Si l’épidémie du Coronavirus Covid-19 perd un peu de sa vigueur en Chine, le nombre de pays où des cas ont été recensés, ne cesse de grossir. La progression de cette épidémie de pneumonie virale, difficile à traiter, crée des craintes et des tensions autours des stocks de médicaments.
L’Inde qui compte actuellement 3 cas de Covid-19 sur son sol, a décidé de bloquer les exportations des médicaments utilisés pour soigner la maladie comme des antibiotiques, vitamines et hormones. Les autorités locales ont indiqué avoir pris cette mesure pour éviter une pénurie dans ses hôpitaux.
Cette initiative n’est pas du goût de sa voisine touchée de plein fouet par la maladie : la Chine. Ji Rong, porte-parole de l'ambassade de l'Empire du milieu en Inde, rappelle que l'OMS a demandé à plusieurs reprises à tous les pays de ne pas imposer de telles restrictions "Les recommandations de l'OMS devraient être suivies par toutes les parties", a-t-il déploré. Il espère ainsi que les autorités locales examineront à nouveau la situation épidémique de manière “objective, rationnelle et calme”.
Toutefois, New Delhi campe sur ses positions. Raveesh Kumar, porte-parole du ministère des Affaires extérieures du gouvernement indien, a expliqué "Comme tout autre nation, l'Inde, qui compte plus d'un milliard d'habitants, a la responsabilité de prendre des mesures pour lutter contre la propagation de l'épidémie du Covid-19 qui - si elle n'est pas correctement gérée - peut devenir un risque mondial".
Coronavirus : la chambre de commerce européenne en Chine également inquiète
L’Inde n’est pas la seule à craindre une pénurie de médicaments. La chambre de commerce européenne en Chine a récemment tiré la sonnette d’alarme. Face au ralentissement économique chinois et aux problèmes d'approvisionnement engendrés par l'épidémie, elle redoute une pénurie d’antibiotiques ou de médicaments courants comme le Doliprane ou plus grave les traitements anticancéreux ou contre l'hypertension.
En effet, 80% des principes actifs des médicaments les plus courants comme la pénicilline et le paracétamol sont fabriqués hors de l'espace économique européen, et en grande partie en Asie. Or de très nombreuses entreprises dont des sites industriels pharmaceutiques importants, sont encore à l’arrêt en raison des mesures de quarantaine prises par le Pékin pour enrayer l’épidémie. La chambre de commerce européenne en Chine craint que la faiblesse de production de ce pays majeur dans la fabrication de médicaments, se répercute sur les stocks de médicaments de l’UE.
L'Académie nationale de Pharmacie en France partage son appréhension. Elle reconnaissait dans un communiqué publié le 12 février que le coronavirus "pourrait faire peser une grave menace sur la santé publique en France et en Europe".
Elle ajoutait ensuite "la maîtrise de la fabrication des matières premières à usage pharmaceutique est devenue un enjeu stratégique national et européen. Dans ce contexte, il faut créer les conditions d’une relocalisation en Europe de la synthèse des substances actives (voire de certains excipients indispensables à la formulation pharmaceutique), pour atteindre, par paliers, une indépendance au niveau européen, en particulier pour les médicaments indispensables, tels que les antibiotiques, les anticancéreux …".
Pénurie de médicaments : la France a des stocks
Les autorités françaises ainsi que les laboratoires se veulent rassurants. Interrogée par l’AFP, l’entreprise pharmaceutique française Sanofi a expliqué“Pour les approvisionnements, nous suivons de près la situation pour nous assurer qu'il n'y a pas de discontinuité”. Le Suisse Novartis a de son côté indiqué “A l'heure qu'il est, nous sommes confiants que nos stocks existant sont suffisants pour couvrir les besoins de production et de distribution”. Les sociétés parviennent entre autres à assurer leurs approvisionnements en faisant appel à des fournisseurs situés en Europe, en Amérique du Nord ou en Asie du Sud-Est.
L’Hexagone n'a pas de risque de manquer de médicaments à court et moyen terme. En effet, les laboratoires français ont l’obligation depuis l’année dernière d’avoir au moins 4 mois de stocks. Cette mesure avait été mise en place en France après la publication d’un rapport du Sénat sur "la pénurie de médicaments et de vaccins" en octobre 2018.
Ainsi à ce stade, il n’y a pas de problème d’accès aux médicaments liés au coronavirus en France. Toutefois, les professionnels reconnaissent que la situation pourrait évoluer si l’épidémie s’étendait sur une longue période ou si les pays à l’exemple de l’Inde, stoppaient ou réduisaient leurs exportations pour faire des stocks.
India, China spar over drug supplies, The Tribune India, 23 février 2020
Coronavirus : la pénurie de médicaments n'inquiète pas les laboratoires, Les Echos, 18 février 2020
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