en particulier lorsque « nous restons fixés sur l’idée de la façon dont la relation était autrefois », analyse la psychologue. « La réalité est que nous nous transformons tous au fur et à mesure, notre quotidien et nos priorités changent aussi ». Il faut donc apprendre à faire la part des choses en acceptant ces nouvelles dynamiques afin de préserver les besoins de l'autre.

« Et parfois, l'ami(e) d’hier, d'il y a des années, peut avoir beaucoup trop changé et ne plus correspondre à ce que vous aviez traversé ensemble. Ce n’est pas grave, l'amitié peut ne pas durer ». Dans ce cas, Marie-Laure Aubignat conseille de ne pas craindre le changement et de se tourner vers un nouveau groupe d'amis(es). « Probablement a-t-on changé soi-même aussi à notre insu ».

Sources

Merci à  Marie-Laure Aubignat, psychologue 

Étude sur les bienfaits physiques et psychologiques de l'amitié : https://www.frontiersin.org/articles/10.3389/fpsyg.2020.570839/full

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