L’infarctus du myocarde se manifeste par l’obstruction d’une artère coronaire qui alimente le cœur en sang et donc en oxygène. Cette privation entraîne une nécrose c’est-à-dire la destruction des cellules cardiaques. Plus cette nécrose sera étendue plus le risque de survenue d’une insuffisance cardiaque sera grand. Malheureusement un arrêt cardiaque est possible à tout moment.
Si les maladies cardiaques constituent la deuxième cause de mortalité en France, de nombreuses personnes ne sont pas conscientes du danger qu'elles représentent : "1/3 des patients ne perçoit pas les maladies cardiovasculaires comme des maladies chroniques", rapporte une enquête internationale sur la perception des risques cardiovasculaires publiée et financée par AMGEN le 14 février dernier.
Pourtant, en France, les maladies cardiaques provoquent 400 morts par jour ! Et certaines régions s'avèrent encore plus touchées que d'autres.
"L’analyse des taux standardisés régionaux montre des disparités importantes de mortalité et d’hospitalisation par cardiopathie ischémique sur le territoire français", rapporte Santé Publique France dans son dernier rapport, mis à jour en juillet 2019. En d’autres termes, les maladies cardiaques sont plus fréquentes et font plus de morts dans certaines régions.
Cardiopathie ischémique, infarctus, crise cardiaque : quelle différence ?
Une cardiopathie ischémique correspond à une insuffisance d'oxygénation du cœur (ischémie) due à un rétrécissement des artères coronaires par des plaques d'athérome (dépôt de graisse sur la paroi des vaisseaux). Le cœur est alors moins bien irrigué. L’infarctus du myocarde, appelé communément la crise cardiaque, fait partie des formes les plus fréquentes de cardiopathie ischémique.
"L'infarctus survient le plus souvent lorsqu’un caillot se forme sur une des plaques d’athérome. Les cardiopathies ischémiques font partie des cardiopathies les plus fréquentes", nous détaille le Dr Dany Michel Marcadet, cardiologue.
Photo : infarctus de la région inférieure du myocarde, en rouge sombre, la zone nécrosée de la paroi du muscle cardiaque
Crédit : Patrick J. Lynch, medical illustrator, 23 December 2006 - CC - Licence : https://creativecommons.org/licenses/by-sa/3.0/deed.en
Des facteurs de risques plus élevés dans certaines régions
Les facteurs de risque liés à l’infarctus du myocarde les plus connus à ce jour sont :
- l'augmentation du taux de cholestérol,
- le tabac,
- le diabète,
- l'hypertension artérielle,
- l'obésité,
- le stress,
- et la sédentarité.
"Les différences entre les taux d’hospitalisation observées d’une région à l’autre pourraient être dues aux différences de prévalence des facteurs de risque", explique Santé Publique France.
En clair, il existe des disparités selon les régions françaises par rapport aux facteurs de risque d’infarctus. En effet, de nombreuses maladies cardiaques sont liées à des comportements à risque (tabac, alcool ou mauvaise alimentation...).
Les habitants des régions du Nord de la France ont par exemple, une consommation de tabac et d’alcool plus importante que dans le reste du pays, ce qui amplifie leur risque d’infarctus du myocarde et pourrait expliquer les chiffres de Santé Publique France et dont nous reprenons dans le détail, régions par régions dans notre diaporama ci-dessus.
Infarctus du myocarde : une progression alarmante chez les femmes
"L’analyse des évolutions globales entre 2002 et 2014 des taux standardisés de patients hospitalisés pour cardiopathie ischémique, syndrome coronaire aigu et infarctus du myocarde montre une tendance à la baisse (respectivement -13 %, -20 % et -17 %). Ces tendances globales recouvrent toutefois des évolutions différentes selon le sexe et l’âge", relève Santé Publique France.
Concernant l’infarctus du myocarde, la prévalence parmi les moins de 65 ans est resté quasiment stable auprès de la population masculine (- 1,4 %), mais a fortement augmenté pour les femmes (+26 %).
"En adoptant le même style de vie que les hommes depuis une trentaine d’années, les femmes ont également acquis les mêmes mauvaises habitudes d’hygiène de vie : tabagisme, stress, sédentarité, déséquilibres alimentaires et plus récemment alcool", commente la Fédération Française de Cardiologie.
On constate ainsi une progression alarmante du nombre d’hospitalisations pour un infarctus chez les femmes jeunes (+ 4,8 % par an entre 2009 et 2013 pour les 45-54 ans). Une progression qui se renforce, car elle était de 3 % par an entre 2002 et 2008 sur la même tranche d’âge.
"La mortalité par cardiopathie ischémique ne reflète pas uniquement la prévalence de l’infarctus du myocarde dans une région mais aussi la prise en charge des infarctus du myocarde avec en premier lieu des inégalités territoriales (distance entre son lieu d’habitation et le centre de cardiologie interventionnelle le plus proche pour réaliser une angioplastie coronaire (pour déboucher l’artère coronaire occluse)", nous partage le Pr Alain Furber, cardiologue et Président de la Fédération Française de Cardiologie.
"Le délai d’appel du patient (appel du 15) est également un élément essentiel. Devant toute douleur thoracique prolongée plus de 20 minutes, l’appel du 15 permet une prise en charge rapide et la meilleure orientation possible du patient non pas vers le centre hospitalier le plus proche mais vers celui qui permet la réalisation 24h sur 24 d’une angioplastie coronaire".
Pour découvrir les régions les plus concernées par l’infarctus et plus largement par les maladies cardiaques, consultez notre diaporama.
La Réunion : le taux de mortalité le plus élevé du territoire français
"La Réunion présentait le taux de mortalité par cardiopathie ischémique [la forme la plus courante de cardiopathie ischémique est la crise cardiaque, ndlr] le plus élevé du territoire français", indique Santé Publique France dans son dernier rapport datant de juillet 2019.
Un résultat qui n'est pas sans rappeler une étude de l'Institut de veille sanitaire (InVS) publiée le mardi 6 novembre 2012. Elle avait alors démontré que La Réunion était la région de France la plus affectée par l’insuffisance cardiaque.
Un constat qui était prévisible : les maladies cardiovasculaires sont en effet la première cause de mortalité à La Réunion, devant les cancers. Selon un rapport de l’observatoire régional de santé datant de 2009, elles représentent 36 % des décès féminins et 29 % des décès masculins.
Bretagne : la mortalité dépasse de 20% le reste de la France
La Bretagne dépasse de plus de 20 % le taux national moyen de mortalité par cardiopathie ischémique.
"Le taux standardisé, de mortalité par cardiopathie ischémique (63,3 décès pour 100 000 habitants en Bretagne), dépasse le taux national (50,4 décès pour 100 000 habitants), selon l'Agence Régionale de Santé de la région Bretagne (chiffres 2017).
Impossible de ne pas faire le lien avec une précédente étude menée par Santé Publique France en juin 2019 qui démontrait la prévalence de certains comportements à risque dans cette région. L'enquête avait estimé l’incidence et la mortalité par cancer en France, par région.
La Bretagne arrivait en tête du classement des régions les plus affectées par les cancers du poumon, de l’œsophage et de la bouche.
La consommation de tabac est importante dans cette région. C'est pourquoi cette zone comptabilise un taux élevé de cancers pulmonaires, digestifs hauts et de maladie cardiaque, semble-t-il.
Si le tabac constitue un important facteur de risque de cancers pulmonaires, il peut aussi jouer un rôle dans la survenue de maladies cardiaques.
"Fumer fait souffrir les artères, provoquant des spasmes potentiellement mortels", explique la Fédération Française de Cardiologie. En outre, la cigarette influe sur la coagulation du sang, favorisant la formation de caillots et donc le déclenchement potentiel d’une crise cardiaque, d’une phlébite ou d’un accident vasculaire cérébral.
Fumer provoque aussi l’inflammation des vaisseaux sanguins, phénomène qui provoque également la formation de caillots. Enfin, cette mauvaise habitude diminue le taux de bon cholestérol, ce qui est un facteur de risque à long terme pour le système cardio-vasculaire.
En outre, le mode de vie des habitants de la Bretagne est aussi propice à la surcharge pondérale qui favorise les maladies cardiovasculaires.
Hauts-de-France : les habitants ont des comportements à risque
La situation de la région des Hauts-de-France est aussi particulièrement préoccupante selon les chiffres de Santé Publique France publiés en juin 2019. On observe là encore plus de 20 % de morts par cardiopathie ischémique que dans le reste du pays.
Santé Publique France a déjà souligné la prévalence des comportements à risque dans cette région, notamment sur le plan nutritionnel. La consommation de fruits et légumes est moindre dans les Hauts-de-France. En effet, cette zone présente une prévalence d’obésité parmi les plus élevées du territoire français depuis 1997. Or, l’alimentation riche en fruits et légumes protégerait de certains cancers mais aussi de maladies cardiaques, explique Santé Publique France dans un rapport publié en juin 2019.
En outre, la consommation de tabac est aussi relativement importante dans cette zone.
Normandie : parmi les plus fortes mortalités régionales par cardiopathie ischémique
La Normandie dépasse de plus de 20 % le taux national moyen de mortalité par cardiopathie ischémique, selon le rapport de Santé Publique France en date de juin 2019 (l’infarctus du myocarde faisant partie des formes les plus fréquentes de cardiopathie ischémique).
"Entre 2013 et 2015, chez les hommes, le taux de mortalité par cancer du poumon et cardiopathie ischémique s'élevait pour la Normandie à 223,1 cas pour 100 000 habitants, soulignait également Santé Publique France dans un autre rapport publié en juillet 2019
Des chiffres qui peuvent s'expliquer par la prévalence de la consommation intensive du tabac dans cette région. En Normandie, 7,5 % des jeunes fumeurs consomment au moins 10 cigarettes par jour. "Valeur significativement plus élevée que les autres régions", selon Santé Publique France (chiffres juillet 2019).
Corse : le taux d'hospitalisation explose
On ne parle, ici, pas du taux de mortalité par cardiopathie ischémique, mais du taux de patients hospitalisés pour ce type de pathologie. En Corse, "ils dépassaient de plus de 10 % le taux national moyen", relève Santé Publique France dans le rapport en date de juin 2019.
Provence-Alpes-Côte d’Azur : le plus grand nombre de fumeurs
Dans la région PACA, on dépasse également de plus de 10 % le taux national moyen de patients hospitalisés pour une cardiopathie ischémique, d'après le rapport publié en juin 2019 par Santé Publique France.
Une précédente étude de Santé Publique France (datant de janvier 2019) avait démontré que la région PACA comptait le plus grand nombre de fumeurs. En effet, en 2017, la proportion de fumeurs quotidiens chez les adultes était de 32,2 % contre 26,9 % dans le reste de la France. Un comportement à risque qui peut expliquer le taux d'hospitalisation pour cardiopathie ischémique élevé.
Grand-Est : le diabète en cause ?
La région Grand-Est dépasse également de plus de 10 % le taux national moyen d'hospitalisation pour cardiopathie ischémique.
Impossible de ne pas faire le lien avec le diabète, aussi un important facteur de risque de l'infarctus du myocarde. Selon les chiffres du Centre européen d’étude du Diabète (CEED), le Grand-Est est la région de France qui connaît la plus forte mortalité liée au diabète. "Chaque année, dans la région, entre 2011 et 2013, plus de 4 000 décès sont liés à cette pathologie chronique".
Merci au Pr Alain Fuber, cardiologue et Président de la Fédération Française de Cardiologie
Infarctus du myocarde, Santé Publique France, 25 juin 2019
Enquête KRC Research, 2019, financée par Amgen
Infarctus : faites le 15 ! Le temps gagné, c’est du cœur sauvé, Agence Régionale de Santé, Bretagne, 2017
Tabac : données, Santé Publique France, 29 novembre 2019
Infarctus chez la femme, Fédération Française de Cardiologie, 20 septembre 2016
Estimations régionales et départementales de l’incidence et de la mortalité par cancer en France, Santé Publique France, Juin 2019
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